ANASTHASIE IDOHOU ABUL ADAMON

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Anasthasie Idohou ABUL ADAMON, Première institutrice du Bénin, femme de caractère et chrétienne fervente.

INTRODUCTION

Il y a 47 ans, disparaissait une femme exceptionnelle, une icône de la charité, Anasthasie Idohou ABUL ADAMON. Grande passionnée de la petite enfance, elle a consacré sa vie à l’école maternelle et à l’éducation des enfants. Devenue institutrice au fil du temps, Anasthasie était une femme croyante et charitable.

Avant-gardiste, Anasthasie Idohou ABUL ADAMON fut l’une des premières femmes lettrées du Dahomey (actuel Bénin). Femme de principes et alliée des bonnes mœurs,  elle était connue pour son sens de générosité et son engagement envers les plus démunis. Appréciée de tous, Anasthasie stimulait la joie de vivre autour d’elle. 47 ans après sa mort, les porto-noviens gardent le souvenir d’une femme brillante et adorable. Qui était Anasthasie ABUL ? En quoi était-elle, une femme d’exception ? Portrait d’une amazone au cœur d’or.

ANASTHASIE IDOHOU ABUL ADAMON
Née en 1895 et est décédé en 1975
Originaire d’une ville de l’État d’Oyo au Nigeria
Nom du père: Joseph ABUL
Nom de la mère: Vovo OMYALE
Edgard ABUL (Frères) – Rosalie ABUL (Sœur)
Son époux: ADAMON LAMINOU
Mère de 03 merveilleux enfants

ORIGINES ET VIE PRIVEE

Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  est née en 1895 et est décédé en 1975.

Elle est originaire d’Oyo, une ville de l’État d’Oyo au Nigeria. Elle est la fille de  Joseph ABUL, son père et de Vovo OMYALE, sa mère.  Elle fait partie d’une fratrie de 3 enfants, Edgard ABUL – Rosalie ABUL et elle-même.

 Anasthasie Idohou ABUL  a été marié à ADAMON LAMINOU, Dernier chef de canton principal d’Adjohoun. Ils ont eu ensemble 03 merveilleux enfants.

  1. Honorine Fatima ADAMON, Epouse HOUNOU,
  2. Augustine Ananatou ADAMON, Epouse POGNON,
  3. Christophe Liamidi ADAMON,

PARCOURS SCOLAIRE ET CARRIERES PROFESSIONNELLES

Anasthasie Idohou ABUL ADAMON, est une institutrice qui a marqué le système éducatif au Bénin. Elle fut l’une des premières femmes africaine diplômée de l’époque coloniale et également l’une des premières femmes à exercer la profession enseignante. L’École Urbaine Centre de Porto-Novo, créée en 1902 et qui a vu défiler de grands cadres du Dahomey, sauvegarde les traces de son passage.

 Anasthasie doit son instruction à son père, Joseph ABUL, qui, à un moment de sa vie, a émis le vœu qu’un de ses enfants fréquente l’école française. C’est ainsi que son père, sa mère, Vóvò OMYALÉ, et toute sa famille, se déplacèrent pour s’implanter dans la capitale béninoise, Porto-Novo. Les récits oraux africains rapportent que sa mère, Vóvò OMYALÉ, fut une sœur utérine du Roi Toffa (né dans les années 1850 et mort en 1908), légendaire roi du royaume de Xógbonù.

Enseignante de carrière, esprit cartésien, sa voix imposante et sa rigueur la rendaient exceptionnelle à Oganla. 

À sa retraite, pendant que la scolarisation en Afrique faisait toujours ses premiers pas, elle ouvrit une école privée laïque de type maternelle. Les qualités que développent Anasthasie Idohou ABUL ADAMON font  rapidement monter son école parmi les premières écoles privées laïques de l’épisode colonial qui connurent un succès fulgurant.

ANASTHASIE IDOHOU ABUL ADAMON, UNE VIE DÉDIÉE À L’ÉCOLE MATERNELLE

Remarquable et gentille dame, Anasthasie dite IDOHOU ABUL ADAMON était une passionnée de la petite enfance. Longtemps restée à l’école urbaine centre où elle enseignait aux futurs esprits brillants du Bénin d’alors, elle continua son œuvre dans l’école privée laïque de type maternelle qu’elle fonda dans la maison ABUL sise à Porto-Novo, Oganla, en face du bar MAHI. Appelée « Iléwé Mama » par les Yoruba et « Maman Xwhé » par les Gouns, des sources situent sa création entre 1950 et 1955. Robe taillée sur mesure, ceinture serrée, Anasthasie Idohou ABUL ADAMON était toute aussi élégante que pédagogique. Sa réputation et celle de son école étaient applaudies de partout.

Par ailleurs, Anasthasie dite Idohou ABUL ADAMON parvenait à trouver le juste milieu entre sa vie professionnelle et sa vie privée. Mariée et mère de 03 enfants, elle a su mettre son expérience en éducation familiale et en tant que mère au service d’autres enfants par le biais de son école. Référence du XXe siècle à Porto-Novo, Iléwé Mama fut une grande réalisation dont elle pouvait s’en glorifier mais elle passait plutôt ses heures perdues à venir en aide aux personnes marginalisées.

 Elle faisait juste preuve d’humanité dans un monde jadis caractérisé par l’extrême brutalité de la colonisation.

ANASTHASIE IDOHOU ABUL ADAMON, CHARITABLE ET     DÉVOUÉE AUX PERSONNES MARGINALISÉES

Modèle d’altruisme, Anasthasie Idohou ABUL ADAMON est une femme particulièrement sensible à l’exclusion sociale. Bienveillante et généreuse, elle fit de la charité, un de ses principes de vie. Elle, qui fréquentait la Cathédrale Notre-Dame de Lourdes de Porto-Novo, n’est pas restée chrétienne qu’en apparence. Les actions de générosité qu’elle mène personnellement à l’endroit des plus démunis et de sa famille démontrent son ambition à construire un monde uni. Tenez, chaque dimanche, elle faisait venir à elle tous ses petits-enfants pour un moment de réjouissance. Ses petits-enfants adoraient cet instant de bonheur avec leur grand-mère. Ils se souviennent toujours des nombreux cadeaux qu’elle leur donnait à chaque visite.

Un jour, elle était dans l’incapacité de recevoir ses petits-enfants car elle n’avait un centime pour les faire déplacer. Soudain, un monsieur demande à voir Anasthasie et elle répondit « C’est bien moi, Anasthasie ». Le monsieur lui dit « Vous ne pouvez pas me reconnaître. Quand j’étais élève, on m’avait renvoyé pour une contribution de 700 FCFA et vous m’aviez vu triste. Je vous ai raconté ma mésaventure et vous aviez payé les 700 FCFA pour moi. C’est grâce à cela, j’ai pu finir mes études et je suis maintenant en Europe. Je vous ai cherché pendant longtemps. » Après ces mots du monsieur, il lui remit une enveloppe de 200.000fcfa. Immédiatement, elle envoya un taxi à ses petits-enfants dont un certain Patrick Armand POGNON qui avait moins de 2ans. Comme quoi, le bienfait n’est jamais perdu.

ENTRE LA LETTRÉE ET LA CROYANTE

Cette double face de femme instruite et croyante, au XXe siècle, mit Anasthasie dite IDOHOU ABUL ADAMON au rang des femmes respectées et influentes parce que faisant partie des élites scolarisées d’antan. Issue d’une grande famille fortement ancrée dans la religion catholique,  dite IDOHOU ABUL ADAMON reçut une éducation pieuse.

Rare femme intellectuelle dans la société traditionnelle africaine et en raison du fait qu’elle était mariée à l’illustre Laminou ADAMON (musulman polygame qui fut Chef de Canton à Adjohoun), Anasthasie suscitait le respect et l’admiration dans son entourage. Malgré l’influence et la notoriété de son époux, elle réussit à lui imposer que ses enfants seront catholiques. Ce qu’elle obtint de lui.

Femme charismatique et indépendante, elle a su inculquer les valeurs d’union et de cohésion à ses trois enfants (Honorine Fatima ADAMON, Augustine Ananatou ADAMON et Christophe Liamidi ADAMON).

D’une dignité louable, Anasthasie était une chrétienne catholique fervente qui avait le cœur sur la main.

Née dans une famille christianisée, elle a su trouver un pont entre les valeurs religieuses et les valeurs laïques. Femme intellectuelle dans une Afrique traditionnelle, elle n’a pas manqué de faire son devoir de femme au foyer, de mère et d’épouse. De nature solidaire, elle était d’une droiture irréprochable.

Arrière-arrière-grand-mère, arrière-grand-mère, grand-mère et mère, Anasthasie dite Idohou ABUL ADAMON  a laissé derrière elle, un héritage matériel et immatériel assez considérable.  

LA SAINTE ABUL ANASTHASIE IDOHOU

Pour devenir saint, dans l’église catholique, il faut remplir trois conditions

  1. Etre passé dans la pièce d’à côté, ce qu’on appelle couramment être mort
  2. Avoir mené une vie chrétienne exemplaire
  3. Avoir accompli au moins 2 miracles de son vivant ou après sa mort.

Il est aujourd’hui clair qu’Anasthasie  Idohou ABUL ADAMON  est réellement passé dans la pièce d’à côté il y a 47 ans. Il est tout aussi évident pour tout catholique de son époque, qu’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  était une catholique de cœur, d’esprit, de bonté, de vertu, d’exemplarité et de don de soi.

Il reste donc une seule condition à remplir pour être candidate à la sainteté. Celui de réaliser des miracles ou d’être un miracle.

Il est révélée par des centaines de personnes qu’après le décès d’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  et pendant près de 10ans  elle s’asseyait tous les soirs à 20h, au portail de sa deuxième fille et informait tout visiteur que sa fille fatiguée, se repose.

Pourquoi sa deuxième fille ? Sa première fille Honorine ADAMON, epse HOUNNOU était la préférée du mari d’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON, donc pas besoin d’être très protégé. Son benjamin, Christophe LIAMAIDI ADAMON  a été adopté très tôt par une espagnol, Mme NOGUES  qui l’emmena en côte d’ivoire. La deuxième fille d’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON, Augustine Ananatou ADAMON Epse POGNON était donc la seule proche d’elle et qui avait besoin de tous son amour ? D’où un lien particulier et fort entre les deux.

A partir de 22heures, après avoir retourné les gens pendant deux heures donc,  elle rentrait dans la maison avec ses amies, discutaient, préparaient à manger et mangeait avec elles.

Son petit-fils, le coach patrick Armand POGNON qui l’adorait ne résistait pas à l’envie de sortir dès qu’il entendait sa voix. Il fallait fermer les portes à clé pour l’empêcher de sortir.

Il arrivait au coach Patrick Armand POGNON de quitter l’école a mdii, d’aller rester sur le tombeau de sa grand-mère jusqu’à retourner à l’école l’après-midi. Après les passages nocturnes d’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  on pouvait voir tous les matins sur les tables, les plats qu’elles utilisaient.

Pendant des années, il suffisait de recouvrir une personne souffrante des pagnes d’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  pour que la personne recouvre immédiatement la santé.

Un jour, la petite fille d’Anasthasie  était malade, très malade. Le médecin annonçait déjà sa mort prochaine.  Tous les chefs Vodouns appelés à son chevet disait qu’il n’y avait plus rien à faire. Subitement, la petite fille malade dit avoir vu la grand-mère qui demanda de l’amener dans sa chambre. Chambre que la famille avait gardée intact depuis sa mort.  Les parents se hâtèrent de l’emmener dans la dite chambre. Elle dit voir sa grand-mère en train de se battre avec une dame. Après un long moment où elle décrivait la bagarre elle finit par affirmer que la bagarre est terminé et que la grand-mère lui a dit de rentrer que c’est fini !

A la surprise de tout le monde, elle était effectivement et automatiquement guérie. Au bout de quelques minutes, la petite fille rapporta qu’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON avait gagné la bataille et lui dit que s’en était finit de sa maladie.

 Anasthasie dite IDOHOU ABUL ADAMON, quand bien même morte, veillait toujours sur la quiétude de ses enfants.

Un jour, bien après sa mort, un des enfants de sa fille Augustine Ananatou Adamon POGNON et donc un de ses petits-enfants a elle n’arrêtait pas de pleurer alors qu’il n’y avait que la femme de ménage à la maison. C’est ainsi qu’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  vint, prit l’enfant et le  consola et une fois calmé elle demanda à la femme de ménage de dire à sa patronne que c’est son amie Anasthasie qui était venus calmer l’enfant.

Comme vous le constater la seule chose qui manque à Anathasie Idohou ABUL ADAMON  pour devenir une sainte de l’église catholique est ce qui n’est pas écrit. Etre européenne ou en tout cas, dans les bonnes grâces des européens mais comme Dieu n’est pas européen, on peut vous dire sans aucun risque de se tromper que pour Dieu, Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  était une sainte.

REFERENCES

35.htm

  • Firmin MEDENOUVO, « la famille traditionnelle », Histoire du Bénin moderne, Editions Le Perroquet, 2019, p. 194-196
  • Frederick Cooper, « la religion en une époque de progrès et de crise », l’Afrique depuis 1940 (traduit de l’anglais par Christian Jeanmougin), Petite Biblio Payot – Editions PAYOT & Rivages, Paris, 2008, p. 238-243
  • Anne Stamm, « Religion », l’Afrique de la colonisation à l’indépendance, Editions PUF, Septembre 2005, p. 96-99
  • Catherine Coquery-Vidrovitch, « les femmes, avenir de l’Afrique », Petite Histoire de l’Afrique : l’Afrique du Sud du Sahara de la préhistoire à nos jours, Edition La Découverte (revue et augmentée), Paris, 2011, p. 206-208
  • Catherine Coquery-Vidrovitch, « le rôle essentiel des femmes », Petite Histoire de l’Afrique : l’Afrique du Sud du Sahara de la préhistoire à nos jours, Edition La Découverte (revue et augmentée), Paris, 2016, p. 79-84
  • Comité Scientifique International pour la rédaction d’une histoire générale de l’Afrique (UNESCO), « Religion et évolution sociale », VIII. L’Afrique depuis de 1935, A. A. MAZRUI (Dir.) – C. WONDJI (co-dir.), Présence Africaine / Edicef /

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  • Comité Scientifique International pour la rédaction d’une histoire générale de l’Afrique (UNESCO), « Education et changement social », VIII. L’Afrique depuis de 1935, A. A. MAZRUI (Dir.) – C. WONDJI (co-dir.), Présence Africaine / Edicef / UNESCO, Edition abrégée, 1998, p. 433-448
  • IPAM, « l’histoire de l’école africaine », Guide pratique du maître, EDICEF, 1993, p. 25-40
  • IPAM, « l’éducation préscolaire en Afrique : les origines et l’évolution », Enseigner à l’école maternelle, EDICEF-CLE, 1999, p. 39

REMERCIEMENTS

Ce travail n’aurait pas été possible sans la contribution exceptionnelle de Mme HOUNNOU Gisèle épouse TOUTCHE, première petite fille de Anasthasie Idohou ABUL ADAMON, Une femme formidable qui est à ce jour le trait d’union entre la descendance d’Anasthasie Idohou ABUL ADAMON  et la famille ABUL. Que Dieu lui donne de précieuses et longues années pour continuer à nous servir des mémoires familiales.