Par Père Mathias DABOU
Thèse soutenue le 19 Mai 2024 avec la note de 18/20 et une mention
Très honorable avec les félicitations du Jury
PRESENTATION DE L’AUTEUR
Mathias Dabou naquit le 02 janvier 1980 à Madoulo, dans la commune rurale de Mafouné au Mali. Il fit ses études primaires successivement à Lohan et à Mandiakuy au Mali, puis au Togo ; ses études secondaires se déroulèrent à Sévaré et à Koulikoro.
Après l’obtention du Baccalauréat en 2001 dans la série Sciences Biologiques, et pendant qu’il était déjà orienté vers l’école de médecine de son pays, il entra au grand séminaire Saint Augustin de Samaya à Bamako au Mali pour le cycle de formation des aspirants à la prêtrise dans l’église catholique. Après sa formation en philosophie et en théologie, il fut ordonné diacre, puis prêtre le 07 décembre 2008.
En juillet 2013, il fut envoyé à Rome en Italie pour une formation de spécialisation. Ainsi, en juin 2016, il obtint la Maîtrise en Théologie Morale, un diplôme de perfectionnement en Bioéthique de même qu’un diplôme de spécialisation en Différences Sexuelles et Théorie du Genre.
En janvier 2018, il fut de nouveau envoyé à Rome pour compléter ses études. Ainsi, le 22 avril 2022, il présenta sa thèse de doctorat en Bioéthique et devint Docteur en Bioéthique. Dans la même période, il suivit d’autres formations et obtint de nombreux diplômes au nombre desquels figurent : le Master Exécutif en Gestion des Ressources Humaines, le Master Double en Management des Centres Hospitaliers, Cliniques, Instituts et en Communication en Milieu Sanitaire, le Master en Coaching Professionnel, version européenne. C’est à la fin de ce dernier Master, ayant constaté qu’aucune mention de Dieu n’y avait été faite, qu’il fit des recherches et découvrit le Coaching Intégral à travers une émission du Professeur Émérite et Coach Patrick Armand POGNON sur YouTube, en 2021. Aujourd’hui, il est lui- même un Doctorant en Coaching Intégral.
PRESENTATION DU DIRECTEUR DE THESE
Homme de vision et leader charismatique, Coach Patrick Armand POGNON, né le 17 mai 1972 à Porto-Novo, capitale politique du Bénin, est Professeur Émérite en Coaching Intégral, Président Recteur de l’Université du Coaching Intégral, Président du Forum International des Ambassadeurs du Développement (FIAD-Monde), Président de l’Ordre des Coachs en Développement Intégral, CEO de l’ATQM SA, CEO des projets Wikiréussites et Coaching TV, Leader du Think Thank Afriques Stratégies.
Plus connu sous le nom de « Coach POGNON », il est issu d’une lignée de grands. Ses grands-parents sont : ADAMON Laminou, dernier Chef Canton Principal d’Adjohoun et Président des Chefs Cantons du Bénin, Comlan KATON POGNON, Chef Canton de la région lagunaire de Ouidah, Anastasie IDOHOU ABUL, première Institutrice du Bénin.
Patrick Armand POGNON est également le fils de Bernard Comlan POGNON, premier arbitre et premier reporter sportif du Bénin, et d’Augustine Ananatou ADAMON, dactylographe.
Arrière-petit-fils d’AGONVESSOU TOSSAVI POGNON Joseph, patriarche originaire de Djègbadji, Patrick Armand POGNON est aussi originaire du village de Djègbadji dans la commune de Ouidah au Bénin. Il a aussi des origines nigérianes liées à sa famille maternelle.
Patrick Armand POGNON est le prototype réel d’un intellectuel équilibré. De fait, il a eu l’opportunité d’aller, non seulement à l’école de Jules Ferry, mais aussi à l’école de la vie et à bien d’autres écoles encore qui ont forgé sa personne.
Patrick Armand POGNON est détenteur du Certificat d’Études Primaires (CEP) obtenu à l’école primaire de Ouenlinda à Porto-Novo au Bénin, du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) obtenu au CEG AKPAKPA Centre de Cotonou au Bénin, du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Aide-Comptable obtenu au Collège de l’Amitié de Cotonou, du Baccalauréat de la série G2
obtenu au Collège de l’Horizon de Porto-Novo, du Diplôme de Technicien en Marketing et Action Commerciale obtenu au CEPC-Cotonou, du Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées en Gestion et en Intrapreneuriat de la World University of Intrapreneurship de Rochester aux Etats-Unis, du Certificat d’Expert en Logiciel de Gestion CIEL (Groupe PBG – Partisans de Bonne Gestion, 2005), du Doctorat en Coaching Intégral de l’Université du Coaching Intégral.
En 2020, il accède au grade de Professeur Émérite en Coaching Intégral. Comme dit plus haut, la formation de Patrick Armand POGNON ne saurait être réduite à des diplômes obtenus dans le système classique.
Très tôt, Patrick Armand POGNON eut la chance d’être initié au scoutisme. À l’âge de quinze (15) ans, il devint Chef Scout et avait en charge l’organisation et la gestion de camps scouts. À l’âge de vingt (20) ans, il fut capable d’organiser et de conduire l’excursion d’une cinquantaine d’enfants de Porto- Novo au Bénin jusqu’à Accra au Ghana.
Patrick Armand POGNON est aussi un produit de la Jeune Chambre Internationale (JCI). Il a fait organiser à Porto-Novo plus d’une vingtaine de sessions de formation, a participé, au plan national, régional et international, à près d’une douzaine de rencontres de haut niveau de la JCI.
Son parcours professionnel est également aussi dense que son parcours éducatif. Dès la classe de Première, Patrick Armand POGNON cumulait déjà l’emploi et les études en étant le Directeur Commercial de Eldorado Beach Club de Cotonou. Toujours en combinaison avec ses études, cette fois-ci à l’ISFOP de Cotonou, il avait en charge la gestion du prêt-à-porter Océane Couture.
Après un stage professionnel de trois (03) mois à la Polyclinique Atinkanmey, il en devint le Directeur Administratif et Financier (DAF) à seulement 24 ans. En 2001, après son DESS en Gestion et en Intrapreneuriat, il créa, à Porto- Novo au Bénin, l’Initiative pour la Promotion de l’Enseignement du Développement (IPED AGONVESSOU) qui récupérait les élèves exclus du
système éducatif national, les recyclait et les faisait retourner dans le même système éducatif. Des centaines d’élèves jadis exclus profitèrent de ce programme pour obtenir plusieurs diplômes et se lancer dans la vie active.
Pendant environ un an, Patrick Armand POGNON fut ensuite Responsable Administratif et Commercial de la structure PBG de Bamako au Mali, une structure spécialisée dans les logiciels de gestion CIEL. Ce fut sa dernière expérience en tant qu’employé. Après cela, il se lança dans l’entrepreneuriat et mit en place le projet Défi Emploi Jeunes qui devint plus tard ACP MasterShip, un cabinet de formation, de recrutement et de placement vers fin 2005.
Il se consacra, par la suite, à la création et à la gestion de l’Université du Coaching Intégral (UCI), ainsi qu’à la formation des coachs, des leaders et des entrepreneurs. En 2019, il conçut les référentiels d’Efficacité, de Qualité et de Rentabilité (EQR) et créa, par la même occasion, l’African Total Quality Management SA (ATQM SA), une entreprise en charge de la vulgarisation du concept et dont il est le Président Directeur Général.
Patrick Armand POGNON est aussi le concepteur de la plateforme Wiki Réussites, le promoteur de la chaîne numérique Coaching TV ainsi que des émissions : ‘’Tonus matinal,’’ ‘’L’éclairage du Coach’’’ et ‘’À l’ombre du Coaching’’ dont il est l’animateur principal.
Patrick Armand POGNON a aussi un parcours dans la vie associative. Il a créé et dirigé plus d’une association. Il est le Président-Fondateur de la première JCI de Porto-Novo ; il a également été le Président, et pas des moindres, de la Communauté des Hommes d’Affaires du Plein Evangile du Mali (Full Gospel Mali).
Patrick Armand POGNON est aussi le Fondateur et le Président de l’association FIAD-Monde enregistrée au Bénin sous le numéro 2020/n°210/MISP/DC/SGM/DAIC/SAAP-Assoc/SA. L’association FIAD-Monde
est aussi enregistrée en France, aux USA, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Togo, au Burkina Faso, et dans de nombreux autres pays également.
Depuis 1995, année de création de ladite association, et jusqu’à ce jour, Patrick Armand POGNON est régulièrement et à l’unanimité reconduit à la tête de l’association FIAD-Monde qui, après refondation, compte aujourd’hui 1167 membres et est représentée dans environ trente (30) pays.
En ce qui concerne son domaine de prédilection, le coaching, Patrick Armand POGNON est le concepteur du Coaching Africain devenu Coaching Intégral et qui aborde les neuf (09) domaines de la vie de tout être humain à savoir : le développement personnel, l’argent, la santé, le bonheur conjugal, la relation parents-enfants, la stratégie, le leadership, l’emploi, l’entrepreneuriat. Il a, à ce jour, formé près de 8.000 coachs certifiés par l’Université du Coaching Intégral au travers du monde entier et continue encore d’en former.
Il a travaillé à rendre le Coaching Intégral scientifique. Aujourd’hui, grâce à lui, les neuf (09) domaines du Coaching Intégral ont leurs postulats de base respectifs. En outre, de solides curricula de formation sont établis pour les différents niveaux de certification et de grade à obtenir et l’Université du Coaching Intégral dispose d’un Comité Scientifique en bonne et due forme, ainsi que d’un magazine du coaching.
Patrick Armand POGNON est aussi le Président de l’Ordre des Coachs en Développement Intégral (OCDI) enregistré au Bénin sous le numéro 2020/N’’0163/MISP/DCSGM/DAIC/SC/SA et qu’il a créé pour encadrer les coachs formés et leur donner une légitimité professionnelle.
La capacité de Patrick Armand POGNON à mettre de côté ses émotions et à se baser sur les faits pour analyser de façon totalement impartiale, sa capacité à rechercher l’information, à la traiter, la stocker puis à l’utiliser au moment opportun font de lui l’un des plus grands stratèges de l’humanité.
Patrick Armand POGNON est encore un écrivain hors pair dont les œuvres sont pratiques, concises et utiles à la transformation positive de l’Homme. Il
est l’auteur d’environ trois cent cinquante (350) chroniques, d’une trentaine de livres portant généralement sur les domaines du Coaching Intégral, sur la communication et parfois sur les quatre (04) piliers des référentiels d’Efficacité, de Qualité et de Rentabilité.
DEDICACE
À
Mon cher Père, Feu Jean-Baptiste DABOU et à ma très chère Mère, Hannu Angéline DIARRA : recevez ici l’expression de toute ma gratitude !
REMERCIEMENTS
Je voudrais dire sincèrement « Merci » au Coach Patrick Armand POGNON et à toute son équipe pour tout le travail abattu pour permettre à l’humanité de connaître et d’avoir accès au Coaching Intégral. Sans ce coaching, j’aurais aggravé des désordres dans ma vie. Merci de m’avoir accueilli pour suivre les différentes formations, pour faire partie de l’Ordre des Coachs en Développement Intégral (OCDI) et du Forum International des Ambassadeurs du Développement (FIAD-Monde). Merci encore d’avoir accepté de suivre ce présent travail. Puisse Dieu continuer à vous donner les rhéma pour la joie, la paix et le bonheur d’une multitude.
Merci à Feu Monseigneur Jean Gabriel DIARRA de m’avoir envoyé en mission d’études, chemin sur lequel j’ai découvert le Coaching Intégral. Puisse Dieu vous accorder un repos tranquille et paisible dans sa demeure. Merci également à son successeur, Monseigneur Hassa Florent KONÉ, merci aux confrères et amis avec qui nous continuons le ministère et qui ont toujours été des frères pour moi.
Merci aux parents, amis, frères et sœurs de l’église pour leur présence, assistance et soutien multiformes. Je décrète la paix, la joie et l’abondance dans la vie de chacun.
Merci au diocèse de Frascati, particulièrement à la paroisse Saint André, et au collège Saint Pierre qui m’avaient accueilli durant mes études à Rome.
Merci à tous les coachs et Ambassadeurs du Développement pour vos vibrations positives qui me couvrent tous les jours.
RÉSUMÉ
Cette thèse, objet de ce résumé, a pour thème : « Le chrétien, la connaissance et la réussite de vie ». Ce thème nous a été suggéré à la suite de l’analyse du niveau de réussite de vie des personnes ayant une attestation ou un diplôme scolaire et des personnes n’ayant aucune attestation ni aucun diplôme de l’école conventionnelle, en partant des Bwa du Mali, notamment des chrétiens catholiques Bwa.
Nous avons donc cherché à étudier l’impact de la connaissance sur la réussite de vie chez les Bwa du Mali, dans la vision chrétienne et dans la vision du Coaching Intégral, en vue d’aider toute personne qui le désire à exercer son libre arbitre.
Notre recherche a été à la fois hypothético-déductive et illustrative, d’abord parce que toutes nos recherches se sont fondées sur des hypothèses de recherche que nous avions définies au départ ; ensuite, nous avons apporté certains faits observés et marquants à visée informative, pour expliquer, éclairer et appuyer notre point de vue sur notre sujet ; enfin, la confirmation ou l’infirmation est venue par la suite et nous l’avons obtenue par l’expérimentation.
La première partie de cette thèse nous a permis de faire la synthèse des connaissances antérieures sur la notion de connaissance en général, puis sur la notion de connaissance chez les Bwas du Mali en particulier et dans la vision chrétienne.
Il s’agissait tout d’abord, dans le chapitre 1 de cette première partie, de donner une définition au mot connaissance. À partir de cette définition, l’objet de la connaissance a été identifié : la conscience et la compréhension qui sont des propriétés du sujet de la connaissance ; le contenu de la connaissance : des
vérités, des faits, des informations et les modes d’acquisition de la connaissance que sont l’expérience, l’apprentissage et l’introspection.
Ensuite, des types de connaissances, deux ont été retenus : les connaissances explicites et les connaissances implicites. Du processus d’acquisition de ces connaissances, elles sont stockées dans les différents types de mémoires, à travers le mécanisme des connexions neuronales, au procédé de trois éléments du mode d’acquisition des connaissances. Les informations enregistrées peuvent faciliter le travail d’interprétation des nouvelles informations, des évènements et situations par le cerveau. Ce qui constitue des avantages et inconvénients pour la personne en fonction des objectifs qu’elle veut atteindre dans sa vie. Ainsi, ce chapitre a rendu plus malléable la notion de connaissance à la suite du travail.
Le chapitre 2 de la première partie a permis de comprendre que la connaissance chez les Bwa du Mali concerne le savoir-être et le savoir-faire. Sa finalité est de permettre à l’Homme bwa de réussir son « être-pour-nous » qui est l’état d’une vie tranquille et paisible avec les parents passés dans la pièce d’à côté et qui résident désormais dans le monde des humains invisibles. C’est le sommet de toute vie réussie. Pouvoir vivre avec ces parents morts est la conséquence d’une vie bien vécue avec les autres dans le monde des humains visibles, c’est « l’être-avec-autrui ». Or, pour réussir cette étape, il faut la connaissance.
Les sources principales de cette connaissance retenues sont : Dieu, les ancêtres et les aînés. Les processus pour y avoir accès sont : l’éducation, les camps d’initiation et les formations spécialisées. L’ensemble des connaissances sont catégorisées en connaissances de base, différenciées et spécifiques.
L’acquisition des connaissances confère pouvoir, force et constitue un gage de réussite de vie pour la personne. Par conséquent, une personne qui manque la connaissance devient dangereuse pour elle-même, pour les autres et pour la société. Il convient de préciser que les bwa font la différence entre
connaissances du monde et vraies connaissances. La différence se trouve au niveau de la finalité/utilité. Les secondes ont un impact direct sur le savoir- être de la personne, tandis que les premières pas forcément.
Les facteurs de cause du manque de la connaissance aujourd’hui chez certains bwa sont d’ordre socio-culturel, socio-environnemental et individuel.
Le chapitre 3 de la première partie a permis de comprendre que le mot connaissance renferme plusieurs significations, selon le contexte d’utilisation dans la Bible : savoir, comprendre, compréhension, prendre connaissance, avoir connaissance, faire l’expérience, venir à la connaissance, voir, visiter, etc. Deux sources fondamentales de la connaissance sont présentées, à savoir Dieu et Jésus Christ. Pour avoir accès à ces sources, trois moyens sont identifiés : la crainte de l’Eternel, l’écoute et l’engagement. L’obéissance à ces moyens conduit à des avantages, qui sont la joie, la paix, la longévité, la fécondité, le succès et la prospérité financière. En revanche, leur désobéissance est source de certaines conséquences telles que la souffrance et la mort, le manque de sagesse, la crainte et la peur, la perte de temps.
Ainsi, dans la vision chrétienne, la connaissance permet à l’Homme de découvrir qui il est réellement puis d’assumer sa vocation d’Homme ainsi que sa mission de chrétien.
La seconde partie de l’étude a permis d’approfondir le lien entre la connaissance et la réussite de vie dans la vision des Bwas du mali, dans la vision chrétienne et dans la vision du coaching intégral.
Cette partie a permis de comprendre que la réussite de vie chez les bwa du Mali, consiste à ne pas perdre la vie reçue de Dieu et des ancêtres, c’est-à- dire, à pouvoir vivre avec les parents qui sont morts et qui résident dans le monde des humains invisibles. Cette vie est une conséquence d’une vie
terrestre bien vécue avec les autres. Pour réussir cette vie avec les autres, il faut des connaissances qui constituent le moyen indispensable.
Dans la vision chrétienne, la réussite de vie a une dimension terrestre et une dimension transcendantale. Celle transcendantale est un état de vie paisible, de joie et de bonheur sans fin avec Dieu. Cette dimension est une conséquence de celle terrestre. Il s’agit de là où l’homme doit réussir sa vocation d’homme et sa mission de chrétien. Les connaissances permettent à l’homme de découvrir qui il est réellement, et d’assurer cette vocation d’homme et cette mission de chrétien.
Dans la vision du coaching intégral, la réussite de vie constitue un équilibre dans les 9 domaines de la vie de l’homme identifiés par le coaching intégral. Pour y arriver, il faut obligatoirement la connaissance, ingrédients, c’est-à- dire un savoir utile dans chaque domaine.
Donc, dans les trois cas, un lien est établi entre connaissance et réussite de vie. Cependant tous les bwa et les chrétiens, bwa surtout n’ont pas atteint une réussite de vie telle décrite. Certains facteurs de cause ont fait l’objet d’analyse à cet effet dans cette partie.
Le premier chapitre de cette partie 2 a permis de comprendre que, chez les bwa du Mali, l’enfant est un don divin, de Dieu et des ancêtres. Il quitte une existence générale pour être connu des humains dans le monde visible, c’est son « être-ici ». Pour vivre l’enfant passe de son « être-ici », connu à son « être-avec-les autres », et, enfin de son « être-pour-nous ». C’est ce qui englobe l’existence de l’homme bo.
Le dernier niveau est le sommet de toute vie réussie, c’est le passage pour vivre avec les parents qui sont morts dans le monde invisible. Mais seulement, ce dernier niveau est la conséquence du second : « l’être-avec-autres ». Pour réussir ce niveau, chacun a besoin des connaissances sur lui-même, sur l’univers, sur les croyances, sur les us et coutumes, sur les techniques de travail, sur son statut et rôle au sein de la communauté, etc. La mise en
pratique de ces connaissances lui ouvre la voie au dernier passage « l’être- pour-nous », donc, à une vie réussie.
La réussite de vie telle que conçue, ici met plus l’accent sur le fait de ne pas perdre la vie reçue de Dieu et des ancêtres, que sur le bonheur individuel et la réussite dans les différents domaines de la vie, car la vie est considérée comme le plus grand bien de toute personne. Ce qui fait qu’une personne peut réussir cette vie sans réussir les différents domaines de la vie et être appréciée par les bwa.
Les initiations étant le chemin incontournable pour avoir les connaissances nécessaires à la réussite de vie, par conséquent, ceux qui n’effectuent pas ce passage n’atteindraient pas la réussite de vie. En revanche, tous les bwa ayant passé par ces initiations atteignent la réussite de vie, ce qui se révèle faux. Et surtout dans la première partie de cette réflexion, l’étude a montré que ces initiations ont presque disparu dans plusieurs communautés bwa.
Il est intéressant de noter que ce chapitre a révélé des aspects majeurs dans la culture bwa et qui constitueraient un blocage par rapport à l’acquisition des connaissances pour réussir dans la vie.
Le chapitre 2 nous a permis, d’identifier certains aspects qui sont liés à l’identité du chrétien. En effet, par le baptême, le chrétien est né de nouveau à la vie de Dieu en Jésus Christ. C’est ce qui constitue sa nouvelle identité. Vivre les implications qui sont liées à cette nouvelle identité constitue, pour le chrétien, une réussite de vie. À cet effet, quelques modèles et domaines de succès et de réussite de vie dans la Bible sont présentés, pour permettre au chrétien de percevoir quelques fondements bibliques de son succès et de sa réussite de vie.
Ensuite, quelques facteurs de causes de la non-réussite de vie, pour le chrétien d’aujourd’hui, sont identifiés, pour attirer son attention par rapport à la réussite de vie qu’exige sa nouvelle identité. À ce niveau, un lien est établi entre connaissance et réussite de vie, pour permettre au chrétien de
percevoir sa responsabilité par rapport à la formation pour le succès et une vie réussie. En effet, dans la vision chrétienne, la connaissance permet à l’homme de découvrir, qui il est réellement, et d’assurer sa vocation d’homme et sa mission de chrétien.
Enfin, quant à la question de savoir si tous les chrétiens, bwa du Mali surtout, ont atteint une réussite de vie telle présentée, la réponse n’est pas affirmative, malgré les dispositions prises par l’Eglise catholique pour permettre à ses adeptes d’acquérir la connaissance. Les détails et l’analyse des causes profondes sont abordés dans le prochain chapitre.
Le chapitre 3 a permis de comprendre que la connaissance est surtout conçue dans la vision du coaching intégral, dans son aspect d’utilité, c’est-à- dire, qui permet à une personne d’avoir de l’équilibre dans les domaines de sa vie, donc de réussir sa vie. Le coaching intégral a identifié 9 domaines. Ceux- ci constituent les domaines d’acquisition de la connaissance pour façonner une manière d’être et d’agir, indispensable pour avoir de l’équilibre dans la vie. D’où le lien nécessaire entre connaissance et réussite de vie.
Quelques facteurs de causes de la non-réussite de vie sont identifiés : l’ignorance, des perturbations et des engrammes. Le processus d’acquisition de la connaissance retenu pour contourner ces facteurs de causes sont : le non-savoir, la formation et la programmation.
Ainsi, ce chapitre a permis d’approfondir les facteurs de cause de la non- réussite de vie pour les bwa du Mali, pour les chrétiens bwa surtout et pour toute personne qui désire atteindre une réussite de vie, en termes de connaissance et de réussite de vie.
Au terme de notre travail, nous pouvons conclure que la connaissance est nécessaire pour réussir dans la vie et qu’il faut des connaissances appropriées pour réussir chaque domaine de la vie. Le contenu de cette thèse aidera des Bwas du Mali, en l’occurrence des Bwas chrétiens ainsi que toute
personne qui le désire à chercher la vraie réussite de vie et à exercer son libre arbitre par rapport aux savoirs utiles pour réussir tous les domaines de la vie.
Mots ou expressions clés : chrétien, connaissance, réussite de vie.
INTRODUCTION
De plus en plus, la connaissance se diversifie en connaissances multiples. Certaines sont formalisées et codifiées tandis que d’autres non. Leur nature et leur variété sont étudiées par une diversité de disciplines. Leur mode d’acquisition et leur impact sur la vie des humains et de tout l’univers font l’objet de plusieurs recherches, études et analyses. Plusieurs structures et moyens sont mis en place, au niveau international, national et local, à cet effet.
Les acteurs de construction de ces connaissances se sont multipliés et ont établi certains principes, par catégorie et par domaine, pour orienter leurs activités de recherche. Ils ont aussi créé des espaces de collaboration pour partager leurs différents savoirs en vue de mieux coordonner leurs efforts et converger leurs énergies pour l’intérêt général des peuples et de toute l’humanité.
Aujourd’hui, la connaissance se décline en sciences, en éducation, en savoirs, en renseignements, en informations, en données, etc. Elle constitue désormais l’enjeu des choix des politiques publiques, économiques et socio- culturelles des nations et des relations internationales. Ce faisant, les états financent la construction de la connaissance et contrôlent sa diffusion en délimitant parfois les concours et les limites.
Au niveau des entreprises, la connaissance occupe une place centrale pour la production, la transformation et la commercialisation ; elle représente donc un enjeu majeur pour la vie des entreprises. Elle devient un facteur de compétition et de concurrence. À ce niveau, il est parfois question de secret industriel ou commercial.
Au niveau technologique, la connaissance revêt parfois une propriété privée, car, depuis les années 1980, aux États-Unis, les dispositions légales ont autorisé le dépôt des brevets qui consiste à la protection d’une innovation technique. Il y a aujourd’hui des institutions de protection des connaissances comme propriété intellectuelle, car la construction de la connaissance
requiert un investissement humain et matériel. À ce niveau, il y a le droit d’auteur, comme l’ensemble des droits dont dispose un auteur sur l’utilisation ou la réutilisation de ses œuvres.
La connaissance entre dans la catégorie de bien public mondial (BPM) du programme des nations unies pour le développement (PNUD), depuis la fin du 20ème siècle, avec la parution de l’ouvrage Globla Public – International Cooperation in the 21 st century, publié en 1999 par le PNUD. La connaissance prise dans cette optique constitue un bien dont l’usage ne se limite pas à une nation, à une région, à une population ou un groupe de personnes quelconque. A ce niveau on serait en droit de se demander si la connaissance circule librement sur toute la planète pour l’intérêt général. Mais, tel n’est pas l’objet de la présente étude.
Si la connaissance a autant d’enjeux pour des nations, des entreprises, des mouvements, des associations et groupes de personnes, on serait en droit de se demander jusqu’où elle participe à réaliser le bien de chaque individu et de tous les humains.
En plus de l’aspect financier lié à la construction de la connaissance, elle se cherche, se trouve, se construit, s’enseigne et s’acquiert. Elle a une dimension collective et individuelle. La première se réfère à son aspect global
: nature, variétés, source, processus d’acquisition, moyens, avantages et conséquences. Quant à la dimension individuelle, elle se réfère à l’être humain, sa responsabilité et sa situation vis-à-vis de la connaissance, en fonction du sens qu’il a pour son existence. Cela signifie qu’il y a une interaction entre individu et connaissance. Si tel est le cas, on serait en droit de se demander si la connaissance ne constitue pas un facteur de succès et de réussite de vie pour chaque individu ? Peut-on alors conclure que ceux ou celles qui détiennent une attestation ou un diplôme de l’école conventionnelle ont déjà atteint ce niveau ? Et par conséquent, ceux et celles qui n’ont aucune attestation ou aucun diplôme de l’école conventionnelle seraient voué à l’échec en termes de succès et réussite de vie ? Et pourtant si nous observons bien, il y a des personnes qui n’ont jamais fait même une journée sur les bancs de cette école conventionnelle et ont, cependant, atteint un succès
remarquable et ont réussi leur vie. Par contre, il y a aussi des personnes qui ont aligné tous les grades académiques et qui ne démontrent pas de succès dans leur vie, ni une réussite de vie. Alors de quelle connaissance s’agit-il et pour quelle réussite de vie ?
Au-delà des variétés des connaissances et des diverses théories et conceptions sur la réussite de vie, il est essentiel de s’interroger sur l’impact de la connaissance sur la réussite de vie, pour permettre à chaque personne, qui le désire, d’assurer son libre arbitre par rapport à la connaissance pour réussir tous les domaines de sa vie.
Dans les traditions des bwa du Mali, la connaissance constitue un facteur indispensable pour entreprendre le chemin de réalisation et d’accomplissement de soi, c’est-à-dire, pouvoir vivre avec les parents qui sont morts (à la fin du séjour terrestre), dans le monde invisible, état de toute vie réussie. C’est là tout le fondement et l’importance du processus initiatique dans les communautés bwa. S’il y a un tel lien entre connaissance et réussite de vie, on est en droit de se demander si tous les bwa du Mali qui détiennent la connaissance démontrent, dans leur vie, une réussite de vie. Et quelle serait exactement cette connaissance ?
Dans la parole de Dieu, connaître traduit plusieurs significations, en fonction du contexte : savoir, comprendre, compréhension, prendre connaissance, avoir connaissance, faire l’expérience, venir à la connaissance, voir, visiter, etc. Connaître, dans la parole de Dieu est d’abord utilisé dans un contexte de vie. Ainsi, en plus du savoir abstrait auquel il renvoie, il exprime une relation existentielle.
S’agissant du succès et de la réussite de vie dans la parole de Dieu, ils sont synonymes de longévité, de fécondité, de prospérité matérielle et financière
; d’une vie paisible, tranquille et un bonheur sans fin auprès de Dieu après la mort. Dans la tradition chrétienne (catholique) il y a un processus initiatique qui vise à donner des connaissances fondamentales au chrétien pour lui permettre, non seulement de comprendre l’essentiel du contenu de sa foi, mais aussi de réussir sa vie en tant que chrétien. Peut-on alors affirmer que
tous les chrétiens, particulièrement bwa devenus chrétiens, qui ont suivi ce processus initiatique démontrent une réussite de vie dans leur quotidien ? Si non, pourquoi alors certains le démontrent tandis que d’autres non ?
La présente thèse intitulée « Le chrétien, la connaissance et réussite de vie » aborde la problématique de la connaissance dans une perspective d’une réussite de vie. Son objectif vise à montrer l’impact de la connaissance sur une réussite de vie, et la nécessité des connaissances appropriées pour réussir chaque domaine de la vie.
Pour y parvenir, cette thèse se donne deux hypothèses qui sont :
Hypothèse nulle : la connaissance n’est pas nécessaire pour réussir dans la vie.
Hypothèse de recherche : aucune réussite de vie n’est possible sans les connaissances appropriées.
Pour répondre à la problématique, essayé de réfuter l’hypothèse nulle puis d’affirmer l’hypothèse de recherche, nous allons étudier dans un premier temps, la notion et la conception de connaissance, en général, chez les bwas du mali et dans la vision chrétienne. Nous allons ensuite questionner l’histoire sur les liens entre la connaissance et la réussite chez les bwas du mali, dans la vision chrétienne et dans la vision du coaching Intégral.
REVUE DE LITTÉRATURE
La revue de littérature consiste à présenter l’état de la connaissance à un moment donné. Il est nécessaire dans le cadre de notre travail, de situer l’objet de notre recherche dans une perspective de continuité et d’évolution.
Le sujet de notre thème de recherche est, « Le chrétien, la connaissance et la réussite de vie ». Pour nous et dans le cadre de notre travail, la connaissance est un ingrédient, un savoir utile. La réussite de vie, elle est un équilibre de vie, c’est-à-dire un équilibre dans les domaines de la vie de l’être humain. Il s’agit d’un processus dynamique et non un état ponctuel dans un seul domaine isolé. Concernant le chrétien, il s’agit d’abord, de tout baptisé de l’église catholique et de toute personne qui se réclame de Jésus Christ.
Les bwa sont un groupe ethnique installés à cheval entre le Mali et le Burkina Faso. Ils seraient pour un tiers au Mali et deux tiers au Burkina Faso, selon les travaux de Joseph Tanden DIARRA, dans sources non classiques : les bwa du Mali, paru en 2007. Mais notre étude porte sur ceux qui sont dans la partie malienne, au Sud-Est et au Nord-Ouest du Burkina Faso. On dit « bwa » au pluriel et « bo », au singulier. La langue parlée est le « boré » ou « bwamu », selon les différentes zones dialectiques. Les expressions « pays-bwa », « bwatun » sont habituellement utilisées pour désigner le territoire qu’ils habitent.
Le coaching dans l’entendement de son père concepteur, le coach Patrick Armand POGNON est un processus de transformation intérieur dont la finalité est d’accroitre sa santé, son bien être pour bien longtemps. Il est dit intégral, toujours dans l’entendement de son père concepteur lorsqu’il aborde les neufs domaines identifiés de la vie que sont le développement personnel, la santé, l’argent, le couple, l’éducation des enfants, l’emploi, le leadership, la stratégie et les affaires.
Le premier travail de recherche, objet de notre revue de littérature est de Jean Piaget, sur la connaissance. Il est de nationalité Suisse, né le 09 août 1896 à Neuchâtel et mort, le 09 septembre 1980 à Genève. Il est biologiste,
psychologue et épistémologue. Il est surtout connu pour ses travaux en psychologie de développement et en épistémologie, à travers ce que, lui- même, a appelé épistémologie génétique. Celle-là se veut une nouvelle discipline scientifique dont l’objet générale est la constitution des connaissances, et dont la méthode principale est l’étude de l’évolution de la connaissance chez l’enfant et dans l’histoire de la science.
Jean Piaget a été successivement professeur de psychologie, de sociologie, de philosophie des sciences, d’histoire de la pensée scientifique. Il a obtenu plus de 30 doctorats honoris causa, le prix Balzan pour les sciences sociales et politiques, et bien d’autres prix. Il a fondé le centre international d’épistémologie génétique, qu’il a lui-même dirigé jusqu’à sa mort. Il était conférencier, écrivain et auteur de plusieurs ouvrages et articles. Ses travaux ont été un grand apport à la vie intellectuelle au vingtième siècle dans les domaines de la biologie, de l’épistémologie, de la psychologie, de la logique, de la sociologie et de la philosophie. Ces travaux sont diffusés dans le monde entier et continuent d’inspirer beaucoup de personnes dans des domaines variés : psychologie, sociologie, l’éducation, l’épistémologie, l’économie et le droit, d’après les catalogues annuels des archives de la fondation Jean Piaget.
Ses travaux, « la connaissance selon Piaget », de l’épistémologie génique, sont présentés par la presse universitaire de Paris, sous la direction de Marie- Françoise Legendre, de l’année 2005. Cette présentation fait partie d’un document produit par la fondation Jean Piaget, dont l’élaboration n’est pas définitive, « L’épistémologie constructiviste de Jean Piaget : thèmes centraux et notions clés ». Le nom complet de cette fondation est : « Fondation Jean Piaget pour recherches psychologiques et épistémologiques
». Elle est créée par Jean Piaget luimême, pour favoriser l’essor de ces deux disciplines. Après sa mort, ses proches collaborateurs ont continué les activités de la fondation. C’est dans ce cadre que ce document est produit, pour faciliter la compréhension de l’œuvre de Piaget, particulièrement ses écrits épistémologiques.
C’est un document composé de six grandes parties : – la connaissance – l’épistémologie – le système des sciences – la logique et les mathématiques – la pensée physique – la pensée biologique. Comme décrit sur le site de la fondation, les deux premières parties abordent des questions générales d’épistémologie permettant de cerner la nature de l’épistémologie génétique et ce qui la distingue d’autres courants au regard desquels Piaget situe sa perspective constructiviste. Les autres abordent les principaux problèmes épistémologiques que rencontrent, selon Piaget, les grandes sciences que sont la logique, les mathématiques, la physique, la biologie, la psychologie et la sociologie. Elles font état des principales solutions que Piaget tente d’apporter à ces divers problèmes épistémologiques à partir de son épistémologie qu’il qualifie scientifique en raison des méthodes sur lesquelles elle prend appui.
La première partie de cet ouvrage, traitant de la connaissance, décrit la connaissance selon Piaget : leur origine, leurs types, leurs mécanismes, l’objet et le sujet de la connaissance. Dans cette partie, Piaget propose quelques éléments de réponses à certaines questions fondamentales, à savoir : qu’est-ce que la connaissance ? Quelle est la nature de ses objets ? De quelle manière évolue-t-elle ? Quels sont les rôles respectifs du sujet et de l’objet ? Quelle relation peut-on établir entre la psychogénèse et la sociogenèse de la connaissance ? Piaget a voulu répondre à la problématique fondamentale de la construction des connaissances, en remontant à leurs sources et les racines de leurs variétés dans leurs formes les plus élémentaires, et leur développement jusqu’à la pensée scientifique.
Pour répondre à la problématique posée, Piaget part sur l’étude de la logique de l’enfant en se basant sur la biologie et ses méthodes, et sur la psychologie, pour tenter d’établir une théorie de la connaissance basée sur ces deux disciplines. Après plusieurs années de recherches, il arrive à la conclusion que, les connaissances sont construites progressivement, à partir de l’interaction permanente du sujet et de son environnement/réalité, proposant ainsi une conception nouvelle par rapport à la théorie traditionnelle de la connaissance de l’époque : le constructivisme. C’est un courant de pensée
apparu au milieu du 20ème siècle, selon lequel la connaissance de la réalité est une construction qui résulte de l’interaction entre le sujet et la réalité et non une copie exacte de cette réalité. Piaget conclut ainsi, que l’intelligence n’est pas innée, qu’elle est construite et que l’homme est programmé pour construire la connaissance.
Ces travaux de Piaget sont d’un intérêt majeur, en ce sens qu’ils expliquent comment, selon lui, les connaissances sont construites de façon progressive et permanente. Aussi, ils mettent en évidence cette capacité pour toute personne, sauf en cas d’anomalie grave, à construire des connaissances et le rôle majeur du sujet dans la construction de ces connaissances. Ces travaux sont surtout indiqués dans le cadre de la pédagogie et pour toute personne qui veut avoir une vue d’ensemble sur une théorie de la connaissance.
Cependant, un lecteur non avisé perçoit un peu difficilement les mécanismes de construction cognitive ; les catégories intellectuelles par lesquelles l’esprit humain perçoit et conçoit son environnement et le constructivisme psychologique. Aussi, ces travaux n’établissent pas un lien direct avec le thème de la réussite de vie, problématique de la présente étude.
Le deuxième travail, objet de notre revue de littérature est celui de Raphaël et Blanche MFOUBOU sur, Mon peuple périt faute de connaissance. Nos investigations ne nous ont pas permis de fournir des informations détaillées sur ces deux auteurs. Seulement, nous savons que leur ouvrage, Mon peuple périt faute de connaissance, est le produit du ministère chrétien d’édification et d’accompagnement Osée 4,6. C’est un service qui produit des documents (disponibles en ligne) fondés sur la Bible sur la famille et le mariage, sur la foi et sur le développement, pour les aider les enfants de Dieu à demeurer et grandir en présence de Dieu.
Les auteurs de cet ouvrage partent sur le constat que, encore aujourd’hui des chrétiens sont dominés, souffrent et meurent prématurément, après plusieurs années de cette parole de Dieu proférée par la bouche du prophète Osée : Mon peuple périt faute de connaissance (4,6). Ainsi, ces deux auteurs abordent la problématique de la connaissance dans la vie du peuple de Dieu.
En effet, selon eux, cette parole de Dieu ne dit pas que le peuple de Dieu périt faute de prières, ni de jeune, ni de pauvreté, plutôt de connaissance. Dans cet ouvrage ces deux auteurs veulent donc attirer l’attention du peuple de Dieu sur l’importance, les sources et les moyens de la connaissance qui produit la vie.
En s’appuyant sur quelques passages des textes de la parole de Dieu, ces deux auteurs identifient, chez le peuple de Dieu, quelques facteurs de cause du manque de connaissance et les conséquences qui y sont liées ; présentent quelques avantages de la connaissance et les domaines de la connaissance. Ils arrivent à la conclusion que, la connaissance est un élément essentiel pour toute personne et tout peuple, pour connaitre la paix, la sécurité, la prospérité, le développement. Et pour le peuple de Dieu, sans la connaissance de leur Dieu et celle scientifique, technologique et culturelle, celui-ci souffre, est détruit et ne manifeste pas la gloire de Dieu qui dort en lui.
Ce travail est d’un intérêt majeur, en ce sens qu’il peut aider toute personne qui se réclame de Dieu à se questionner sérieusement sur la connaissance qu’il a de Dieu qu’il adore et sur la valeur qu’elle accorde à la connaissance en général. Aussi, de façon générale, ce travail montre l’importance de la connaissance pour les personnes et pour les peuples, en vue d’éviter certaines situations de souffrance dans leur vie. Cet ouvrage est surtout indiqué pour tout chrétien, en ce sens qu’il donne quelques outils pour se questionner sur sa vocation et mission de chrétien dans le monde, autrement dit, sur la finalité même de ses convictions religieuses en tant que chrétien.
Cependant, certaines des connaissances évoquées, des différents domaines, sont difficiles à mettre en pratique sans un accompagnement d’un sachant. Ce qui exige l’acquisition d’autres connaissances. Aussi, le langage utilisé apparait, quelque fois, trop religieux, donc un peu complexe à saisir et peut facilement décourager un lecteur qui ne partage pas cette foi chrétienne. Également, dans le cadre de notre présent travail, les conséquences liées au manque de connaissance et les avantages de la connaissance qui sont
présentés peuvent intégrer le processus de réussite de vie mais ne la définissent pas.
Le troisième travail, objet de notre revue de littérature est de Wallace D. Wattles, sur la science du succès. Wallace est né en 1860, de nationalité américaine. Il est mort, le 07 février 1911 à Floride. Il a connu assez d’échecs dans sa vie et passa beaucoup d’années dans la pauvreté.
Après plusieurs années de réflexion, d’études et d’application des principes de l’esprit, il a pu transformer sa vie et a connu la prospérité dans sa vie. Devenu spécialiste de la nature de la force de l’esprit, il a voulu aider d’autres personnes à améliorer leurs conditions de vie et à vivre une vie qu’elles désirent. D’où ses multiples conférences et écrits. Il est auteur de plusieurs articles et ouvrages. Ses travaux et sa vie continuent à inspirer assez de personnes dans le domaine de l’esprit.
Son ouvrage, la science du succès, est considéré comme un classique motivateur pour la science de l’esprit et vient comme complément d’un de ses ouvrages best-seller, la science de l’enrichissement, paru en 1910. Dans l’ouvrage, la science du succès, Wattles aborde la problématique du succès. Bien que relatif, chaque personne aspire au succès dans sa vie, mais comment faire ou comment y arriver ? Pourquoi certaines personnes démontrent un succès dans leur vie et d’autres non ?
Quel est leur secret ? Partant de ses études sur les principes de l’esprit, qu’il a lui-même appliqués dans sa propre vie avec des résultats satisfaisants, Wattles arrive à la conclusion que, toute personne peut atteindre le succès dont elle rêve, en appliquant les lois de l’esprit, entre autres, le contrôle de l’attitude et de la parole, la foi et le maintien d’une vision.
Les travaux de Wattles sont d’un intérêt majeur, car présenter le succès comme science signifie que, le succès est disponible pour toute personne qui entreprend le même chemin. Ces travaux sont, non seulement indiqués pour toute personne qui veut voir le succès dans sa vie, mais aussi pour toute personne habitée par certains préjugés et animée de convictions mystiques par rapport au succès.
Cependant, les lois de l’esprit tel que présentées pour atteindre le succès requiert un travail si complexe et persévérant, qu’il n’est pas facile de les appliquer tout seul sans un accompagnateur avisé. Par conséquent, il ne suffit pas de connaitre ces lois de l’esprit pour atteindre le succès dans sa vie. Aussi, le succès, tel présenté peut constituer une étape du processus de la réussite de vie, mais ne la définit pas dans le cadre de notre étude.
Le quatrième travail qui fait objet de notre revue littéraire est celui de François Garagnon, sur, Réussir dans la vie ou réussir sa vie. François Garagnon est né, le 16 août 1957 à Neuily-sur-Seine (France). Il a grandi dans un milieu catholique pratiquant. Il est diplômé de l’institut d’Études politiques de Grenoble. Passionné de lecture et d’écriture dès son jeune âge, il a voulu découvrir le vaste monde et la vérité intérieure. Il est animé d’une quête ardente spirituelle, d’une recherche des valeurs morales et du sens de la vie. Il est surtout connu grâce à son ouvrage, les Jades et les sacrés mystères de la vie, traduit dans plusieurs langues. Celui-ci est un conte philosophique dont les thèmes majeurs sont Dieu, le sens de la vie et la foi. Il est fondateur et directeur des Editions Montes et cristo, et initiateur des mouvements des Réenchanteurs associés. Il est écrivain, éditeur, auteur de plusieurs articles et ouvrages.
Son ouvrage, Réussir dans la vie ou réussir sa vie, est paru en octobre 2017. Garagnon observe comment, dans un contexte dominé par le matérialisme, tant de personnes consentent beaucoup de sacrifices pour répondre à l’aspect avoir, sans se demander si cela satisfait vraiment l’être de leur personne.
Ainsi, dans cet ouvrage, Garagnon aborde la problématique du sens de la vie, c’est-à-dire le sens à donner à son existence. Faut-il alors, selon lui, réussir dans la vie ou réussir sa vie ? Le premier se rapporte à un succès extérieur de la personne, surtout lié au matérialisme, tout comme avoir beaucoup d’argent, avoir le luxe (belle maison, belle voiture, etc.), faire une carrière professionnelle, etc. Ce sont des aspects qui, selon lui, nourrissent l’ego d’une personne. Tandis que le second, réussir sa vie, est tourné vers l’intérieur de la
personne, en vue de scruter la finalité ultime (sens) de l’existence, source d’épanouissement et de bonheur.
Dans une approche philosophique, il est arrivé à la conclusion que, l’avoir, c’est-à-dire le succès, n’est pas un signe évident d’une réussite de vie, conçue comme une satisfaction individuelle/mentale du sens donné à son existence
; et qu’une personne peut réussir sa vie, c’est-à-dire donner sens à sa vie, sans succès dans sa vie (sans l’avoir).
Cet ouvrage est d’un intérêt majeur, en ce sens qu’il fait la différence entre avoir du succès dans la vie et réussir sa vie. Il constitue un outil de réflexion sur ce qui est vraiment essentiel dans la vie d’une personne. Il est donc indiqué pour toute personne qui veut réfléchir sur le sens à donner à sa vie/existence.
Cependant, Garagnon met beaucoup plus l’accent sur la réussite de vie, pouvant entrainer à négliger le succès dans la vie, par conséquent cela peut provoquer un déséquilibre dans la vie d’une personne. Aussi, la réussite de vie telle que présentée parait assez subjectif et peut aboutir à un relativisme et un individualisme donnant lieu à une vie réduite à une pure satisfaction mentale. Enfin, dans le cadre de la présente étude, Garagnon n’établit pas un lien entre connaissance et réussite de vie.
MÉTHODOLOGIE ADOPTÉE
Cette thèse a pour but de mesurer l’impact de la connaissance sur la réussite de vie, en partant des traditions des bwa du Mali et de celle chrétienne, catholique surtout. La recherche est sans terrain, c’est-à-dire sans recherche spécifique de données dans de villages des bwa du Mali et de chrétiens à travers le monde. Si la recherche était avec terrain, cela nous obligerait, par exemple, à faire un échantillonnage de villages bwa ou de chrétiens avec un questionnaire défini à l’avance.
Nous nous sommes basés, comme prescrit l’université du coaching intégral, sur des informations existantes et documentées, et qui se rapportent à notre thème.
La recherche est mixte, c’est-à-dire, à la fois hypothétique-déductive et illustrative, d’abord, parce que toutes nos recherches se sont fondées sur des hypothèses de recherche que nous avions définies au départ ; ensuite, par le fait que nous avons apporté certains faits observés et marquants à visée informative, pour expliquer, pour éclairer et pour appuyer notre point de vue sur notre sujet ; enfin, la confirmation ou l’infirmation est venue par la suite et nous l’avons obtenu par l’expérimentation.
Notre recherche est longitudinale, en ce sens que nous avons analysé un certain nombre de données d’observations répétées sur une période continue plus ou moins longue : la connaissance et réussite de vie dans les traditions des bwa du Mali avant et maintenant ; dans la Parole de Dieu ; dans la tradition chrétienne ; dans la vie de certaines personnes ; et dans la vision du coaching intégral. Cette approche correspond au film de la problématique et non plus à une photographie ou à des photographies successives. Ce type d’investigation est encore appelé analyse diachronique.
L’analyse est qualitative, car, conformément à notre introduction et aux hypothèses de recherche, il s’agit de mesurer l’impact de la connaissance sur
la réussite de vie et non de mesurer la quantité des connaissances acquises par les personnes.
Pour la collecte des informations, nous nous sommes servis essentiellement des sources documentaires. Nous avons exploité des données existantes disponibles pour l’analyse, afin de confirmer ou d’infirmer un fait ou phénomène ou un processus, mais aussi de produire de nouvelles données pour permettre de voir le lien qui peut exister entre connaissance et réussite de vie, d’une part, et d’autre part, la nécessité des connaissances appropriées pour réussir chaque domaine de la vie.
Pour finir, notre recherche est descriptive et exploratoire. Descriptive, en ce sens qu’elle vise à informer, analyser et expliquer afin de rendre intelligible une question de recherche. Ce type d’investigation est très influencé par le chercheur lui-même qui expose son point de vue. Exploratoire, car, bien que la réalité de notre sujet ne soit pas nouvelle, mais compte tenu des recherches disponibles dans le domaine du développement personnel du coaching intégral, notre recherche se situe dans une logique à fournir les premiers éléments sur le présent sujet. Vu le caractère provisoire des résultats qui caractérise ce type d’investigation, il sera nécessaire d’effectuer d’autres expérimentations pour s’assurer de la valeur des formulations proposées.
CADRE THÉORIQUE
Le thème de notre travail est : « Le chrétien, la connaissance et réussite de vie ». Il est important d’expliquer le pourquoi de ce thème, pour mieux orienter tout lecteur et de préciser les contraintes et les limites qui s’imposent à nous dans l’analyse de ce thème.
En effet, je suis un prêtre de l’église catholique, faisant partie de l’ethnie des bwa, présente au Mali et au Burkina Faso. Avec les formations de Licence et de Master 1 et 2 en coaching intégral, ce verset de la Parole de Dieu, que je connaissais bien longtemps, est revenu plusieurs fois dans ma mémoire : « mon peuple périt faute de connaissances » (Osée 4,6). Dès lors, je n’ai cessé de me questionner, pour savoir si je ne péris pas et si je peux vraiment affirmer aujourd’hui que j’ai une vie réussie. Et pourtant, en termes de formation académique, j’ai effectué quinze années d’étude après le baccalauréat malien, avec même un doctorat Phd. Ai-je encore besoin de connaissance ? Et de quelle connaissance?
Chaque jour, à cause de mon ministère de prêtre, j’ai l’opportunité d’observer de prêt et de loin, la vie de certains chrétiens, c’est-à-dire, ceux qui se réclament de Jésus Christ. Parmi ces frères et sœurs chrétiens, certains possèdent de gros diplômes académiques. En dehors du cadre religieux, je rencontre aussi d’autres personnes qui ont effectué de grandes études dont certains ont obtenu de gros diplômes. Toutes ces personnes, ont-elles atteint la réussite dans leur vie, eu égard de ce qu’on peut observer dans leur vie et dans leur être ? Pour le cas particulier des chrétiens, spécifiquement des bwa du Mali, qu’est-ce que la tradition chrétienne leur a transmis sur la réussite de vie ? Quelle valeur a-t-elle accordé à la connaissance en lien avec la réussite de vie ? Et de quelle connaissance s’agit-il ? Y a-t-il des aspects dans la culture des bwa du Mali qui constituent un blocage pour les bwa devenus chrétiens, par rapport à la connaissance et à la réussite de vie ?
D’un côté, certains frères et sœurs chrétiens et bien d’autres personnes n’ont aucun diplôme académique, d’autres n’ont jamais même mis pied dans une école conventionnelle, et pourtant ils démontrent un succès et de réussite
dans leur vie. Quelle connaissance détiennent-ils ? Ou du moins, quel serait leur secret ?
C’est tout cela qui a amené ce présent thème : « Le chrétien, la connaissance et réussite de vie ».
La tendance générale, avouée et parfois non dite, c’est de dire ou de croire qu’on n’a plus besoin de connaissance pour réussir dans la vie ou pour réussir sa vie. Cette tendance est, souvent, plus prononcée pour assez de personnes étant allées à l’école classique et ont obtenu une attestation ou un diplôme. D’où notre hypothèse nulle qui s’intitule : « La connaissance n’est pas nécessaire pour réussir dans la vie ».
Il n’est pas trop de rappeler que, dans le cadre de notre travail, la réussite de vie est définie comme un processus, un équilibre dans les domaines de la vie de l’être humain. Partant de cette définition, une personne peut posséder des connaissances, par exemple en médecine, mais est-ce pour autant que cette personne a un équilibre dans le domaine de sa santé ? Et même si elle avait un équilibre dans ce domaine, qu’en est-il des autres domaines de sa vie ?
Prenons, par exemple le domaine des finances. Beaucoup de personnes se battent pour avoir de quoi satisfaire leurs besoins physiologiques, mais y arrivent difficilement. En revanche, d’autres arrivent à gagner beaucoup d’argent et toujours plus.
De façon objective, certaines personnes peuvent bénéficier de certaines facilités, cependant, N’y a-t-il pas là un savoir être et un savoir-faire particulier dans ce domaine ? Et ces personnes qui arrivent à gagner beaucoup d’argent, peut-on dire qu’elles ont, toutes, automatiquement un équilibre dans le domaine de leur santé ? Peut-on affirmer qu’elles sont toutes heureuses en amour ? Nous pourrions multiplier les exemples. D’où notre hypothèse de recherche : « Aucune réussite de vie n’est possible sans les connaissances appropriées ».
Notre objectif ici, vise à mesurer l’impact de la connaissance sur la réussite de vie, et à montrer la nécessité des connaissances appropriées pour réussir
chaque domaine de la vie ; en vue d’aider toute personne, qui le désire, à toujours chercher des connaissances nécessaires et utiles pour réussir tous les domaines de sa vie.
Avec le temps, les documents et les ressources matérielles et financières dont nous disposons, nous allons nous limiter à explorer la notion de connaissance et réussite de vie dans les traditions des bwa du Mali et dans la tradition chrétienne, catholique surtout, en vue d’avoir un premier niveau de clarification. Mais avant cela, nous allons chercher à définir la notion de connaissance en générale, pour saisir les aspects qui y sont liés. L’ensemble des idées et concepts qui seront retenus nous aideront à aborder et à approfondir la notion de la connaissance et réussite de vie dans la vision du coaching intégral. A l’issue de cette analyse, nous allons confirmer ou infirmer notre hypothèse de recherche.
Notre problématique s’appuie sur des questions suivantes :
- Qu’entend-on par connaissance ?
- Quelle conception de la notion de connaissance et réussite de vie dans les traditions des Bwa du Mali ?
- Que peut-on savoir sur la notion de connaissance et réussite dans la tradition chrétienne ?
- Que peut-on retenir sur connaissance et réussite de vie dans la vision du coaching intégral ?
PARTIE I : CONNAISSANCES ANTÉRIEURES
Nous allons, dans cette première partie, faire l’état des lieux, c’est-à-dire la synthèse des connaissances antérieures sur la notion de connaissance. Elle comporte trois chapitres. Le premier chapitre porte sur la notion de la connaissance en général ; le deuxième, sur la notion et la conception de la connaissance chez les bwa du Mali et le troisième sur, la conception de la connaissance dans la vision chrétienne, catholique surtout.
Cela nous permettra d’avoir certaines précisions qui sont liées à la notion de la connaissance, entre autres, les domaines d’acquisition, le processus d’acquisition, certains moyens d’acquisition et facteurs de causes du manque de connaissances chez certaines personnes, etc.
Ainsi, cette première partie aidera à clarifier certains aspects de la notion de connaissance pour analyser, ensuite, l’impact de la connaissance sur la réussite de vie, dans la deuxième partie de notre travail.
CHAPITRE 1 : NOTION DE CONNAISSANCE
Le Wiktionnaire dictionnaire libre de wikipédia, définit la connaissance comme, la conscience et la compréhension de vérités, de faits ou d’informations obtenus par l’expérience ou l’apprentissage (à posteriori), ou par l’introspection (a priori). Elle est la conscience de posséder des informations connectées qui, prises individuellement, ont une valeur et une utilité moindres. J’ai identifié dans cette définition ce qui peut être l’objet de la connaissance, le contenu de la connaissance et le processus d’acquisition de la connaissance.
I. OBJET ET CONTENU DE LA CONNAISSANCE
L’Objet de la connaissance est la conscience et la compréhension qui sont des propriétés du sujet de la connaissance. Cette conscience et compréhension se réfèrent aux facultés mentales du sujet (de l’être humain), à la fois de la partie consciente et inconsciente de son cerveau. L’être humain étant toujours en évolution, il a la capacité d’appréhender la réalité autrement, ce qui fait l’objet de la connaissance constitue une limite qui n’est pas fixe.
En ce qui concerne le Contenu de la connaissance : il s’agit ici, des vérités, des faits et des informations. Les Mode d’acquisition de la connaissance sont l’expérience, l’apprentissage et l’introspection.
Ces quelques éléments montrent que la connaissance, telle que définie ici, englobe toute l’existence de l’être humain et que lui-même a une place fondamentale dans le processus d’acquisition ou construction de la connaissance.
II.TYPES DE CONNAISSANCES
Par types de connaissances, j’entends les différentes catégories. Je les regroupe en deux grandes catégories : connaissances explicites et implicites. Les Connaissances explicites : ce sont l’ensemble des connaissances qui sont directement transcrites sur un document ou dans un système informatique. Ces connaissances peuvent être directement connues et transférées physiquement, étant sur un support dur (papier par exemple) ou électronique. Ces connaissances sont aussi dites physiques, en ce sens qu’elles sont relatives au réel, à l’objet (dans son état pur), bref, au monde extérieur du sujet.
Les Connaissances implicites ou logico-mathématiques : ce sont des connaissances de l’interaction du sujet avec le réel, avec l’objet et non une copie exacte de ceux-ci. Ces connaissances se rapportent donc au vécu personnel du sujet. Elles regroupent ses compétences innées et acquises (savoir-faire, expérience, etc.). Toutes ces connaissances ne sont pas formalisées et ne sont mises sur un support, comme celles explicites.
III.MODE D’ACQUISITION DE LA CONNAISSANCE
Du mode d’acquisition de la connaissance, trois sont mentionnés : l’expérience, l’apprentissage et l’introspection.
Le dictionnaire larousse donne de l’expérience plusieurs définitions que sont :
- « Pratique de quelque chose, de quelqu’un, épreuve de quelque chose, dont découlent un savoir, une connaissance, une habitude ;
- Fait de faire quelque chose une fois, de vivre un événement, considéré du point de vue de son aspect formateur : Avoir une expérience amoureuse.
- Action d’essayer quelque chose, de mettre à l’essai un système, une doctrine, etc. ; tentative : Tenter une expérience de vie commune.
- Mise à l’épreuve de quelque chose, essai tenté sur quelque chose pour en vérifier les propriétés
- Épreuve qui a pour objet, par l’étude d’un phénomène naturel ou provoqué, de vérifier une hypothèse ou de l’induire de cette observation
- Matériel scientifique embarqué sur un engin spatial.
- Ensemble d’opérations à exécuter pour vérifier une probabilité. »
Nous retenons fondamentalement de toutes ces définitions du Larousse que l’expérience est une connaissance obtenue en faisant.
Le dictionnaire Larousse définit l’apprentissage comme :
« 1. Formation professionnelle des jeunes en vue d’apprendre un métier ; temps pendant lequel on est apprenti
- Initiation par l’expérience à une activité, à une réalité : Faire l’apprentissage du malheur
- Ensemble des processus de mémorisation mis en œuvre par l’animal ou l’homme pour élaborer ou modifier les schémas comportementaux spécifiques sous l’influence de son environnement et de son expérience.
On peut retenir ici que l’apprentissage est une forme d’acquisition de la connaissance venant de sources extérieures à soi.
« Le dictionnaire Larousse définit l’introspection comme une observation méthodique, par le sujet lui-même de ses états de conscience et de sa vie intérieure. » On peut retenir ici que l’introspection consiste à chercher à l’intérieur de soi-même.
Que le sujet apprenne des autres ou de soi-même, il est important que toute connaissance passe par le filtre de l’expérimentation, de la vérification.
L’Etre humain à tendance à prendre les informations pour vraies ou pour fausses. Cette tendance crée des croyances limitantes qui ne permettent pas de transformer la connaissance en une connaissance utile pour réussir
sa vie. C’est à ce titre qu’Albert Einstein peut se permettre d’affirmer « la connaissance s’acquiert par l’expérience. Tout le reste n’est que de l’information »
CHAPITRE 2 : NOTION ET CONCEPTION DE LA CONNAISSANCE CHEZ LES BWAS DU MALI
Après avoir décrit la notion de la connaissance en général au chapitre précédent, et conformément à notre cadre théorique, il s’agit de présenter dans ce chapitre, comment les bwa conçoivent la connaissance.
Les bwa sont surtout des religions endogènes africaines, chrétiens et très peu musulmans. Il s’agit, dans ce chapitre, de définir la notion et la conception de connaissance chez les bwa du Mali : quelles sont ses différentes sources ? Quels sont leurs processus d’acquisition ? Quels sont ses différents domaines ? Quelles sont leurs finalités ? Quels peuvent être les facteurs du manque de connaissance aujourd’hui chez certains bwa avec les conséquences qui y sont liées ?
La connaissance est rendue dans la langue de ce peuple par : be-zunle (be=quelque chose ; zunle=fait de savoir). Ce qui fait que celui ou celle qui connait sait quelque chose, c’est-à-dire, le pourquoi et le comment des choses : pourquoi « l’être » ; pourquoi on doit agir et de cette manière ; pourquoi ceci ou cela ne se doit pas ; comment faire ceci ou cela ; etc. Il s’agit du sens, du signifier, de la technique, de l’art de faire.
I. LA SOURCE DES CONNAISSANCES CHEZ LES BWAS
Les bwa du Mali se réfèrent à deux sources principales en matière de connaissance. La première source de connaissances, pour les bwa, se réfère à leurs croyances. Les bwa croient à l’existence d’un Dieu unique qu’ils nomment Wa Naso benu (notre grand propriétaire). Il est le créateur de l’univers visible et invisible.
Cependant il n’intervient pas directement dans la vie des humains. Près de lui se trouve le Do (une divinité). Do serait le premier être crée par Dieu. Il est
l’intermédiaire privilégié entre Dieu et les hommes, principe d’unificateur de tous les bwa et génie civilisateur. C’est lui qui est descendu sur terre et a appris aux hommes la culture, les techniques de travail, le mode d’organisation sociale, bref, la manière de vivre.
C’est lui aussi qui a appris aux hommes les lois générales qui régissent l’univers visible et invisible. Ces lois visent, fondamentalement, au respect de l’ordre établi par le créateur et des lois particulières inscrites dans chaque élément et entité de l’univers visible et invisible, afin que règne l’harmonie et la quiétude, nécessaires pour l’épanouissement de tous.
Les connaissances qui se situent à ce niveau sont universelles, car il s’agit de la vérité inscrite dans chaque élément constituant le cosmos. Elles sont, pour ce faire, accessibles à chaque personne, car elles font partie de sa nature même en tant qu’élément de l’univers. Chez les bwa, Do est leur intermédiaire. Voilà pourquoi chaque enfant, dès la naissance, est confié au Do afin qu’il lui enseigne, de façon métaphysique, ces connaissances. Mais dans la pratique, la responsabilité incombe au groupe social, pris individuellement et collectivement, de porter l’enfant à les accepter et à les intégrer progressivement dans son « être-avec » les autres, afin que la vie collective soit possible, lieu de réalisation individuelle et collective pour tous les membres du groupe. En effet, dans cette mentalité bwa, aucun élément de l’univers ne peut subsister et se réaliser sans être en relation avec les autres. Ce qui fait qu’ils conçoivent l’être humain comme un être de relation « avec- autrui » et « pour autrui ».
La deuxième source des connaissances pour les bwa, découle de l’interprétation des connaissances données par le Do. Elles regroupent l’héritage transmis par les ancêtres1, c’est-à-dire leur compréhension, leurs interprétations et leurs expériences pratiques des connaissances données par le Do. Elles concernent aussi l’expérience pratique des aînés (vieux) en tant que gardiens de l’héritage transmis par les ancêtres. Les connaissances,
1 Les hommes et les femmes qui ont déjà effectué leur traversée dans le monde des humains invisibles.
à ce niveau, sont donc le fruit d’un effort constant d’analyse, d’expérience vécue, partagée et acceptée des bwa, dans leur histoire particulière.
Comme ces connaissances à ce niveau n’existent pas de façon abstraite, elles sont incarnées dans la personne des vieux/vieilles, des sages, des voyants interprètes de l’univers invisible, des devins, des artistes, des aînés directs de chaque jeune, etc. Ces connaissances sont relatives, locales et culturelles, cependant peuvent avoir les mêmes réalités dans d’autres cultures et cieux.
II. PROCESSUS D’ACQUISITION DE LA CONNAISSANCE CHEZ LES BWAS
Il s’agit de la pédagogie coutumière, c’est-à-dire cette manière traditionnelle d’acquérir et de construire des connaissances. Cette pédagogie ne sépare pas l’éducation de l’instruction (connaissance). Elle part de la réalité, du vécu pratique des jeunes gens et de chacun. Son principe est le réalisme. Celui-ci voudrait que chaque chose soit à son temps et dans son cadre.
A son temps, c’est-à-dire lorsqu’on estime que la connaissance donnée sera utilisée tout de suite. L’objectif, c’est de faire vivre ce qu’on enseigne et non de se charger avec des connaissances dont l’utilité ne se voit pas dans la vie de la personne ou sur toute la communauté.
C’est à ce niveau que certaines vieilles personnes bwa font, aujourd’hui, la différence entre connaissances du monde et connaissances. Les premières seraient de la pure instruction dont l’impact ne se voit pas dans « l’être » de la personne et de son « être-avec-autrui ». Tandis que les deuxièmes seraient celles dont l’impact se voit dans « l’être-et-être-avec-autrui » de la personne.
Dès lors, toute connaissance qui n’entre pas dans ce cadre est taxée connaissance du monde qui, non plus n’est pas jugée mauvaise, mais pas utile.
Le processus d’acquisition des connaissances obéit à trois niveaux principaux
: l’éducation fondamentale, des camps d’initiations et des formations spécifiques.
- L’éducation fondamentale
Chez les bwa, l’éducation fondamentale est la base du processus global qui consiste à préparer chaque enfant à assumer, son statut d’homme et de femme, et à jouer son rôle au sein du groupe et dans la société. Les connaissances données à ce niveau portent sur le savoir-être, le savoir-vivre, l’histoire du peuple, les interdits, les coutumes, les traditions, certaines techniques de travail, etc. Elles sont livrées à travers le vivre ensemble, des jeux, des devinettes, des légendes, des contes, des chansons, des danses, le travail, les différents modèles, etc. En effet, après le sevrage, l’enfant est comme jeté dans le groupe social, où il perçoit clairement les modèles à imiter. Il peut même se faire une idée de ce qu’il sera dans sa vie adulte.
L’enfant suit un ensemble d’étapes de transformation de sa personne, qui sont connues et identiques pour tous. En fonction de son évolution et de ses capacités, des tâches lui sont assignées. Par exemple, au garçon, on lui apprend à garder les bétails, à labourer des champs, à aller à la chasse, etc. A la fille, on lui apprend à faire le ménage, à entretenir une maison, à faire la lessive, etc. La finalité de l’ensemble de ce processus, c’est de préparer chacun à vivre réellement ce qu’il est : homme-père, femme-mère ; et à assumer son « être-avec ». Chaque membre du groupe se fait responsable de cette entreprise, car il s’agit, non seulement de la survie du groupe, mais aussi de la réalisation de tous et de chacun.
La famille est le premier espace de l’évolution de chaque enfant et d’acquisition des connaissances. A ce niveau, les parents ont la grave responsabilité d’inculquer les valeurs du groupe social à l’enfant. Ce faisant, ils agissent comme des arbitres des valeurs socio-culturelles. Quant à l’enfant, son seul rôle, c’est de se laisser entrainer par les connaissances qui lui sont données.
Après la famille, le deuxième espace d’acquisition de la connaissance, c’est la communauté villageoise. En effet, dès la naissance la communauté lui souhaite la bienvenue, qu’il soit des nôtres. Après le temps de réclusion et en fonction de son état physique, on le porte de dos en dos, de mains en mains,
car c’est l’enfant de la famille et du village. L’enfant est projeté progressivement et entrainé dans un réseau de relations où les figures de son père et de sa mère biologique sont substituées par d’autres personnes de la communauté villageoise. Chacun des membres de cette communauté se fait responsable de son évolution. C’est à ce niveau que les étapes d’initiation sont organisées pour permettre à chaque jeune de réussir son « être-avec ». S’agissant de l’enfant/jeune, il doit être ouvert et disponible pour accueillir les connaissances qui lui sont proposées.
Le groupe d’âge (jeunes de la même génération) est le troisième espace d’acquisition des connaissances. Il constitue une véritable école pour les jeunes. C’est le lieu où chacun se frotte à l’autre, apprend à être et à vivre avec l’autre. C’est le lieu où l’ego de chacun est mis en épreuve et redimensionné. C’est aussi le lieu de fondement d’une solidarité pour certains travaux, pour la défense de la communauté villageoise et d’une fraternité toujours plus dynamique.
- Les camps d’initiation
Les camps d’initiations constituent la deuxième étape du processus d’acquisition des connaissances. C’est le lieu de précision, de rectification et de consolidation des valeurs du groupe et des connaissances de base pour le savoir-être avec les autres membres de la communauté et tous les éléments et entités de l’univers.
En effet, au cœur du processus éducatif, l’enfant suit deux rites initiatiques principaux. Ce sont des rites de passage qui marquent deux étapes fondamentales dans la vie de chaque enfant. Le premier rite s’appelle zaa- tenu : enfant immersion (baptême). Il a lieu, très généralement, entre deux à trois ans après la naissance de l’enfant. Il consiste à reconnaitre l’identité sociale de l’enfant en l’intégrant dans le groupe social comme petit(e) bo. Par
ce rite l’enfant quitte son être général à son être connu2. Il reçoit un prénom secret prononcé ce jour même et le jour de sa mort, pour demander son accueil auprès des parents qui vivent dans le monde des humains invisibles. En termes de connaissances, l’enfant est confié au Do, afin que celui-ci lui enseigne, de façon métaphysique, les lois générales qui gouvernent l’univers.
Le deuxième rite de passage s’appelle zaa-cè’èninu : enfants-formation, enfants-correction, enfants-confirmation. Ce passage a une importance capitale dans la vie de l’enfant. Il intensifie, clarifie, confirme et consolide les valeurs sociales, politiques, économiques et religieuses du groupe social. Généralement, ce passage a lieu dans les séminaires de brousse. L’âge varie entre 12 à 14 ans. Pendant ce temps, le groupe social donne l’opportunité aux jeunes gens de s’affranchir, collectivement, de l’enfance et de s’affirmer vis- à-vis d’eux-mêmes, pour entrer progressivement dans la vie adulte. Il s’agit d’une période de formation intense intégrale : physique, intellectuelle, spirituelle, morale, humaine, religieuse, technique, etc. Pendant ce temps les jeunes sont soumis à des dures épreuves où certains peuvent même perdre leur vie. A ceux-ci, on leur dira qu’ils sont allés pour la grande aventure de l’existence, mais ils ont succombé sous le poids de la vie, car ils se sont jugés trop faibles physiquement, intellectuelle et moralement pour affronter la vie.
En effet, dans la mentalité de ce peuple, la personnalité (nu : quelqu’un/personnalité) n’est pas donnée à l’avance, elle est à acquérir. Ce qui exige une certaine capacité physique, intellectuelle et morale. C’est une conception partagée par beaucoup de peuples africains, qu’il ne s’agit pas de vivre pour être fort plutôt être fort pour vivre. La finalité de ce processus, c’est faire de chaque jeune un « bo-nu », c’est-à-dire quelqu’un qui est cuit, malléable, qui sait « être et vivre », capable de sacrifier ses intérêts individuels pour ceux du groupe social.
2 Dans la mentalité traditionnelle de ce peuple, chaque être humain a une existence antérieure, où il existe de façon générale, avant de se rendre présent dans le monde des humains visibles.
- Les formations spécialisées
Les formations spécialisées constituent la troisième étape du processus d’acquisition de la connaissance. C’est le sommet de la pyramide, niveau de la professionnalisation. En fonction du rôle que chacun a à jouer ou joue au sein du groupe social, des connaissances lui sont identifiées. Celui qui est appelé à exercer une chefferie, acquiert des connaissances nécessaires à cette responsabilité selon le canon préétabli.
Celui qui est appelé à œuvrer dans l’art, dans la musique, dans la chasse, dans la défense du groupe, dans l’artisanat, etc., chacun se met dans l’école correspondante pour acquérir des connaissances nécessaires pour jouer pleinement son rôle. La finalité ici, c’est de permettre au groupe social d’exister dans le temps et dans l’espace, et de maintenir sa vitalité.
III. AVANTAGES PRINCIPAUX DE L’ACQUISITION DES CONNAISSANCES
L’acquisition des connaissances comporte certains avantages et ont une finalité. Trois avantages principaux sont retenus : pouvoir et force, et gage de réussite de vie.
- La connaissance comme pouvoir et force
Dans la conception des bwas, il y a un lien entre connaissances et pouvoir. Il faut encore le rappeler que les bwas croient que l’univers est gouverné par des lois, des règles et des principes qui favorisent l’équilibre de tout le cosmos. Maîtriser ces lois de l’univers confère à la personne un certain pouvoir : pouvoir d’éviter les effets négatifs de certaines de ces lois ; pouvoir de transformer certaines de ces lois pour son propre bien et pour celui des autres et pour toute la communauté d’appartenance.
C’est par exemple, le cas de certaines vieilles personnes qui, à travers un savoir-utilisation de la parole, peuvent programmer des choses qui se
réalisent. C’est aussi le cas de certaines personnes qui ont le pouvoir de raccourcir la route (comme on le dit en langue de ce peuple), c’est-à-dire, de voyager plus rapidement sans aucun moyen de transport connu aujourd’hui (conventionnels).
C’est aussi le cas du forgeron qui, reconnu comme maîtrisant les lois du feu, peut extraire facilement le fer, conjurer le sort pour une personne qui est frappée par une foudre. C’est également le cas du devin, qui a la possibilité de lire le futur et par conséquent peut agir pour déjouer certaines catastrophes.
La connaissance de ces lois de l’univers confère aussi un pouvoir que la personne peut manipuler, mais cette fois-ci négativement. C’est le cas de certains sorciers, qui ont le pouvoir de lancer des sorts et de tuer à distance pour des raisons quelconques.
Dans les communautés, les bwas reconnaissent une force à certaines personnes par le fait qu’elles ont la maîtrise de l’art de la parole, c’est le cas par exemple de certains griots. Aussi, ils reconnaissent une force à certaines personnes par leur maîtrise et de leur sens de management. C’est le cas de certains chefs et de certaines personnes qui jouent un rôle de réconciliation et de leadership dans les communautés villageoises bwas.
- Connaissance comme gage de réussite
Les bwa conçoivent la connaissance comme un gage d’une vie réussie. En effet, le sommet de toute vie réussie, c’est une vie paisible avec les ancêtres. Ceux-ci sont des parents qui morts et qui résident désormais dans le monde des humains invisibles. Pour accéder à cette vie paisible avec ces ancêtres, la personne doit effectuer une traversée de « l’être-ici » à « l’être-pour-nous
». Cela est possible si seulement l’expérience dans le monde de « l’être-ici » a été bonne. Il faut avoir vécu pleinement son « être-ici-et-avec-autrui ». Or, pour réussir cette entreprise il faut la connaissance, qui permet de savoir- être et de savoir-vivre avec les autres et avec toutes les entités et éléments
constituants l’univers. L’art et les techniques font partie de cette connaissance.
La finalité de l’ensemble des connaissances, brièvement décrites, c’est permettre à chaque bo de réussir son « être-avec » qui débouche sur son « être-pour-nous ». Il n’est pas trop de le rappeler que, dans la conception de ce peuple, chaque être humain a d’abord une existence générale. Pour être dans le monde des humains visibles, la personne quitte son existence générale pour être connu du groupe social. De là, la personne doit vivre avec les autres, afin que son existence soit possible ainsi que pour sa réalisation, en tant qu’être humain homme et femme. C’est son « être-avec ». Dans cet « être-avec », la personne a son statut à assumer et un/des rôles à assumer pour participer à la vie du groupe. C’est la mission particulière conférée à chacun durant son existence dans le monde des humains visibles.
Si ce processus est bien vécu, cela prépare à son « être-pour-nous ». En effet, la personne ayant vécu pleinement avec les autres, avec les éléments et entités de l’univers, quand arrive l’heure de passer auprès des parents morts dans le monde invisible, elle ne peut pas quitter de façon clandestine. Sa mort doit réunir les personnes avec lesquelles elle a interagit, pour se remercier mutuellement, pour réparer les torts connus et donner des bénédictions pour celle qui va entreprendre la route pour rejoindre les parents morts, et pour ceux qui sont encore présents dans le monde des humains visibles.
Toute connaissance qui ne permet pas de réussir ce processus est jugé comme inutile, dans la conception de ce peuple. C’est l’unité de mesure de toute vraie connaissance. Dès lors, toute connaissance qui ne rentre pas dans cette logique est taxée connaissance du monde mais pas un vrai savoir. C’est ce que certains vieux reprochent à certains grands diplômés qui ne démontrent pas un « savoir-être-et-vivre-avec les autres » dans leur vie de tous les jours. Il en est de même pour certaines connaissances qui portent à supprimer la vie à d’autres personnes, comme le cas des sorciers.
IV. FACTEURS DU MANQUE DE CONNAISSANCES
Les facteurs du manque de connaissances qui permettent de réussir « l’être » et « l’être-avec » sont multiples et variés. Quelques-uns sont retenus ici.
- Facteurs socio-culturels
La communauté villageoise demeure l’unité centrale dans les villages bwa. Mais son importance par rapport à des valeurs communes à faire connaitre et à transmettre a beaucoup diminué. Les uns, pensant vivre en fonction du contexte actuel du monde, accusent les autres d’être des traditionalistes dépassés. Les autres accusent les uns d’être laxistes et mondains, courant seulement derrière seulement des connaissances du monde (dinminyan bezunle). Il devient difficile de s’accorder, comme avant, sur des connaissances et valeurs à proposer pour réussir « l’être avec-autrui ». Or, dans leur mécanisme éducationnel, la force des valeurs à transmettre aux jeunes générations s’exprimait par leur unanimité et non tant de leur perfection. Si tel n’est pas le cas dans le contexte actuel, comment trouver une issue et à partir de quel critère ?
La famille reste le centre de la vie quotidienne. Mais sa structuration, sa configuration et les différents rôles de ses membres connaissent beaucoup de modifications liées à plusieurs facteurs. Il devient difficile pour elle d’assumer son rôle d’avant par rapport aux connaissances à transmettre à ses membres.
A la suite de la famille, le constat est que les camps d’initiation, dans leurs formes traditionnelles, ont presque disparu dans les villages bwa, sans qu’on ait trouvé leurs substituts dans les familles, ni à l’école moderne, ni dans les groupements religieux. Or, comme évoqué plus haut, c’étaient des véritables séminaires de formation des jeunes gens, donc d’acquisition des connaissances intégrales.
- Facteur socio-environnemental
Le facteur qui me parait plus important à ce niveau, c’est surtout l’école que les bwa eux-mêmes qualifient « moderne » ou du « blanc ». Elle est implantée
en pays bwa, en 1922 avec l’arrivée des missionnaires pères blancs, venus pour apporter l’évangile de Jésus Christ au peuple bwa. Cette école a sans doute apporté assez de vertus à ce peuple bwa, entre autres, une autre manière de penser, de raisonner, de discourir, etc. Mais la pédagogie et le principe du savoir a changé. Ce n’est plus le réalisme traditionnel. Ce ne sont plus les leçons tirées de l’expérience pratique ni la vertu de la prudence dans la gestion des affaires personnelles et collectives, ni la fidélité aux us et coutumes légués par les ancêtres.
Le critère du savoir n’est plus en fonction de l’âge biologique, car la connaissance peut être acquise par récitation ou en aiguisant simplement l’intelligence par un jeu de paroles sans un lien direct avec les attentes des bwa. Un jeune, par exemple, parce qu’il a la maîtrise de quelques rudiments de la langue française peut se dire détenteur de la connaissance, tout comme le vieux qui, s’assume harmonieusement dans son être avec les humains visibles et invisibles. Pour un tel un jeune, peut-on allier connaissances et réussite de vie ? Pas dans l’entendement des bwa quand même.
La question de cette école ne se pose pas, pour moi, en termes de son utilité ou de son importance pour le peuple bwa, mais comment en tant que structure d’éducation, de formation et d’éveil à la connaissance, a été pensée et implantée en pays bo ? Elle ne semble pas intégrer l’approche globale de la pédagogie de formation traditionnelle.
Au lieu d’être une institution qui émane du contexte de vie des bwa, répondant à leurs aspirations réelles, elle a fonctionné, parfois, comme une institution à part entière. Ainsi, pour beaucoup de jeunes bwa, cette école a substitué les camps d’initiations qui étaient, comme il est évoqué plus haut, des véritables séminaires de formations intégrales de l’être bo. Ceux-ci sont désormais séparés du savoir coutumier, des mécanismes de socialisation traditionnels, de l’expérience pratique des anciens, qui dans l’entendement du peuple bwa, constitue le fondement de l’être de chaque bo pour une vie réussie. Au même moment, beaucoup de jeunes sont séparés de leurs familles, qui constituent un des espaces d’éducation et de savoir chez les bwa.
Ces quelques aspects font qu’il est difficile d’avoir la connaissance qui permet d’assumer son « être-avec-autres », dans le contexte de vie de ces bwa. Pour celui ou celle qui voudrait approfondir la réalité de cette école, je vous propose de visiter la thèse de doctorat du Dr. Coralie Hilary Ahouéfa Folashadé POGNON, intitulé : Education, plein-emploi et réussite de vie. Thèse reçue par l’université virtuelle du coaching et du développement intégral.
- Facteurs individuels
Ce sont des facteurs directement liés à chaque bo, à sa perception et de ses attitudes vis-à-vis de la connaissance. Pour certains, parce qu’ils ont été à l’école et ont obtenu un diplôme, pensent connaître et n’ont plus besoin d’autres connaissances. Ils se ferment ainsi à toute autre connaissance. C’est à ce niveau que certaines vieilles personnes parlent de « vraies connaissances et connaissances du monde », une manière de faire la différence entre connaissances et instruction peut être.
D’autres, parce qu’ayant embrassé certaines convictions religieuses, restent bornés par elles et se barrent la route à toute autre connaissance. D’autres encore, c’est par pure négligence. Ceux-ci pensent connaître et n’ont plus rien à apprendre, ils sont dans une sorte de suffisance, qui les empêche d’acquérir toutes autres connaissances. D’autres, enfin, parce qu’ils n’ont pas eu l’occasion d’acquérir d’autres connaissances, à cause des quelques facteurs que je viens de mentionner ci-dessus.
Je viens de mentionner que, l’initiation dénommée zaa-cè’èninu fait du jeune une personne « bo », c’est-à-dire cuite, pure, malléable, docile, qui sait être et vivre. Par conséquent le non-initié est un non-bo, c’est-à-dire un non-cuit. Il n’a pas été éduqué, formé, corrigé, éprouvé, etc. Il n’est pas vrai, il ne sait pas mesurer l’impact de son agir sur la vie de la communauté des humains visibles et invisibles. Il n’est pas nourri des assises qui fondent la vie en société, ni des us et coutumes qui régissent la vie de tous les jours. Il lui est difficile d’assumer son « être-avec autrui » et réussir réellement sa vie, c’est-à-dire son « être-pour-nous ».
Une telle personne représente un danger pour elle-même et un danger permanent pour la communauté. Les conséquences directes sont, entre autres, celles de détruire sa propre vie, semer le désordre dans la vie de la communauté et compromettre la survie de cette même communauté, car dans les croyances de ce peuple, certaines actions d’un seul membre de la communauté peuvent attirer des catastrophes sur tous les membres de la communauté.
CHAPITRE 3 : CONCEPTION DE LA CONNAISSANCE DANS LA VISION CHRÉTIENNE
Ce chapitre répond à deux questions principales. La première porte sur la notion de la connaissance dans la Parole de Dieu : comment la connaissance est-elle conçue ? Quelles sont ses différentes sources ? Quel est leur processus d’acquisition ? Quels sont les avantages et les conséquences du manque de la connaissance ?
Quant à la deuxième question, elle décrit la conception de la connaissance dans la vision chrétienne : que représente-t-elle ? Quels sont ses domaines ? Comment est organisé son processus d’acquisition ? Quels sont les sources et les moyens que l’Eglise catholique met à la disposition de ses membres ? Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer le manque de connaissance chez certains chrétiens aujourd’hui ?
La première source utilisée pour faire la synthèse de ces questions est la Bible, parole de Dieu. Elle est essentiellement exploitée dans cette synthèse et dans la suite de notre travail. Le mot Bible dérive du grec biblos qui signifie
« livre », au pluriel ta biblia « les livres ». Ce mot a été repris par le latin et traduit tel que biblia, en féminin singulier pour donner le mot « Bible » en français. La Bible regroupe plusieurs ouvrages répartis en deux parties nommées : Ancien Testament et Nouveau Testament. Ce mot Bible écrit avec majuscule, il désigne le livre sacré des juifs et des chrétiens, avec minuscule, il désigne un ouvrage qui fait autorité (important). Elle est parfois appelée le livre des livres, elle a traversé plusieurs siècles et est aujourd’hui traduite en diverses langues et existent en diverses versions.
Les interprétations qui sont faites dans cette synthèse et dans l’ensemble de cette étude se basent sur l’approche globale de la Bible, en tenant compte du sens littéral, allégorique, moral et spirituel des textes. A cet effet, un ouvrage complémentaire est utilisé, il est intitulé : Vocabulaire de Théologique Biblique. C’est un ouvrage qui donne une initiation au langage de la Bible, en
vue d’une théologie biblique. Il aborde certains thèmes majeurs en explorant le contenu doctrinal. Ce document permet d’avoir accès au premier sens de certains thèmes qui sont abordés dans un vocabulaire varié.
Dans cette partie et dans la suite de cette étude un personnage sera particulièrement cité, Jésus Christ. Pour les chrétiens, il est reconnu fils de Dieu incarné en homme. Il est venu apporter le salut à toute l’humanité par son sacrifice sur la croix et sa résurrection des morts. Son enseignement est rapporté dans la deuxième partie de la Bible, le Nouveau Testament. Pour les musulmans, il n’est pas fils de Dieu incarné, il n’est qu’un prophète. Pour certains humanistes, il est maître moral. Pour certaines religions orientales, c’est un maître spirituel qui a réussi la réalisation de soi. Pour certains athées, c’est une légende, il ne serait même pas existé. Les historiens ne nient pas son existence historique et sa place dans le christianisme et dans la foi, mais ses relations avec la divinité ne reçoivent pas leur unanimité.
La deuxième source documentaire est Le Catéchisme de l’Église Catholique, nouvelle édition, Cité du Vatican, Rome, 1997. C’est un document dit officiel de l’Église Catholique. Il s’agit d’un compendium de la doctrine catholique sur la foi et sur la morale, et constitue un texte de référence pour les catéchismes des différents pays. Il présente l’enseignement des saintes écritures, de la tradition vivante de l’Église, le magistère authentique, l’héritage spirituel des saints et saintes de l’Église, pour permettre de mieux connaitre le mystère chrétien et de raviver la foi du peuple de Dieu. Il traite les thèmes fondamentaux pour la vie du chrétien : la profession de la foi, la célébration du mystère chrétien, la vie dans le Christ et la prière chrétienne. C’est donc un document de référence fondamental pour le chrétien. C’est dans ce cadre qu’il est exploité dans la présente étude.
Connaître, dans la Bible traduit plusieurs significations, en fonction du contexte : savoir, comprendre, compréhension, prendre connaissance, avoir connaissance, faire l’expérience, venir à la connaissance, voir, visiter, etc.
Dans l’Ancien Testament, connaître peut traduire une relation conjugale. Par exemple, Adam connu sa femme Eve et elle devint enceinte (Gn. 4,1) ;
Abraham connu sa femme Sara et elle donna naissance à un enfant (Gn. 21,2)
; les deux filles de Loth n’avaient pas connu d’hommes (Gn. 19,8). Ici, connaître traduit bien une relation sexuelle.
Connaître peut traduire aussi une relation familiale (Dt. 33,9).
Connaître fait également référence, à faire l’expérience de. En plus d’une compréhension intellectuelle, il s’agit d’une relation intime qui façonne, transforme le caractère et change la manière d’être de la personne. C’est la connaissance de Dieu recommandé à Israël, c’est-à-dire, entrer en relation profonde avec Dieu et faire l’expérience de son amour, de sa puissance, de ses hauts faits, de ses bienfaits et obéir à ses voies, à ses lois, à ses préceptes et principes donnés dans l’Alliance, et à sa parole donnée par les différents prophètes (volonté de Dieu). Il s’agit d’une connaissance en profondeur, qui pénètre jusqu’au cœur, qui transforme l’intérieur et se traduit dans la vie réelle (Os. 6,6 ; Is. 1,17 ; Jr. 22,16). C’est une connaissance qui permet de communier aux vérités de Dieu sur l’être humain et sur le monde, pour discerner le comportement juste à adopter dans la vie de tous les jours.
Les significations auxquelles se réfèrent au mot connaître dans le Nouveau Testament sont entre autres :
- Connaissance, dans le sens des relations familiales. Par exemple, à la fin du pèlerinage à Jérusalem, les parents de Jésus ne l’étant pas vu sur le chemin du retour, le cherchèrent parmi leur parenté et leurs connaissances (Lc. 2,44). Ou encore, par exemple lorsque Jésus était sur la croix, tous ceux de sa connaissance se tenaient loin de la croix. Ici, le contexte de connaissance se situe dans une relation familiale.
- Connaissance, dans le sens de savoir et de comprendre. Par exemple, Jésus reprocha aux docteurs de la loi d’avoir enlevé la clef de la connaissance aux autres (Lc. 11,52). Un autre contexte se trouve dans le message : Paul s’émerveilla de la connaissance de Dieu, en parlant des romains (Rm. 11,33). Un autre, c’est là où Pierre exhorte à croitre dans la grâce et dans la connaissance de notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ (2P. 3,18). Ici, connaissance est employé dans le sens de
posséder, comme posséder une information par exemple, ou posséder une science quelconque.
- Connaissance, dans le sens de prendre connaissance. Par exemple, Félix allait prendre connaissance de l’affaire de Paul (Ac. 24,22). Un autre exemple : les croyants sont unis pour la connaissance du mystère de Dieu (Col. 2,2). Ici, connaissance est utilisé dans le sens de s’informer, d’examiner. Il s’agit d’une connaissance plus poussée, plus approfondie.
- Connaissance, dans le sens de venir à la connaissance. Par exemple, l’obéissance des croyants était venue à la connaissance de tous les romains (Rm16,19). Ici, connaissance est utilisé dans un contexte de porter attention.
- Connaissance dans le sens, avoir connaissance. Par exemple en Mathieu et Marc : personne n’a connaissance du jour de la grande tribulation (Mt. 24,36 ; Mc. 13,32). Un autre exemple : le roi avait connaissance des choses que disait Paul (Ac. 26,26). Ici, connaissance est utilisé dans un contexte de savoir, de comprendre et d’instruire d’une situation par exemple.
- Connaissance dans le sens de faire connaissance. Exemple : Paul monta à Jérusalem pour faire connaissance de Céphas (Ga. 1,18). Ici, connaissance est utilisé dans un contexte de visiter, de voir.
Je pourrai continuer les exemples qui sont liés aux différents contextes. Déjà, ces quelques exemples permettent de comprendre que, par connaissance, il s’agit non seulement de la connaissance de Dieu, de sa volonté, mais aussi des situations, des évènements, de la science et tout l’univers environnant.
I. SOURCE DE LA CONNAISSANCE DANS LA BIBLE
Dans l’Ancien Testament, la principale source de connaissance, c’est Dieu. C’est Dieu Lui-même qui prend l’initiative de se faire connaître et de faire connaitre le mystère de sa volonté. C’est lui qui connait et appelle Abraham. Il révèle son Nom à Moïse, communique sa volonté, ses lois, ses préceptes et principes à travers les personnes qu’Il a choisies ; fit l’alliance avec son
peuple. L’objet de la connaissance repose, fondamentalement, sur la volonté de Dieu pour l’homme et sur le monde. Les intermédiaires sont des personnes choisies par Dieu (Abraham, Moïse, les prophètes, les anciens et les sages d’Israël) et des évènements particuliers dans la vie du peuple Israël (sortie d’Egypte, les épisodes de l’exode, les déportations, etc.). Les sujets de la connaissance, c’est le peuple Israël et les païens.
Dans le Nouveau Testament, c’est en Jésus Christ qu’est donné la parfaite connaissance de Dieu, promis pour la nouvelle alliance. Jésus est présenté comme le seul capable de révéler Dieu, le Père (Lc. 10,22) et d’expliquer le mystère du royaume de Dieu (Mt. 13,11). Voilà pourquoi il enseignait avec autorité (Mt. 7,29) et son message était présenté comme bonne nouvelle. L’objet de la connaissance demeure Dieu, mais donné dans et par Jésus Christ et plus tard par ses disciples. Et puisque Dieu est la source de toute connaissance, il s’agit aussi de la science, de l’art, du jugement, etc.
II. PROCESSUS D’ACQUISITION DE LA CONNAISSANCE DANS LA BIBLE
Il s’agit des dispositions individuelles et collectives pour acquérir la connaissance. Les premières incombent la responsabilité individuelle et les secondes, celles du groupe.
- La crainte de l’Éternel
Pr.1,7 : la crainte de l’Eternel est le commencement de toute connaissance, mais les insensés méprisent la sagesse et l’instruction. La première question qui se dégage, c’est de savoir qui est ce Dieu ? Dans la Bible, Il est le créateur (cf. Gn. 1,1ss), il est présent en ses créatures (Gn. 1,26-27), il est puissant (Ps. 65, 6-7 ; 102,25), omniprésent (Ap. 19,6), il est bon, il châtie par amour (Ap. 3,19), il est père, etc. La deuxième question est celle de savoir ce qui signifie la crainte de ce Dieu dans la Bible. La crainte ici, n’est pas une peur qui porte une personne à s’éloigner ou à fuir, c’est plutôt une démarche religieuse qui découle d’un sentiment de vénération, de gratitude, de respect, de soumission, de confiance, d’humilité, etc. envers la grandeur, la bonté et la sainteté de ce Dieu. Elle constitue un facteur de motivation et d’engagement total à la suite du Maître (Dieu) qui détient entre ses mains tous les pouvoirs. Ainsi, l’attitude permanente de l’homme religieux est celle de chercher à connaître ce Dieu, c’est-à-dire, à comprendre et à mettre en pratique sa volonté, ses lois, ses préceptes et à marcher toujours dans ses voies (Dt. 4,10; 6,13 ; 10,12 ; Pr.8,13 ; 16,6).
Les promesses liées à cette attitude de l’homme religieux, ce sont, entre autres, le bonheur (Ec. 8,12) ; la bonté (Pr.3,7) ; une longévité (Dt. 6,2) ; des bénédictions qui s’étendent jusqu’à la postérité (Jr. 32,39) ; l’amitié, la protection de Dieu (Ps. 25,14 ; 31,20 ; 33,8 ; 103,11) ; sa présence sans fin (He. 13,5) ; le maintien dans l’amour (Rm. 8, 38-39).
- L’écoute
Ecoute Israël, l’Eternel notre Dieu est le seul Eternel (Dt. 6,4). Ecoute, ici, se traduit par prêter attention, pour connaître, comprendre, discerner, analyser et enfin, agir. Il ne s’agit pas d’une écoute passive, plutôt active qui, dispose le cœur3 à accueillir la connaissance pour se conformer à la volonté de Dieu. Cette écoute exige un esprit d’obéissance et d’humilité qui fait renoncer à cet orgueil, qui prétend déjà tout connaître. C’est un peu comme cette attitude d’un enfant qui, très curieux de connaître, mais humble et écoute avec attention.
Ici, l’écoute constitue un excellent moyen d’acquisition de la connaissance. La finalité, c’est pour mener une existence tranquille, paisible et heureuse.
- L’engagement
L’engagement commence par le désir : oui, si tu appelles la sagesse et si tu élèves ta voix vers l’intelligence, si tu la cherches comme l’argent, si tu la
poursuis comme un trésor, alors tu comprendras la crainte du Seigneur, et tu trouveras la connaissance de Dieu. Car l’Eternel donne la sagesse, de sa bouche sortent la connaissance et l’intelligence (Pr. 2,36). Le facteur, ici, décrit, c’est le désir, comme moyen d’acquisition de la connaissance. Celui qui veut acquérir la connaissance doit d’abord la désirer, la vouloir. Désirer ou vouloir réellement une chose, cela signifie qu’on reconnait une valeur à cette chose, minimum soit-elle. D’après ce texte, celui qui est dans cette logique, Dieu ne refuse pas de lui donner la connaissance.
Ce désir est accompagné d’une démarche foi : demander à Dieu la sagesse avec foi (Jc. 1,5). La foi ici, s’exprime comme une possibilité et un acquis. Dis à la sagesse : tu es ma sœur. Et appelle l’intelligence ton amie (Pr. 7,4). Que celui qui demande la connaissance soit déjà convaincu de l’avoir eu, comme cette parole de Jésus : tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu, et vous le verrez s’accomplir (Mc. 11,24).
Cette foi débouche sur l’engagement réel, comme dans le sens général de Mathieu 7,7 : demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. C’est un engagement qui exige des efforts à la personne, à prendre toutes les dispositions possibles et à saisir toutes les opportunités pour acquérir la connaissance. Ce faisant, il comporte d’abord, les deux points précédents. Ensuite, une méditation continue de la parole de Dieu, comme on peut le lire dans le psaume 119,98 : Tes commandements me rendent sage que mes ennemis, car je les ai toujours avec moi. Il s’agit d’un processus mental et spirituel pour comprendre, analyser la parole de Dieu et l’intégrer dans son être pour la vivre au quotidien.
Enfin, c’est un engagement qui porte à bien choisir ses fréquentations. Celui qui fréquente les sages deviens sage, mais celui qui se plait avec les insensés s’en trouve mal (Pr. 13,20). Les fréquentations constituent un moyen pour acquérir la connaissance. C’est pourquoi il y a des choix à opérer à ce niveau, pour non seulement, apprendre, mais aussi pour ne pas perdre ce qui est déjà acquis. Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les mœurs (1Co. 15,33).
En sommes, que ce soit la crainte de Dieu, l’écoute et l’engagement, toutes ces voies sont présentées dans la Bible comme des moyens d’acquisition de la connaissance, excluant toute passivité du sujet.
3 Le cœur, en effet, était considéré comme le centre de chaque individu : le centre des émotions, des réflexions, des pensées, des décisions, de la volonté, des attitudes, etc. Il était l’individu.
III. AVANTAGES DE LA CONNAISSANCE DANS LA BIBLE
Un des avantages de la connaissance dans la Bible, c’est qu’elle permet de posséder le savoir et la science qui permettent d’accéder à la sagesse, bien que celle-là soit un don de Dieu (I Roi 3,9). En effet, le principe et le couronnement de cette sagesse est la crainte de Yahweh (Pr. 9,10 ; Si. 1,14-18) qui, en même temps, est le commencement de toute connaissance (Pr.1,7). Or, le sage dans la Bible, se préoccupe, avant tout, de comment conduire sa vie pour obtenir le vrai bonheur. Il est l’expert en art de bien vivre. Dans sa vie quotidienne, il fait preuve de prudence, de modération dans ses désirs, de travail, d’humilité, de pondération, de retenue, de loyauté du langage, etc. La sagesse est un moyen qui permet de discerner pour mener une vie paisible et heureuse. C’est pourquoi dans le livre des proverbes, la sagesse vaut mieux que toutes les perles, elle a plus de la valeur que tous les objets de prix (Pr 8,11).
Ce livre des proverbes, présente, particulièrement, plusieurs avantages de la connaissance, du savoir et de la science, entre autres :
La liberté. Les justes sont délivrés par la science (Pr. 11,9). La science constitue, ici, un moyen qui permet non seulement, de ne pas être prisonnier de ses propres connaissances, perceptions, convictions et croyances, mais aussi de vivre une vie de liberté par rapport aux préjugés, au regard des autres, à certains principes et croyances préétablies, etc. Ce qui est source de joie et de bonheur, car une personne libre mentalement est en harmonie avec soi et avec les autres, et est capable de réaliser de très belles choses. On peut comprendre pourquoi Proverbes 16,22a dit que : la sagesse est source de vie pour celui qui la possède, et que la sagesse (connaissance/science) vaut mieux que l’or. Combien acquérir l’intelligence est préférable à l’argent (Pr.16,16). La liberté (intérieure et extérieure) est vue, ici, comme source de prospérité intégrale.
Le deuxième avantage que je retiens dans ce livre des Proverbes, c’est la plénitude. Le savoir affermit la vigueur (Pr, 24,5). Or, la vigueur donne une force et une énergie qui permettent d’être en forme physiquement, d’être en pleine santé, d’être efficace intellectuellement et moralement, et donc de relever de grands défis et de réussir ses objectifs de vie. Ce qui est source de paix, de joie, de longévité, de domination, de développement et de grande renommée.
Le troisième avantage que j’identifie, c’est la prospérité financière. C’est par la science que les chambres se remplissent de tous les biens précieux et agréables (Pr. 24.4). Ici, la science (connaissance/savoir) constitue un moyen pour obtenir les biens matériels. On peut donc comprendre pourquoi Proverbes 8,10, demande de préférer les instructions de la sagesse (connaissance/savoir/science) à l’argent, et la science à l’or le plus précieux. Je pense qu’il vaut mieux avoir le moyen qui permet d’avoir une chose que la chose elle-même, car quant à la chose, on peut la perdre, mais en tant que le processus qui permet de l’avoir est présent, on peut toujours l’avoir.
La suite des avantages de la connaissance dans la Bible, c’est qu’elle permet aussi de ne pas vivre les conséquences du manque de connaissances, ci- dessous.
IV. CONSÉQUENCES DU MANQUE DE LA CONNAISSANCE DANS LA BIBLE
La Bible présente assez de conséquences pour le manque de connaissances. Je vais juste me limiter à quelques-unes.
- La souffrance
La première conséquence que je retiens est la souffrance. En Esaïe 5,13, il est écrit : c’est pourquoi mon peuple est allé en captivité, parce qu’il n’a pas de connaissance ; et ses grands meurent de faim, et sa multitude est asséchée de soif. En effet, le peuple Israël, dans son histoire, a connu des déportations, il a été envahi, certains ont été tués, d’autres réduits en esclaves et leur maison de Dieu détruite. La cause serait, d’après ce texte, le manque de connaissances, c’est-à-dire de stratégie, ou pour contourner, ou pour résister, ou encore pour affronter l’ennemis.
Cette captivité ou déportation peut se manifester autrement dans la vie individuelle et collective des personnes, des peuples, voir continent. Par exemple, quelqu’un qui est privé de liberté intérieure ou mentale vit une sorte de captivité. Ou encore, quelqu’un qui est bornés à ses propres connaissances, convictions ou croyances vit une sorte d’esclavage et peut encourir le risque d’être malade, d’être trompé et escroqué. Un peuple qui n’arrive pas à s’organiser pour sa propre prospérité vit, par exemple, une sorte de captivité et de déportation étant physiquement sur place.
Tout cela a causé des souffrances au peuple Israël et, aujourd’hui à beaucoup de personnes et à des peuples. Il s’agit d’une destruction du peuple d’Israël, des personnes et des peuples d’aujourd’hui, toujours par manque de connaissance comme décrit Osée 4,6 : mon peuple est détruit, faute de connaissance ; car toi, tu as rejeté la connaissance, et je te rejetterai afin que tu n’exerces plus la sacrificature devant moi. Car tu as oublié la loi de ton Dieu, et moi j’oublierai tes fils. Le sacrifice est central pour le Peuple Israël, c’est lui qui rappelle les hauts faits de Dieu pour ce peuple, célèbre l’alliance entre Dieu et ce peuple, fait l’unité et donne vie à ce peuple. Par conséquent, priver ce peuple de sacrifice, c’est comme amener ce peuple à ne plus exister. La cause fondamentale, c’est le manque de connaissance/science.
Dans notre contexte actuel, on peut concevoir la connaissance par tout ce qui permet de donner vie, que ce soit dans les affaires, dans le milieu du travail (professionnel), dans les relations interpersonnelles, dans le mariage, etc.
- Manque de sagesse
Il est dit plus haut, que la sagesse dans la Bible permet de discerner pour mener une bonne conduite, pour une vie paisible et heureuse. L’homme simple
croit tout ce qu’on dit, mais l’homme prudent est attentif à ses pas (Pr. 14,15). N’avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu’il eut faim et ceux qui étaient avec lui (Mt. 12,3). N’avez-vous pas lu, que, dans la loi, que le jour du sabbat, les sacrificateurs dans le temple profanent le sabbat et ne sont pas coupables ? (Mt. 12,5). La sagesse implique donc, la prudence, la compréhension, l’analyse, la logique, le bon sens, le calcul des pour-et-contre, la profondeur, etc. Une personne qui a un grand déficit de ces aspects peut prendre des mauvaises décisions contre elle-même et contre les autres. Elle peut se conduire mal, car comme dit
Ephésiens 4,19 : ayant perdu tout sentiment moral, se sont livrés à la débauche, pour pratiquer avidement toute impureté. Dans notre contexte actuel, une personne qui manque ces aspects de la sagesse peut, facilement, être abusée, trompée, escroquée par des personnes mal intentionnées.
Au niveau religieux, ce manque de sagesse peut entrainer de l’escroquerie chez certains leaders, chefs religieux pour faire accepter certaines de leurs idéologies purement individualistes, de leurs pratiques démodées ou pour atteindre certaines de leurs fins financières.
- La crainte et la peur
Ne craignez pas le roi de Babylone, dont vous avez peur ; ne le craignez pas, dit l’Eternel, car je suis avec vous pour vous sauver et vous délivrer de sa main (Jr. 42,11). Soyez sans crainte, car je suis avec vous jusqu’à la fin des temps (Mt.28,20). Pourquoi avez-vous peur (Mt.8,26). Ne crains rien, car je suis avec toi (Es. 41,10). Ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz (Mt. 10,19). Il y a assez de passages sur la crainte et la peur dans la Bible.
La crainte et la peur sont des émotions engendrées par l’inconnu (c’est le cas par exemple pour le roi de Babylone) ; pour ce qui va arriver (c’est le cas des disciples de Jésus lorsqu’il les a envoyé en mission ; c’est aussi le cas de Pierre qui a demandé à venir chez Jésus, marchant sur les eaux) ; de la vérité de ce qui adviendra (c’est toujours le cas des disciples de Jésus partant en mission), etc. Or, la peur met le corps d’une personne en mode de survie, ce
qui fait consommer beaucoup d’énergies, affecte l’intelligence, par conséquent paralyse le discernement, c’est-à-dire le sens de la sagesse chez cette personne. Cette personne peut prendre des mauvaises décisions contre elle-même et contre les autres, rater des opportunités pour elle- même et pour les autres.
- La perte de temps
Rachetez le temps, car les jours sont mauvais (Eph. 5,16). Dans beaucoup de domaines les gens ont déjà travaillé et ont même capitalisé certaines expériences. Mais par méconnaissance de ces expériences, certaines personnes vont encore perdre assez de temps. Par exemple, celui qui veut fabriquer une voiture il n’a plus besoin de réinventer la roue, car elle est déjà disponible.
Toujours dans beaucoup de domaines les gens ont commis certaines erreurs. Mais par manque de connaissance de ces erreurs, certaines personnes vont encore reprendre ces mêmes erreurs, ce qui est une perte de temps.
A l’école primaire, certains enseignants nous faisaient répéter l’expression : le temps, c’est de l’argent, sans expliquer ce que cela constitue. Aujourd’hui avec ma petite expérience, je me rends à l’évidence que le temps est précieux. En faisant un peu de calcul mathématique on peut facilement se rendre compte du temps qu’une personne perd par semaine, par moi et par an. Mais par manque de connaissance de cette logique de calcul du temps, certaines personnes peuvent perdre toute la moitié de leur existence sans rien faire, et pourtant ce sont les mêmes qui vont se plaindre à tout moment de la vie et du manque du temps.
Après avoir décrit la notion de la connaissance dans la parole de Dieu, il s’agit de présenter comment elle est conçue dans la vision chrétienne, catholique surtout.
V. LA CONNAISSANCE DANS LA VISION CHRÉTIENNE
D’abord, le fait de connaître est une faculté particulière pour l’être humain, car, non seulement il est capable de connaître, mais aussi de se connaître, c’est-à-dire, de rendre compte de son existence ; autrement dit, qu’il a conscience de lui-même et de ses propres actions.
Ensuite, la connaissance, c’est ce qui permet à la raison humaine d’analyser, d’évaluer, de penser, de choisir et de décider. Ce faisant, elle engage la volonté (capacité de se déterminer pour), la liberté et la responsabilité de l’homme.
Enfin, la connaissance aiguise la conscience du bien et du mal chez l’être humain et lui permet de mieux vivre cette loi naturelle, inscrite par Dieu dans son cœur. En effet, l’homme découvre une voix (de Dieu) à l’intérieur de lui- même (dans son cœur) et qui l’appelle à faire le bien et à éviter le mal, et qui culmine dans l’amour de Dieu et du prochain (cf. Gaudium et Spes 16). C’est l’enjeu de toute la liberté de l’homme ; plus il fait du bien, plus il devient libre, car il n’y a de liberté vraie qu’au service du bien et de la justice (cf. CEC 1733).
La connaissance constitue donc un facteur très important pour l’homme pour être ce qu’il est réellement : créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn. 1, 26-27), voulu pour lui-même (cf. GS 24,3), capable de connaître et d’aimer son créateur (cf. GS12,3) ; pour réaliser sa mission et sa vocation dans le monde ; appelé à partager la vie de Dieu, introduit dans cette vie de Dieu par la mort et la résurrection de Jésus Christ (cf. Mt. 28, 5-6 ; Jn. 3,16-17). C’est pourquoi l’Eglise exhorte fortement ses fidèles à chercher la connaissance pour un bien individuel et collectif.
Le premier domaine de connaissance pour le chrétien, c’est Dieu, en tant qu’il est le créateur, origine de l’univers visible et invisible (cf. Gn. 1,1ss). Il est auteur de toute connaissance et de tout savoir ; Il est l’Omniprésent, l’Omniscient, il est le Puissant, etc. Le chrétien doit connaître la volonté de ce Dieu, c’est-à-dire, la vision de ce Dieu sur l’homme, sur le monde, ses lois, ses préceptes et ses commandements. Il ne s’agit pas d’une connaissance théorique ou purement mathématique, mais plutôt d’une connaissance
relationnelle, qui attend de l’homme une obéissance et une soumission, à la volonté de ce Dieu sur lui et sur le monde. Ici, l’obéissance et la soumission sont une expression d’amour, une réponse à l’amour de Dieu pour l’homme et se vit dans une relation d’amour de Dieu et du prochain (cf. Mt. 22,37-39).
Pour aider l’homme dans cette entreprise, intervient la théologie, en tant que discours sur Dieu et sur la foi à la lumière de la révélation. On y trouve plusieurs branches de cette théologie : fondamentale, morale, dogmatique, biblique, patristique, etc. On trouve aussi d’autres disciplines, toujours pour aider le chrétien à connaître Dieu, à comprendre le contenu de sa foi et à vivre sa vocation de chrétien dans le monde. Ce sont entre autres, la liturgie, la spiritualité, la mariologie, l’histoire de l’Eglise, le droit canonique, l’anthropologie chrétienne, etc.
Le deuxième domaine de la connaissance, c’est l’homme lui-même. Ces connaissances portent sur les questions fondamentales que l’homme se pose à lui-même, à savoir, qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi suis-je là ? où est-ce que je vais ? Les réponses à ces questions sont diverses en fonction des personnes. Pour le chrétien, Dieu est l’origine et la fin de l’homme. Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme a une valeur particulière (cf. Es. 43,4). Le psaume 82,6 dit : vous êtes des dieux, vous êtes tous fils du très haut. Les mêmes paroles sont reprises en Jean 10,34-36 : Jésus leur répondit : n’est-il pas écrit dans votre loi : j’ai dit : vous êtes des dieux ? Donc, à la question d’où est-ce que je viens, le chrétien dira que tout homme est une créature de Dieu, qu’il est une manifestation de l’amour de Dieu (cf. Gn. 1,1ss).
Quant à la question, qu’est-ce que je fais là, le chrétien dira que tout homme est appelé à manifester la gloire de Dieu. Dans la pratique, cela se manifeste dans l’amour de Dieu et du prochain, le prochain étant toute personne à laquelle je me fais frère ou sœur (cf. Lc. 10,30-37). Ainsi, pour manifester la gloire de Dieu, Dieu a donné à l’homme le pouvoir de soumettre et exercer la domination (cf. Gn. 1, 26-27 ; Mc. 9, 23 ; 16,1718 ; Jn. 14,12), le pouvoir de l’élévation (cf. Dt. 28,1-14), le pouvoir de décréter à l’aide de la parole et dans
la prière (cf. Mc. 11,24), le pouvoir de briller, bref, tous les talents nécessaires à cette gloire (cf. Mt. 25,15 ; Rm. 12,6 ; 1Co. 12,1-11,28).
S’agissant de la question, où vas-tu, le chrétien dira que, toute personne est appelée à une vie de communion, autrement dit, à vivre éternellement dans la paix de Dieu. En effet, à la suite de Jésus Christ fils, le chrétien se croit héritier de la vie éternelle avec Dieu (cf. Jn. 12,26 ; 15,5). Et par la mort et la résurrection de Jésus Christ, toute personne est déjà introduite dans cette vie de Dieu (royaume de Dieu). Cette vie est donnée et ouverte à tous (cf. Jn. 6,47 ; 8,51 ; 11,25).
Le troisième domaine de la connaissance, c’est le monde. Il constitue l’univers visible et invisible. Pour exercer la mission de domination conférée à l’homme par Dieu dès la création (cf. Gn.1, 26-27), le chrétien est appelé à étudier pour connaître et comprendre le monde. Cette étude porte sur tout ce qui est appelé, aujourd’hui science (biologie, mathématique, physique, chimie, agronomie, astrologie, politique, métaphysique, spiritualité, etc), technique (de fabrication, de construction, de production, de transformation, de conservation, etc.), de stratégie (de gestion, management, de leadership, de planification, d’organisation, de commercialisation, etc.), de l’art, de la culture, etc. En résumé, il s’agit de toute connaissance utile et nécessaire à l’homme dans cette mission qui lui est confiée par Dieu.
VI. ORGANISATION DU PROCESSUS D’ACQUISITION DE LA CONNAISSANCE
Il s’agit d’abord, des dispositions prises par l’Eglise catholique pour permettre aux chrétiens d’acquérir la connaissance ; ensuite, les sources qui sont mises à leur disposition, c’est-à-dire où ils peuvent prendre des connaissances ; enfin, les moyens pour acquérir la connaissance.
- Processus d’acquisition de la connaissance
L’Eglise catholique a pris plusieurs dispositions pour permettre aux chrétiens d’acquérir la connaissance. Voici quelques-unes :
- La catéchèse : c’est une formation structurée et continue sur la révélation, la foi, l’Eglise et l’agir du chrétien. La première partie porte sur l’initiation à la vie chrétienne, elle est destinée aux néophytes. La deuxième partie porte sur la vie adulte chrétienne, c’est-à-dire après la première partie.
- Des rencontres de formations. Ces formations varient en fonction des thèmes, des circonstances, du contexte, de l’importance du thème, des objectifs et du moment, etc. Il s’agit des conférences, des séminaires, des colloques, des congrès, etc.
- Des recollections et retraites. Ce sont des formations spirituelles, comme ressourcement spirituelle, en vue de mieux assumer la mission et la vocation chrétienne, au milieu du monde.
- Des homélies. Ce sont les commentaires que font les prêtres lors des célébrations eucharistiques. L’objectif, c’est aider les fidèles chrétiens à comprendre l’évangile (parole de Dieu) et à l’intégrer dans leur vie de tous les jours.
- Source d’acquisition de la connaissance
L’Eglise a pris des dispositions pour permettre aux chrétiens de savoir où prendre les connaissances nécessaires à leur vie chrétienne. Ces sources sont :
- La Bible. Pour le croyant, elle contient la parole de Dieu. Elle est donc proposée comme source fondamentale de tous les temps. En effet, les textes de cette Bible ne changent pas, mais leur compréhension change en fonction des circonstances, du contexte et du temps.
- La tradition de l’Eglise. Il s’agit de l’héritage (orale et écrit) transmis depuis les apôtres, de la vie concrète de l’Eglise au fil du temps.
- Des documents. L’Eglise met à la disposition des chrétiens plusieurs documents, parmi lesquels certains sont dits officiels. Ce sont des documents qui donnent des orientations fondamentales sur certains aspects de la vie de l’Eglise universelle, par exemple, sur la catéchèse; sur la doctrine de la foi ; sur la liturgie ; sur l’identité et la mission de l’Eglise dans le monde ; sur la formation des prêtres ; sur le regard sur la vie sociale ; politique et économique ; etc. On y trouve aussi, des documents théologiques traitant certains thèmes ; des livres et revues thématiques ; des livres de témoignages, spirituels, scolaires et universitaires ; des enseignements thématiques compilés ; etc. Il y a également des publications sur internet ; des enregistrements audios ; des diffusions radiophoniques et télévisuelles.
- Moyens d’acquisition de la connaissance
Pour acquérir la connaissance dont ils ont besoin, l’Eglise propose aux chrétiens un certain nombre de stratégies :
- Des études. L’Eglise recommande aux chrétiens d’étudier des programmes structurés mis à leur disposition, chacun en fonction de son évolution, pour vivre leur mission et vocation chrétienne.
Aussi, elle leur recommande d’étudier dans les domaines (profanes) qui leur sont utiles, pour vivre une vie paisible, digne et heureuse, un aspect de leur mission et vocation chrétienne.
De la lecture. L’Eglise recommande aux chrétiens une lecture permanente et continue des documents proposés, de tout autre document, pour s’informer et se former, pour forger leur conscience du bien, pour pouvoir apprécier chaque chose à sa juste valeur et bien se conduire dans leur vie de tous les jours. Cette lecture va avec l’écoute des enregistrements, des messages radio, télévision, etc., mais sélectionnés, car si tout est utile tout n’est pas nécessaire pour tous.
- Des méditations. L’Eglise recommande aux chrétiens la méditation sur la parole de Dieu, sur certains textes, évènements, etc. pour identifier le comportement juste à adopter et pour réussir leur vie. Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui écrit ; car c’est alors que tu auras du succès dans tes entreprises, c’est alors que tu réussiras (Js. 1,8).
- Des fréquentations. L’Eglise recommande des fréquentations comme stratégies d’acquisition de la connaissance, mais des fréquentations sélectionnées. Celui qui fréquente les sages devient sage, mais celui qui se plait avec les insensés s’en trouve mal (Pr. 13,20). En parlant, discutant avec un sage et en le voyant vivre on peut acquérir son héritage de connaissance.
- Des participations. L’Eglise invite les chrétiens à participer aux conférences, aux séminaires, aux colloques, aux congrès, tout autre type de formation, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Eglise, pour s’informer et se former, pour vivre leur mission et leur vocation chrétienne. L’Eglise exhorte même les chrétiens à être les initiateurs et protagonistes de ces rencontres, en tant qu’ils sont sel et lumière, pour contribuer grandement à l’édification de la communauté humaine.
Quelques facteurs de causes du manque de connaissance chez certains chrétiens
Malgré les dispositions prises par l’Eglise catholique, les sources et les moyens mis à la disposition des chrétiens pour acquérir la connaissance, il convient de relever, ici, quelques faits et facteurs qui font que des chrétiens peuvent manquer la connaissance. Ces faits et facteurs touchent la responsabilité individuelle et collective des chrétiens.
1. Le refus de la connaissance
J’attends par refus, lorsqu’il y a disponibilité et accès. Or, ce qui précède montre que ces deux conditions sont réunies. Quant au refus, il peut être lié à
l’orgueil intellectuel. Certains, parce qu’ils ont effectué de longues études et ont obtenu de grands diplômes (Master, DEA, doctorat,
Professorat), d’autres parce qu’ils ont étudié la théologie, d’autres encore parce qu’ils savent tout simplement lire et écrire, d’autres encore parce qu’ils pensent maîtriser quelques données fondamentales de la vie de l’Eglise, etc.; pour toutes ces raisons, ces personnes pensent n’avoir plus rien à apprendre.
Le refus peut également être lié au statut dans l’Eglise. Certains, parce qu’ils occupent une responsabilité dans l’Eglise (évêque, prêtre, vicaire épiscopale, aumônier de ceci et cela, mère générale, provinciale, régionale, recteur, missionnaire, pasteur, etc.) pensent qu’ils n’ont plus à apprendre.
L’expérience de vie. Certains parce qu’ils ont atteint un certain âge, d’autres parce qu’ils ont déjà occupé certains postes dans l’Eglise, pensent qu’il n’a plus rien de nouveau à apprendre. Ils emploient fréquemment des expressions « nous avons tout essayé », « à notre temps ». Ils constituent ainsi, pour eux-mêmes et pour les autres, un blocage pour la connaissance.
Autant de facteurs qui constituent un refus de la connaissance. Mais comme dit Osée 4,6 : puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, j’oublierai aussi tes enfants. Ce refus de la connaissance pour le chrétien se manifestera par des conséquences diverses, dans sa propre vie et indirectement, sur celle des autres (communauté chrétienne et toute la société).
2. L’ignorance
Cette ignorance comporte une responsabilité individuelle du sujet en question et collective pour ceux qui ont la charge de transmettre les connaissances.
- Responsabilité collective. Elle se manifeste par le fait que, de ceux qui en ont la charge, de ne pas sensibiliser sur l’importance et la valeur de la connaissance dans la vie de tous les jours ; ou par la proposition d’une formation superficielle ou inadéquate, ou très mal
structurée, ou parfois même inutile ; ou encore par absence totale d’une proposition de formation, etc. La réaction des chrétiens qui sont soumis à cette situation peut être exactement, comme pour ces chrétiens d’Ephèse : avez-vous reçu le Saint Esprit, quand vous avez cru ? Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Saint Esprit (Ac. 19,2). Cette réalité n’est pas à nier, mais pour des chrétiens dans le contexte actuel, cela ne les excuse pas totalement de leur responsabilité.
- Responsabilité individuelle. Elle se manifeste pour certains chrétiens, par le fait d’être beaucoup occupé par leur profession ou à la recherche du pain quotidien, qu’ils ne se donnent plus le temps d’acquérir des connaissances en dehors de leurs professions. D’autres, parce que les distances à parcourir sont parfois longues, qu’ils ne prennent plus la peine de réunir les moyens pour acquérir d’autres connaissances. D’autres encore, parce qu’ils ne savent ni lire ni écrire ne saisissent plus aucune opportunité pour acquérir d’autres connaissances.
Ce sont autant de situations atténuantes, malheureusement n’épargnent pas des conséquences négatives du manque de connaissances.
3. La négligence
Elle se manifeste sous deux formes. La première se manifeste par le fait que la personne ne prête aucune attention à ce qui se passe autour d’elle et dans le monde, n’observe rien et n’analyse rien malgré la grandeur ou la beauté des évènements autour. Elle se préoccupe tout simplement de sa petite vie privée et vit seulement pour elle-même ou pour sa petite famille. Aussi, par le fait de n’avoir aucun vrai défi à relever ; cette personne se complait dans sa petite sécurité individualiste jusqu’au jour qu’elle se fera déposséder de cette soi- disant sécurité.
La deuxième forme se manifeste par une prise en compte légère des connaissances disponibles. Les conséquences peuvent être douloureuses par exemple, pour celui qui investit son argent sans prendre en compte les
stratégies nécessaires. Dans le cadre religieux, cela peut être une vie chrétienne qui ne produit aucun témoignage. L’illustration de cette dernière forme de négligence est bien décrite dans Mathieu 25,1-10. Il s’agit de l’histoire de dix jeunes filles (vierges) qui sont allées à la rencontre d’un époux, avec leurs lampes à huile. Cinq parmi elles se sont bien approvisionnées en huile et les cinq autres non. Lorsque l’époux arrivait, celles qui avaient leurs lampes toujours allumées sont entrées avec l’époux dans la salle des noces. Les cinq autres ne sont pas entrées, car elles étaient retournées pour approvisionner leurs lampes d’huile.
Des deux formes de négligence, comme l’histoire de ces dix jeunes filles, les conséquences sont inévitables.
4. Paresse intellectuelle
Cette paresse peut se manifester de plusieurs manières, entre autres :
- Remettre au lendemain ce qu’on pourrait faire aujourd’hui. Par exemple, consulter un document, ou lire un livre, ou encore écouter un enregistrement audio, etc.
- Ne pas finir une lecture déjà commencée, ou une formation déjà commencée, ou encore un séminaire déjà commencé, ou encore des études déjà commencées, etc., comme dit Proverbe 19,24 : le paresseux plonge sa main dans le plat et ne la ramène pas à sa bouche.
- Ne pas se donner de la peine pour vérifier une information, en lisant ou en relisant un texte ou un document pour s’assurer de la véracité de cette information.
- Ne jamais se donner du temps pour lire, ou pour suivre une formation pour comparer, analyser certaines informations déjà reçues ; on préfère croire tout ce qu’on raconte par ci par là.
- Se donner beaucoup d’excuses : par exemple, ne pas avoir accès aux livres, ou ne pas avoir de moyens financiers pour suivre les formations, ou encore le prétexte de son programme professionnel et
pourtant on se donne du temps pour suivre assez d’émissions (feuilletons) à la télévision, ou encore accusé la distance du lieu d’une formation, etc. Il agit parfois comme ce que dit Proverbe 22,15 : le paresseux dit qu’il y a un lion dehors ! Je serai tué dans les rues.
- Ne jamais se donner aucun défi sérieux à relever, le poussant à quitter ou à élargir sa petite zone de confort.
La conséquence pour cette paresse, sera, un jour ou l’autre, si je le savais ! Or, cette réaction est accompagnée d’un sentiment de douleurs, minime soit-il.
Il y a bien d’autres facteurs pour expliquer le manque de connaissances chez les chrétiens. Mais ces facteurs n’épargnent pas des conséquences qui y sont liées.
PARTIE II : NOS DÉCOUVERTES
Après avoir cherché à comprendre la notion de la connaissance en général, la notion et la conception de la connaissance chez les bwa du Mali et dans la vision chrétienne, il s’agit, dans cette partie, d’analyser l’impact de la connaissance sur la réussite de vie.
Ainsi, cette partie comporte trois chapitres : connaissance et réussite de vie dans les religions endogènes des bwa du Mali ; connaissance et réussite de vie dans la vision chrétienne ; connaissance et réussite de vie dans la vision du coaching intégral.
A l’issue de ce parcours nous aurons des éléments pour confirmer ou infirmer notre hypothèse de recherche.
CHAPITRE 1 : CONNAISSANCE ET RÉUSSITE DE VIE CHEZ LES BWAS DU MALI
Ce chapitre aborde la question de la connaissance et réussite de vie chez les bwas du Mali. Il nous permettra de voir le lien qui peut exister entre les deux et aussi, conformément à notre cade théorique, de constater s’il y a des aspects dans la culture des bwas qui constituent un blocage par rapport à la connaissance et à la réussite de vie.
- Naître chez les bwas
Dans la mentalité des bwa, l’enfant est un bienfait divin : zo a Debwenu hanmu
: l’enfant est don de Dieu. L’enfant vient de Dieu et passe par les ancêtres et toutes les divinités auxquelles les humains visibles se sont confiés. C’est pourquoi chaque enfant bébé, dès sa naissance, est traité avec le maximum de soins ; il est accueilli avec joie et salué comme hôte très cher tout en lui souhaitant d’être des nôtres. En effet, les bwa croient que chaque enfant a une existence antérieure a son propre surgissement dans le monde des humains visibles. Il quitte une existence générale pour être connu par les humains visibles, avec lesquels il va être et vivre dans sa dimension visible. En résumé, naître, c’est de « là-bas à connu-ici ».
- Vivre chez les bwas
Vivre chez les bwa, c’est la dimension de « l’être-ici » à « l’être-avec-autres » et de « l’être-pour-nous ». Cela englobe toute la vie de l’être humain chez les bwa : de la pensée au dire et à l’acte ; de la technique à la pratique ; de la discipline aux interdits, tabous et de la morale ; et du passage à une vie avec les humains dans le monde invisible.
Le premier aspect de vivre, c’est respecter l’ordre cosmique. Comme évoqué dans la première partie, les bwa croient qu’il y a de l’ordre dans l’univers crée par Dieu (Naso-benu) avec une hiérarchie entre les différentes entités. Le respect de cet ordre, c’est-à-dire, des lois particulières inscrites dans chaque
élément et entité, assure une vie paisible. En revanche, tout manquement au respect de ces lois peut attirer la colère, qui peut se manifeste par des catastrophes pour la personne et pour toute la communauté. Par exemple, un manquement au respect des lois de la brousse peut attirer la foudre, des mauvaises pluviométries ou des dégâts des récoltes pour toute la communauté. A ce niveau, ce sont des divinités (propriétaires) de la brousse qui réagissent ; à un autre niveau ce sont les ancêtres qui réagissent jusqu’à arrivés à Dieu qui constitue la dernière instance, mais celui-ci intervient très rarement.
C’est pourquoi vivre pour les bwa signifie aussi veiller et lutter. Veiller constamment au respect de l’ordre cosmique, au respect des lois et vérités particulières inscrites dans chaque élément et entité constituent l’univers ; veiller au respect du code qui régit la vie en communauté et en société.
Quant à lutter, il s’agit de lutter pour se connaitre, en vue d’une maîtrise de soi, de ses émotions et passions, et cultiver des bonnes attitudes et habitudes qui sont conformes à la vie de la communauté. Il s’agit aussi de lutter pour sa propre survie matérielle et économique. A ce niveau chacun a sa part de responsabilité, car dit-on : o yi lo Debwenu han o ma mumwennyun a o fi li mumwennu (si tu demandes 1000 FCFA à Dieu, il faut d’abord se battre pour obtenir les 500 FCFA).
Cette lutte ne se mène pas tout seul, car les bwa conçoivent l’être humain comme un « je » et « nous », les deux étant interdépendants. Ainsi, toute lutte du « je » doit inclure le « nous » pour plus de force, de vitalité, de production, de prospérité, etc. A nyun a Do, disent-ils : c’est l’union des bouches/paroles qui donnent la nourriture de base. Ils disent aussi : ni’ere bè we de natin (une seule personne ne peut faire monter le toit d’un grenier). On retrouve également l’expression : tabun u’a-u’azaa lo a nyumbwari ma we se nacèn (les fourmis disent que c’est l’union qui peut transporter le gigot d’une vache). Il y a aussi l’expression : a zanma ma we wè hinna (c’est la masse qui peut boire de la potasse).
L’idée exprimée dans toutes ces expressions, c’est l’importance de l’unité/l’union dans la lutte pour la nourriture pendant la courte saison des pluies dans cette partie sahélienne ; pour faire face à toute épreuve qui se présente et pour combattre les ennemis intérieurs et extérieurs.
C’est pourquoi, vivre pour les bwa, c’est également conclure des alliances.
En effet, les bwa ont conscience que la vie présente toujours des problèmes : des problèmes avec l’univers invisible ; des problèmes liés à la méchanceté de certaines personnes ; des situations conflictuelles liées à la compréhension, à l’interprétation et à la perception de certaines personnes. Pour contrecarrer toutes ces situations, les bwa cherchent à vivre la solidarité avec les divinités, les ancêtres et les différents esprits qui peuplent la nature. Ils s’entourent des amis ; créent de la parenté à travers des alliances de mariage, des familles à plaisanterie, etc. Ils vivent en communion avec tous ceux qui peuvent apaiser et réconcilier l’ami, le parent, le proche, l’ennemi, les ancêtres et les esprits. Il s’agit des multiples médiateurs, qui sont entre autres, du griot (annu : porte- parole), du forgeron (vinu : artisan de paix), du devin (tirilo : révélateur), du familier (bari : apaisant), du propriétaire du Do (Do-so ), du neveu (zinminu : enfant de la sœur), du Do (esprit et force d’union de tous les bwa), des ancêtres (Nasio : parents vivants dans le monde invisible, médiateurs entre les humains visibles), de la forge (cuo : qui permet de fabriquer les instruments de travail et de combat), du Nyinmwinnu (principe salvateur de la brousse), etc. Tout cela s’avère nécessaire pour le combat pour la vie.
- Réussite de vie chez les bwas
Ces quelques lignes qui précèdent permettent de percevoir les aspects sur lesquels les bwa mettent l’accent, s’agissant d’une réussite de vie. Le premier aspect, c’est le respect de l’ordre cosmique. Celui ou celle qui a réussi sa vie a pris conscience qu’il y a un ordre dans l’univers et a su harmoniser son agir avec les lois et vérités inscrites dans chaque élément et entité qui constituent l’univers. Il a su vivre en communion avec les ancêtres, les esprits, les divinités et avec Dieu (Naso-benu : grand propriétaire). Il a su attirer leur faveur pour lui et pour toute la communauté.
Le deuxième aspect d’une vie réussie, c’est savoir lutter. Celui ou celle qui a réussi sa vie a d’abord su modifier son caractère pour conformer son être aux valeurs reconnues par le groupe social et qui a su assumer son rôle et sa mission au sein de la communauté. Ensuite, c’est celui ou celle qui a su donner le meilleur de lui-même pour sa vie matérielle et économique. Enfin, c’est celui ou celle qui a su concilier ses intérêts personnels avec ceux de la communauté, et qui a même, parfois, sacrifié les Siens pour ceux du groupe. D’ailleurs, dans la mentalité de ce peuple, il n’y a que le sorcier qui veut vivre et réussir tout seul.
Le troisième élément d’une vie réussie, c’est savoir conclure des alliances. Celui ou celle qui a réussi sa vie a pris conscience que l’être humain ne vit pas comme un atome isolé, au contraire, qui a su qu’aucune vie ne possible sans être avec les autres. Ainsi, il a su cultiver de bonnes relations avec les leurs, pour rendre l’existence paisible et joyeuse à soi et aux autres. Il a su faire preuve de solidarité et de communion avec les autres, et qui a été signe d’union et d’unité dans la communauté.
La conséquence de tout cela donne une vie paisible, heureuse, longue, des biens matériels et quelque fois assez d’enfants (tous ces éléments sont liés). Ce qui garantit « l’être-pour-nous », qui est le passage d’une vie paisible et tranquille avec les parents qui sont morts. C’est le sommet de toute vie bien vécue et réussie. En effet, celui ou celle qui a bien vécu n’a pas vécu pour soi seul, son existence devient pour les autres. Une telle personne ne peut pas se séparer des autres de façon clandestine. Voilà pourquoi sa mort réunit les autres pour se saluer, pour se réconcilier et pour se souhaiter un voyage paisible pour la personne qui se sépare. On fait en sorte que la personne puisse toujours entreprendre le chemin de réalisation de soi, même après la mort. La finalité, c’est de ne pas perde la vie qui est considérée comme le plus grand bien de chaque personne.
- Connaissances et réussite de vie
Dans la première partie de notre réflexion, il est mentionné que la finalité de la ou des connaissances chez les bwa du Mali, c’est de réussir « l’être pour-
nous », un état d’une vie paisible avec les parents qui sont morts résidents dans le monde invisible. C’est la finalité de toute vie bien vécue sur terre et de toute réalisation de soi pour les bwa.
Il n’est pas trop de rappeler que certaines des connaissances évoquées ont une dimension universelle et d’autres locale, c’est-à-dire qui proviennent de l’expérience vécue, partagée et acceptée par le peuple des bwa. Ces connaissances ont besoin d’être interprétées en fonction du contexte de vie réel des bwa. Elles concernent toute la vie : le dire, le jugement, l’art, la technique, les us et coutumes, etc.
Dans leur catégorisation, nous avons mentionné des connaissances fondamentales données dans le cadre familial et des connaissances données dans les camps d’initiation. Ces connaissances permettent à chaque bo d’entreprendre la bonne voie, c’est-à-dire le chemin de réalisation et d’accomplissement de soi dont la finalité, c’est de ne pas perdre la vie reçue de Dieu et des ancêtres. Même après la mort on fait de sorte que la personne puisse prendre le chemin de la vie. Cette vie est vécue avec les autres, c’est « l’être-avec-autrui de la personne » et avec les parents qui sont morts dans le monde invisible, c’est « l’être-pour-nous de la personne ». Cette vie est, pour les bwa, le plus grand bien de chaque personne. Elle est à protéger et à conserver comme telle, en usant des connaissances de base et celles spécifiques. Et les bwa sont prêts à sacrifier, même leur bonheur individuel ou certains domaines de leur vie pour avoir cette vie.
Les initiations étant la base fondamentale de cette entreprise, par conséquent le non-initié n’a pas été éduqué, formé, corrigé, éprouvé, etc. Il n’est pas vrai, il ne sait pas mesurer l’impact de son agir sur la vie de la communauté des humains visibles et invisibles. Il n’est pas nourri des assises qui fondent la vie en société, ni des us et coutumes qui régissent la vie de tous les jours. Il lui est difficile d’assumer son « être-avec autrui » et réussir réellement sa vie, c’est-à-dire son « être-pour-nous ».
Une telle personne représente un danger pour elle-même et un danger permanent pour la communauté.
Ainsi, dans le contexte des bwa du Mali, il est impossible de se réaliser, c’est- à-dire de réussir sa vie, sans les connaissances de base (familiales et initiatiques) et spécifiques (professionnelles). En effet, comment obéir aux lois et vérités qui gouvernent chaque élément et entité de l’univers sans au préalable les connaitre ? Comment lutter pour satisfaire la vie matérielle et économique sans connaitre les techniques adéquates à cette zone tropicale sahélienne ? Comment entreprendre cette lutte sans d’abord pris conscience que pour demander 1000 FCFA à Dieu qu’il faut d’abord chercher les 500 FCFA, autrement dit avant de demander quoi que ce soit à l’univers il faut d’abord jouer sa partition, comme affirme ce dit-on : la chance se trouve dans la dynamique des pas. Comment vivre en paix avec les autres, en harmonie avec eux sans d’abord connaitre les assises qui fondent la vie en société, les valeurs communautaires et les principes qui régissent la vie de tous les jours ?
Pour assurer chaque rôle au sein de la communauté, il faut des connaissances pour pouvoir obéir au code de conduite prescrit par le groupe social. Par exemple pour ceux qui sont chefs dans les communautés, pour assumer ce rôle, ils doivent apprendre un certains savoir-être et management qui leur permettent de gérer des situations conflictuelles de la vie quotidienne et de converger les différentes énergies pour réaliser le bien de la communauté. Ceux qui vont contracter mariage apprennent à vivre en homme-époux et père, et en femme épouse et mère. Pour les maîtres de la parole et de la musique, ils sont initiés, dès leur tendre enfance à la manie du verbe, à jouer des instruments de musique et entrainer à mémoriser et maîtriser l’histoire des peuples. Il en est de même pour les maîtres de la forge, leurs enfants sont initiés à la maîtrise de soi, aux techniques de la médiation, à l’extraction et à la manie du fer. En effet, après les connaissances de base donnée à chaque bo, tous les rôles et toutes les fonctions spécialisées nécessitent des connaissances particulières.
Ces quelques exemples montrent un lien direct entre connaissance et réussite de vie dans le contexte des bwa du Mali, et qu’il serait impossible de se réaliser pleinement, c’est-à-dire, de réussir son « l’être-pour-nous » sans
certaines connaissances. Le moyen fondamental pour avoir accès à ces connaissances essentielles, ce sont les initiations.
La question qui se dégage, c’est celle de savoir si nous pouvons parler de cette réussite de vie aujourd’hui pour tous les bwa qui sont restés fidèles aux religions endogènes. Au regard de ce qui se passe il nous est difficile de répondre, tout de suite, par l’affirmatif. D’abord, à observer de prêt, le quotidien des bwa qui sont restés fidèles à ces religions ne démontre pas une différence particulière avec les autres ; ensuite, leur vie de tous les jours ne représente pas toujours un modèle pour les autres ; enfin, ce serait prendre l’adhésion à ces religions comme gage de réussite de vie, ce qui serait faux à l’état actuel des choses. Cependant, le lien entre connaissances et réussite de vie demeure, comme décrit. Ce rapport est, peut-être, à interpréter et à vivre dans le contexte actuel de vie des bwa, mais à partir de quelle méthodologie ou quels éléments ? Ce sera l’objet de la dernière partie de notre réflexion.
CHAPITRE 2 : CONNAISSANCE ET RÉUSSITE DE VIE DANS LA VISION CHRÉTIENNE
Ce chapitre aborde la question de la connaissance et réussite de vie dans la vision chrétienne, catholique surtout. Conformément à notre cadre théorique, il s’agira de se demander si tous les chrétiens ont atteint la réussite dans leur vie, eu égard de ce qu’on peut observer dans leur vie et dans leur être ? Pour le cas particulier des bwa chrétiens du Mali, qu’est-ce que la tradition chrétienne leur a transmis sur la réussite de vie ? Quelle valeur a-t- elle accordé à la connaissance en lien avec la réussite de vie ? Et quelle connaissance s’agit-il ?
Il me convient de définir d’abord la notion de chrétien et après présenter le statut du chrétien, c’est-à-dire son identité.
I. NOTION DE CHRÉTIEN
Le contenu et les concours du nom « chrétien », c’est-à-dire, son origine et l’identité de Jésus vue par les chrétiens, sont largement détaillées dans la thèse : Chrétien, richesse et réussite de vie, de Athanase K. Kadja, une thèse reçue par l’université virtuelle du coaching et du développement intégral, en décembre 2021. Dans le cadre de cette réflexion, je reprends l’étymologie, telle mentionnée dans cette thèse, et quelques aspects de la signification du nom « chrétien ».
Etymologiquement, en français, le mot chrétien est directement issu du latin christianus, qui vient lui-même du grec christianos. Un mot à son tour dérivé de christos, Christ. Du point de vue politique ou religieux, ce terme Christos renvoie à l’onction que reçoit un personnage important comme symbole de l’autorité qui lui est conférée. Dans ce sens, le mot Christos est la traduction grecque de l’hébreu MaShiaH qui a donné le mot « messie » et signifie « celui
qui est oint » ou « qui a reçu une onction ». Ce nom est aussi devenu une « confession de foi » ; la confession de foi de ceux qui reconnaissent en Jésus de Nazareth le Messie envoyé par Dieu. Ils associent alors le mot Christ au nom de Jésus : Ièsous christos. Jésus-Christ, ou Jésus le Christ.
Dans le Nouveau Testament, le mot chrétien est absent dans les évangiles, dans les lettres de Saint Paul et dans la plupart des autres lettres, Jésus, semble-t-il, n’a pas eu l’intention de fonder une nouvelle religion. Il est seulement présent 3 fois : 2 fois dans le livre des Actes des Apôtres (11,19-26 et 26,28) (qui date de 80/85 après Jésus Christ) et 1 fois dans la première lettre de Pierre (4,16) (qui date entre 70 et 90 après Jésus Christ).
En considérant leurs différents contextes d’utilisation, le mot chrétien fait référence à la personne de Jésus Christ et non pas à une question de doctrines, ni d’institution ou d’église particulière. Il est plutôt question d’une cohérence de vie en référence à cette personne de Jésus Christ. Ce faisant, le christianisme se définit par son centre, le Christ et non pas par ses frontières, qui définiraient du « dedans ou un dehors » de façon dogmatique et institutionnelle. Ainsi, le mot « chrétien » qui, à l’origine, est un nom donné par la société romaine païenne aux disciples du Christ, est un nom pour celui qui s’engage à une cohérence de vie avec l’enseignement de Jésus Christ.
En effet, pour le chrétien Jésus Christ est le fils de Dieu, il est Dieu. C’est en lui que Dieu s’est totalement révélé. Par son enseignement, il a révélé qui il est, et a révélé la volonté de Dieu aux hommes. Par sa mort et sa résurrection, il a réconcilié tous les hommes avec Dieu et a inauguré le royaume de Dieu sur terre. Ainsi, il est le sauveur de tout homme de tout temps. De sa nature, il est à la fois homme et Dieu. Le chrétien croit qu’il est toujours vivant et assiste toute personne qui s’engage à conformer sa vie à son enseignement.
Le chrétien croit que Jésus a rassemblé ses disciples et a fondé ce qu’il appelle église dont le signe d’appartenance est le baptême donné au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est par son enseignement que Jésus a parlé de Dieu comme Père, qu’il a appris qu’il est Fils de Dieu et l’Esprit Saint comme souffle de Dieu, pleinement manifesté lors de la Pentecôte. Ainsi, le chrétien,
pour vivre sa foi il la vit en église, c’est-à dire, ensemble avec les autres. Ceux qui portent aujourd’hui le nom chrétien, c’est-à-dire, ceux qui sont baptisés se retrouvent dans les traditions catholiques (Eglise catholique), orthodoxes (Eglise orthodoxe), protestantes (Eglise protestante). Ce qui rassemble ces Eglises (communautés des croyants) et qui les tient en communion spirituelle et humaine, c’est leur communion personnelle et communautaire avec Jésus Christ.
Les baptisés des traditions catholiques, pour vivre leur foi, s’appuient sur ce qu’ils appellent la révélation, l’Eglise catholique et la tradition. Par révélation, le chrétien entend, la manifestation progressive de Dieu dans l’histoire des hommes. En effet, selon les baptisés de la tradition catholique, Dieu dans son plan de salut du genre humain, s’est révélé à un peuple, celui d’Israël, avec qui il conclut une alliance sur le mont Sinaï (ancienne alliance). Dieu s’est pleinement révélé en Jésus Christ. Lui, dans son enseignement a révélé et a fait connaitre la volonté de Dieu aux hommes : Dieu dans son amour infini appelle tous les hommes à vivre dans le bonheur sans fin. Au cœur de son enseignement, se trouve : l’amour de Dieu, de soi et du prochain. Jésus Christ par sa mort et sa résurrection, a détruit le pouvoir du mal et a introduit tous les hommes dans l’amitié de Dieu, conclut ainsi, la nouvelle alliance de Dieu avec tous les hommes. Les récits qui sont conservés et reconnus par la tradition de l’Eglise catholique de cette manifestation progressivement de Dieu se trouvent dans la Bible.
S’agissant de l’Eglise catholique, elle est l’institution qui rassemble tous les baptisés qui sont en communion avec le pape et les évêques. Cette Eglise revendique sa légitimité d’abord, par le fait le Christ ait fondé son Eglise sur la foi des apôtres : tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église (Mt. 16,18). Ainsi, le pape et les évêques continuent la mission que le Christ a confiée à ses apôtres. Par leur ordination, ils sont investis du pouvoir de gouverner, d’enseigner et de célébrer les sacrements. Dans cette mission, ils collaborent avec les prêtres et les diacres. Ainsi, cette Eglise catholique se veut dépositaire des vérités révélées et leur interprète légitime (autorisée). Elle veille sur le maintien et l’unité de la foi de ses fidèles.
Pour ce qui concerne la tradition, en reprenant les paroles du document Dei Verbum du pape Paul VI, elle « comprend tout ce qui permet de conduire saintement la vie du peuple de Dieu et à en augmenter la foi ». Il s’agit de l’ensemble des enseignements, des dogmes et pratiques que l’Eglise a adoptés dans son histoire. En effet, l’Eglise cherche toujours à comprendre et à interpréter les vérités de la révélation pour permettre à ses fidèles de vivre leur foi en adéquation avec le contexte de leur vie.
Comme déjà mentionné au début de cette réflexion, en parlant de frères et sœurs baptisés, il s’agit, en premier lieu, de ceux de l’Eglise catholique et tous les autres, car le Christ reste la référence principale.
Il s’agit de l’identité de celui qui a reçu le baptême, dans l’Eglise catholique.
- Comme évoqué, par le baptême le chrétien est configuré au Christ, il devient ainsi, comme un autre Christ.
- Aussi, par le baptême le chrétien devient fils à la suite de Jésus Christ.
- Également par le baptême, le chrétien devient prêtre, prophète et roi, à la suite de Jésus Christ.
- Également, par le baptême, à la suite de Jésus Christ, le chrétien devient ambassadeur du Christ et ambassadeur du royaume de Dieu.
Vivre en chrétien signifie, ici, vivre sa nouvelle identité à la suite de Jésus Christ, par le baptême. Je vais présenter, brièvement, quelques implications liées à cette identité.
Partant de notre expérience humaine, la naissance d’un enfant lui permet de quitter un milieu de vie à un autre ; d’un état de vie à un autre ; lui permet de quitter sa vie utérine totalement dépendant de sa mère, à celle de société où le contexte lui exige une autre manière d’être, d’abord pour sa survie en tant qu’être humain, ensuite, pour son épanouissement et enfin, une autre manière d’être pour sa pleine réalisation. De même par la nouvelle naissance conférée par le baptême, le chrétien est appelé à une autre manière d’être.
En effet, le premier homme créé par Dieu (Adam et Eve), par sa désobéissance, a perdu son amitié avec son créateur, à cause du péché, mais
Dieu ne l’a pas abandonné au pouvoir de la mort. Dieu a entrepris de le sauver, c’est-à-dire de restaurer l’amitié qu’il avait perdu. Ainsi, lorsque les temps furent accomplis, selon son plan de salut, Dieu a envoyé son Fils unique Jésus Christ, qui par sa mort et sa résurrection a sauvé le genre humain. Dieu a donc rétabli le lien d’amitié entre Lui et le genre humain, permettant désormais au genre humain de vivre la vie de Dieu.
Ainsi, par le baptême, le chrétien est né à cette vie de Dieu. Il est purifié du péché lié au genre humain (péché original) et tous les autres péchés. D’où la signification de l’eau utilisée lors de ce baptême. Plonger dans cette eau, le chrétien est purifié, libéré et renaît à la vie de Dieu. Avec la mort de Jésus Christ, le chrétien meurt au péché, il tue en lui le vieil homme. Et avec la résurrection de Jésus Christ, le chrétien naît à la vie nouvelle de Jésus Christ, il devient une nouvelle créature. Cela lui exige une autre manière d’être.
Désormais, il doit vivre conformément à sa nouvelle identité, et il en a les capacités, car il a désormais la vie de Dieu en lui (baptisé au nom du Père-Fils- Esprit Saint). De façon pratique, cela doit changer sa perception et sa vision du monde, et par la suite ses attitudes et habitudes, car, ce n’est plus lui seul qui vit, mais Dieu en lui.
Par le baptême, le chrétien participe à la triple fonction de Jésus prêtre, prophète et roi. Pour le chrétien, la manière de vivre cette triple fonction, est largement décrite dans certains documents, entre autres, le catéchisme de l’église catholique ; le Concile Vatican II – Lumen gentium ; l’exhortation apostolique Christifidèles Laici de Jean Paul II, 1988.
Pour vivre son office de prêtre, le chrétien participe aux prières de l’Eglise (liturgie) et aux sacrements (signes et symboles de salut) de l’Eglise. Il offre sa vie personnelle, de couple, de famille, de profession, sa vie sociale, politique, économique, etc., à Dieu, afin qu’Il les sanctifie. Son souci, c’est de faire de sorte que tous ces aspects et espaces soient source de joie, de bonheur, de prospérité et de pleine réalisation, conformément à la volonté de Dieu. Ceux- ci deviennent, ainsi, des espaces exceptionnels et nobles. Dans sa vie
quotidienne, tous ses actes sont offerts à Dieu ainsi que toute son existence, pour renfoncer sa communion avec Dieu et pour la gloire de Dieu.
De façon pratique, le travail doit être, par exemple, pour le chrétien, en plus de l’aspect financier qui peut être lié, un espace de sanctification personnelle et collective. Le travail fait partie de son être et participe à sa réalisation, car le créateur lui a confié sa créature qu’il doit conserver par l’œuvre de ses mains. Le but premier et unique du travail ne doit pas donc être pour lui, l’aspect financier bien que nécessaire. En travaillant, le chrétien se préoccupe de la sanctification de tous les domaines de la vie des hommes, afin qu’ils soient conformes à la volonté de Dieu et par conséquent, participent à la pleine réalisation de tous les hommes.
S’agissant de son statut prophétique, le chrétien écoute la parole de Dieu et l’annonce en paroles et en actes. Il prête attention à la parole de Dieu, cherche à la connaitre, à la comprendre, à l’interpréter en fonction de son contexte de vie pour identifier, à tout moment, les appels de Dieu et s’engage à la mettre en pratique. Il doit veiller sur sa propre vie et sur celles des autres. Il doit être un lecteur des signes des temps pour pouvoir prévenir les autres. Il doit tenir toujours sa lape allumée, afin de discerner ce qui est à faire et à temps. Il doit s’engager pour changer les choses dans son milieu de vie. Il ne doit pas rester passif, ni neutre, il doit agir. Il doit dénoncer tout ce qui fait souffrir (mal) les personnes, qui les empêche de vivre dans le bonheur et proposer des solutions. Dans sa vie individuelle, les autres doivent lire une conformité entre ses paroles et ses actes ; ils doivent percevoir l’effort qu’il fait pour mettre en pratique la parole de Dieu, pour pouvoir les porter plus facilement à faire comme lui.
Pour ce qui concerne son statut de roi, le chrétien exerce sa charge de royauté, d’abord en menant le combat spirituel pour détruire le règne du mal (péché) en lui-même. Cela constitue un travail énorme à faire sur lui-même, afin qu’il soit totalement libre vis-à-vis de ses penchants mauvais, de ses mauvaises habitudes, de ses mauvaises passions, de ses croyances limitantes, de ses peurs, de ses inquiétudes et craintes, bref, de tout ce qui peut l’empêcher d’être lui-même et d’agir sans pression intérieure. Ensuite,
faire don de lui-même pour servir Jésus Christ présent dans chaque frère et sœur. Jésus dit : je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt. 25,40). Cela se réalise par l’attention au frère et à la sœur et par l’aide concret à apporter à leurs vrais besoins.
Enfin, vivre son statut de roi, c’est œuvrer pour la justice de Dieu dans le monde. Tout cela passe, dans la pratique, par la manière dont le chrétien gouverne sa famille, les personnes qui lui sont confiées, le regard qu’il porte à ceux qui sont dans le besoin, l’attention qu’il a vis-à-vis de ceux qui sont marginalisés, les laissés pour compte. Le chrétien doit œuvrer constamment pour un monde juste, pas à la manière des hommes, plutôt celle de Dieu qui veut le bonheur de tous. C’est pourquoi cette royauté, pour le chrétien, se réalise dans le service et trouve son plein accomplissement dans l’amour de Dieu. Fils de Dieu
Par le baptême, le chrétien devient, à la suite de Jésus Christ, fils de Dieu. Partant de notre expérience, il y a un principe fondamental pour un fils qui vient de naître, celui de la croissance. Lorsqu’un bébé naît il doit grandir, il ne peut pas rester éternellement bébé, au risque de mourir.
Ainsi, en tant que fils, le chrétien doit grandir dans sa dimension de fils de Dieu.
Dans notre société, le fils d’un pauvre paysan au fin fond d’un village n’a pas la même attention/considération que le fils d’un ministre ou du président d’une république, par exemple. En fonction du rang social, de la fonction occupée par le père, de la notoriété du père, l’enfant en reçoit des considérations sociales avant toute autre action. Si le fils d’un président d’un pays peut avoir une si grande considération sociale, quelles considérations pouvons-nous accorder au fils de celui qui est à l’origine, non pas seulement d’un seul président, mais de tous les présidents du monde, bien plus, celui qui détient tout pouvoir sur l’univers visible et invisible. Un tel fils a une considération qu’il serait difficile de qualifier, tant qu’elle est grande.
Le fait, pour le chrétien, d’être fils de Dieu, lui donne une dignité d’être avant toute action. Mais comme disent les bwa du Mali, si on te donne un nom et tu veux en bénéficier de ces grâces, il faudra se comporter en conséquence. Le chrétien n’est donc pas petit, et le fils d’un grand doit honorer la grandeur de son père, le chrétien doit refléter la grandeur de Dieu. Voilà pourquoi Dieu en tant que bon père a pris toutes les dispositions nécessaires, afin que ses fils puissent le glorifier par leur être et leur agir.
Droits du chrétien
Les dispositions prises par Dieu pour que ses fils puissent le glorifier, se trouvent, en partie, dans les droits accordés à ses fils. La mise en pratique de ces droits varie en fonction du contexte, du temps et des circonstances qui se présentent aux fils de Dieu. Par exemple, un enfant qui évolue aux Etats Unis n’a pas forcément à faire au même contexte de vie, comme celui du Mali, avec ses conditions climatiques, socioculturelles, économiques et politiques.
Le chrétien, en tant que fils de Dieu, a donc des droits et voici quelques-uns :
a. Domination
Dans Genèse 1,26, il est écrit ceci : « faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance, pour qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les bétails, sur toute la terre, sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ». D’abord, l’homme est la seule créature qui est à l’image et à la ressemblance du créateur. Ce qui fait sa particularité et sa supériorité par rapport aux autres créatures. La conséquence, c’est l’ordre et l’autorité de domination qu’il a reçus. Dire que quelqu’un a reçu l’ordre, c’est dire qu’il a reçu la permission de. Et dire que quelqu’un a reçu l’autorité, c’est dire qu’il a le pouvoir de.
Le chrétien est donc celui qui a reçu la permission et le pouvoir de dominer et de régner. Or, celui qui domine ou qui règne n’est pas n’importe qui. Il ne passe pas inaperçu, les gens sentent et reconnaissent sa présence, lui prêtent attention, lui cèdent le passage, lui donnent respect et considération. Il ne peut pas connaitre la souffrance, il ne peut pas être sujet d’humiliation par
quoi ce soit, il ne peut pas connaître le manque, car il détient l’autorité. Et celui qui a l’autorité décide, on ne décide pas à sa place ni pour lui. Il décide ce qu’il veut, ce qui lui plait, bref, il n’est pas passif, il est plutôt actif. Le chrétien ne doit pas être passif, il ne doit pas attendre, il doit agir, il doit décider ce qui est bien pour lui, pour ses proches et pour le monde.
Avec la désobéissance d’Adam et Eve, l’Homme avait perdu ce pouvoir de domination, mais il a été rétabli par la mort et la résurrection de Jésus Christ. Accepter Jésus, pour le chrétien, lui redonne ce pouvoir, car en Jésus il devient une nouvelle créature, il peut désormais dominer et régner.
Ce pouvoir s’étend jusqu’à toute puissance sur le mal. « Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi et rien ne pourra vous nuire » (Lc. 10,19). Cela signifie que même si le mal est présent, qu’il soit visible ou invisible, même si des ennemis se déclarent directement ou dans le silence, rien de tout cela ne peut avoir un quelconque pouvoir sur le chrétien, car il a reçu l’ordre et l’autorité de dominer et de régner. Ce qui se présente comme obstacle à sa domination devient une opportunité pour manifester sa domination. Dominer est un droit pour le chrétien, c’est-à-dire, normal pour lui. Il doit avoir une vie de domination.
b. Demander
Dans Mathieu 7,7 il est écrit : « demandez et l’on vous donnera ». Le chrétien a le droit de demander ce qu’il veut, ce qui lui fait du bien, ce qui est bon pour lui, pour sa famille et pour ses proches. Et Dieu répondra, car Dieu est fidèle à sa parole, il ne renie pas lui-même, il exauce les désirs et souhaits de l’homme (cf. Ps.20,5). La question peut se situer seulement, sur ce qui est vraiment bon ou bien pour le chrétien et pour ses proches, ou à savoir ce qu’il veut réellement, comme Jésus l’a souvent demandé aux personnes qui sollicitaient son aide : « que voulez-vous que je fasse pour vous ? », pour le cas de l’aveugle (Mc.10,51). Le chrétien, à cause de sa nouvelle identité, a droit à toutes les bonnes choses : la paix, la joie, l’amour, le succès, la santé, la richesse, l’abondance, la longévité, etc. La Bible contient plus de 7 000 promesses, que le chrétien peut revendiquer à tout moment. C’est un
privilège pour lui, il s’agit de savoir ce qu’il veut réellement et savoir le manifester.
Devoirs
En tant que fils, le chrétien est sujet de devoirs. L’application de ces devoirs peut varier d’un contexte à un autre, dans le temps et en fonction des circonstances. A part certaines personnes qui prétendent seulement à des droits sans devoirs, sinon les deux vont toujours ensemble. Imaginons une société où les personnes ont seulement des droits, comment serait la vie en société (vivre ensemble). Voici quelques-uns de ces devoirs du chrétien :
a. Être décideur
Le devoir de décider est directement lié au droit de domination du chrétien. Pour exercer sa domination, le chrétien a un devoir de décider. En effet, lorsque Dieu a fini de créer, il a confié sa création à l’homme. Dieu a fait confiance à l’homme et lui donné l’ordre de décider conformément à sa volonté, en usant de la parole comme Dieu l’a fait en créant l’univers visible et invisible. Le chrétien doit donc décider, il ne doit pas laisser les autres décider à sa place, car ceux-ci risquent de décider en fonction de leurs propres intérêts égoïstes. Il ne doit pas atteindre, il doit décider la paix, la joie, le bonheur, la prospérité pour lui-même et pour les autres. Il doit décider conformément à sa nouvelle identité – né de nouveau-, en fonction de sa nouvelle nationalité – catégorie des gagnants, des dominants, des privilégiés, des bénis, des élus. Par exemple, dans le domaine économique, il doit décider d’être riche, d’avoir beaucoup d’argent, afin de glorifier le nom de Dieu.
Et pour bien décider, le chrétien a besoin d’avoir des informations en fonction de l’importance de la décision à prendre. D’où une nécessité de la recherche permanente d’informations (connaissances), pour le chrétien, pour décider plus facilement.
b. Aimer de Dieu
En tant que fils, le chrétien doit aimer Dieu. Il s’agit d’une réponse du chrétien à l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ pour lui. En effet, Dieu est le premier qui a aimé l’homme et l’homme est appelé à reconnaitre cet amour, à l’accepter et à y répondre. Il s’agit d’abord, pour le chrétien, de reconnaitre, qui est Dieu et quelle est sa volonté pour l’homme et pour le monde. Reconnaitre que Dieu est le créateur, cela comporte assez d’implications pour le chrétien :
- qu’il y a un ordre dans l’univers, que l’univers est gouverné par des lois et des principes qu’il faut reconnaitre, accepter et respecter.
- que l’univers est ordonné à une finalité, c’est-à-dire qu’il y a une raison d’être de tout ce qui existe, laquelle raison mérite d’être recherchée et acceptée par le chrétien.
- que Dieu est le Maître absolu, celui qui détient tout pouvoir auquel le chrétien doit obéir.
- que l’homme n’est pas sa propre origine. Par conséquent, il n’est pas le maître absolu de sa propre vie et ne peut pas faire tout ce qu’il veut avec sa vie.
- que l’homme n’est pas la norme éthique de son agir, c’est-à-dire qu’il n’est pas la mesure du bien et du mal, dans son rapport avec lui-même, avec les autres et avec le monde. Il doit au contraire découvrir le vrai bien ordonné par son créateur et le mettre en pratique.
Aimer Dieu donc, pour le chrétien, c’est reconnaitre que Dieu est le Maître absolu, celui qui détient tout pouvoir, Maître des temps et des circonstances, Maître de toutes les richesses du monde, Auteur de toute bonté, de toute beauté, de tout bien, dispensateur de toute grâce, etc.
Ensuite, aimer Dieu pour le chrétien, c’est d’entrer en communion avec cette réalité de Dieu, en usant de toutes ses potentialités, capacités et forces. La Bible dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme et toute ta pensée (Mt. 22,37). Le cœur étant considéré dans la Bible comme le
centre des connaissances, des émotions, des décisions, etc., l’âme le souffle et l’essence de l’homme, et la pensée le siège de la réflexion, de la raison, il s’agit donc de l’homme entièrement dans tout ce qu’il est. Le chrétien doit intégrer la réalité de Dieu dans tout son être, à tel point que ce n’est plus lui seul qui vit, mais Dieu en lui, comme dit l’apôtre Saint Paul à propos du Christ
: ce n’est plus moi qui vis mais le Christ en moi (Ga. 2,20).
Enfin, aimer Dieu pour le chrétien, c’est manifester dans son propre être et dans son agir de tous les jours, ce qu’est Dieu. En un mot, c’est conformer toute sa vie à la nature de Dieu en lui et obéir à sa volonté.
c. Aimer le prochain
L’amour du prochain est un devoir pour le chrétien. Il découle directement de l’amour de Dieu et est le réel lieu de sa manifestation. En effet, si tout être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn. 1,26), la conséquence de l’amour de Dieu (invisible), c’est d’aimer la personne concrète qui porte son image. L’amour de Dieu et l’amour du prochain ne sont pas séparés pour le chrétien. L’amour du prochain est le deuxième commandement qui rend pratique l’amour de Dieu. Ainsi, le chrétien ne peut pas prétendre aimer Dieu et haïr son prochain. Saint Jean utilise des expressions qui sont dures à cet effet : celui pense aimer Dieu qu’il ne voit pas et haïr son prochain est un menteur, Dieu n’est pas en lui (1Jn. 4,20). L’amour du prochain devient une mesure de l’amour de Dieu. Ainsi, le prochain devient un don, une grâce qui permet de vivre l’amour de Dieu. C’est aussi la mesure d’être vraiment reconnus disciples du Christ, comme il est écrit dans Jean 13,35 : c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaitront que vous êtes mes disciples.
La question qui peut se poser, est celle de savoir, qui est mon prochain, comme cela a été demandé à Jésus. Le prochain pour le chrétien, c’est tout être humain, sans aucune distinction de couleur de peau, de frontières géographiques, de religion, d’ethnie, etc. En référence à Lc. 10,30-37, il ne s’agit pas d’attendre que l’autre nous sollicite, mais plutôt se faire frère ou sœur de l’autre, c’est-à-dire répondre à toute personne qui est dans le besoin,
en fonction de ses possibilités et capacités. Il s’agit, non seulement de ne pas faire du mal à l’autre (agir bien envers lui), mais aussi promouvoir tout ce qui concourt à son réel bien. C’est pourquoi les commandements, de ne pas faire à autrui ce qu’on n’aime pas qu’on nous fasse, est considéré comme un début de l’amour du prochain, par conséquent insuffisant. La référence de l’amour envers le prochain, c’est l’amour de Dieu. Or, Dieu aime sans condition et aime tout le monde.
C’est pourquoi lorsqu’un chrétien rencontre un musulman par exemple, il rencontre un frère ou une sœur auquel/ à laquelle il se fait frère ou sœur ; le critère premier n’étant pas la religion, ni la couleur de peaux, mais le fait d’être un être humain. Ainsi, il ne devrait pas y avoir des querelles de religions pour le chrétien, plutôt des opportunités d’enrichissement pour un meilleur vivre ensemble. Et là où sont des chrétiens, on devrait être en paix, se sentir en sécurité, être dans la joie, car les rapports sont vécus par et dans l’amour, dont la référence est celui de Dieu.
d. Être ambassadeur du royaume de Dieu
L’ambassadeur d’un pays le représente valablement. Il doit obéir à la volonté politique et travailler pour les intérêts de son pays d’origine. De même, le chrétien par son baptême devient membre du royaume de Dieu, inauguré par la mort et la résurrection de Jésus Christ. En effet, Dieu, dans son amour infini, appelle tous les hommes à une vie de paix, de joie, de plénitude, d’amour et de bonheur sans fin. L’avènement de Jésus Christ marque le début de cette vie. Et par sa résurrection, cette vie a déjà commencé et sera totale lorsque l’homme sera face en face avec Dieu, c’est-à-dire après la mort.
Le chrétien est, non seulement, fils du royaume de Dieu mais aussi son représentant, c’est-à-dire son signe et son instrument. Être signe pour lui, signifie être la manifestation concrète. Les gens doivent pouvoir percevoir l’image de cette vie dans l’être même du chrétien : la paix, la joie, le bonheur, bref, tout ce qui est beau et bon. Sa vie de tous les jours doit être un témoignage pour les autres et pour l’humanité. Il doit être un canal de bénédictions pour d’autres personnes.
Être instrument de ce royaume, signifie que le chrétien doit œuvrer pour l’élargissement et la croissance de ce royaume. Vu l’importance de ce royaume, il doit mettre tout en œuvre, c’est-à-dire, utiliser tous les moyens possibles et opportunités pour porter les hommes à découvrir, à accepter et à vivre la réalité de ce royaume de Dieu. Toutes ses actions doivent être inspirées de cette logique. Elles doivent être lumière pour les autres et donner le goût d’emprunter le chemin de cette manière d’être, comme il est écrit dans Mathieu 5,14 : vous êtes la lumière du monde.
Tout comme chaque pays met son ambassadeur dans les dispositions lui permettant d’assurer le service qui est lui assigné, Dieu donne au chrétien les capacités pour être signe et instrument de son royaume. La condition, c’est d’être fidèle à lui et observer ses commandements (cf. Js. 1,8 ; Jn. 15).
e. Être parfait
La perfection est un devoir pour le chrétien. Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt.5,48). Créer à l’image et à la ressemblance de Dieu, le chrétien doit refléter la grandeur et la perfection de Dieu dans son être et dans tout ce qu’il fait. Ainsi, le chrétien doit penser grand, rêver grand, aspirer à la grandeur, aux grandes choses, parler grand et vivre grand. Ce n’est pas en vivant petit qu’il va témoigner de la grandeur de Dieu et lui rendre gloire. Il doit influencer le monde et non se laisser influencer par le monde. Il doit impacter son environnement, sa société. Les gens autour de lui doivent voir en lui, un modèle à imiter et à suivre. Vous êtes la lumière du monde (Mt. 5,14)). Sa vie doit être un éclairage pour les autres, car né de nouveau il doit briller et manifester la gloire de Dieu. La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, dit Saint d’Irénée de Lyon. L’homme vivant, c’est l’homme débout, plein de vitalité.
Le chrétien appartient désormais à l’équipe des gagnants, des privilégiés, des élus et des personnes particulières. En somme, sa vie doit impacter positivement sa génération. Il doit vivre dans l’excellence. Il ne doit pas occuper les dernières places. Dans le domaine économique par exemple, il doit être un bâtisseur d’empire pour sa génération et celles futures.
Dans le domaine religieux, il doit viser la sainteté : soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu je suis saint (Lv. 19,2).
Dans tout ce que le chrétien entreprend, il doit viser la perfection. La médiocrité ne fait pas partie de son partage. Du plus petit au plus grand de ses actions, les gens doivent pouvoir percevoir la perfection de Dieu. Par exemple, lorsqu’un chrétien s’habille les autres doivent voir une certaine harmonie et beauté tout comme s’il prend la parole pour s’exprimer. Lorsqu’il travaille les autres doivent pouvoir lire un désir et l’effort à la perfection. Cela signifie que la paresse et le parasitisme sont des contre témoignages pour le chrétien. Par conséquent, la pauvreté en tant que manque matériels, constitue aussi un contre-témoignage pour le chrétien. Le chrétien doit être riche et profiter de cette richesse pour être signe du royaume de Dieu et utiliser cette richesse pour travailler à l’accroissement du royaume de Dieu.
f. Être ambassadeur de Jésus-Christ
Par le baptême, le chrétien est fils à la suite de Jésus Christ fils. En tant que fils, il est cohéritier de Jésus Christ. Ainsi, il hérite non seulement des privilèges de Jésus Christ, mais aussi de sa mission. Il devient son ambassadeur, son représentant dans le monde : vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’au bout de la terre (Ac.1,8). En tant que disciple, le chrétien assure la mission du Christ. Il devient son envoyé partout et dans toutes les nations du monde, comme il est écrit dans Mathieu 20,21.22, comme le père m’a envoyé moi aussi je vous envoie. Allez par tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création (Mc. 16,15). Le chrétien a donc reçu la mission d’annoncer l’évangile de Jésus Christ.
Pour réussir une mission importante, le plus souvent on n’envoie pas n’importe qui, les personnes sont choisies en fonction de la réalité de la mission. S’agissant de la mission de porter la bonne nouvelle de Jésus Christ, la meilleure manière de porter ce message, c’est d’abord être soi-même une bonne nouvelle pour tout nécessiteux. Ainsi, tout comme Jésus Christ, la vie- même du chrétien doit être une bonne nouvelle. Ce qui exige une manière d’être et agir. Sa vie doit refléter une certaine particularité, une sagesse qui impressionne et interroge les autres, car la vie de Jésus avait impressionné les gens de son époque.
Dans son agir, tout comme Jésus Christ, le chrétien doit prendre position. La neutralité ne fait pas partie de ses actions. Dans chaque domaine de la vie il doit définir clairement sa position, la défendre et la poursuivre. Il n’est pas un observateur, ni un équilibriste, ni un opportuniste. Il doit prendre parti du bien réel et de la vérité, et les assumer dans l’amour, au prix du sacrifice s’il le faut, car il ne doit pas être complice à tout ce qui porte au malheur des hommes.
Dans sa manière d’agir, tout comme Jésus Christ, le chrétien doit être un manageur. C’est-à-dire, il doit avoir constamment en tête sa raison d’être, avoir une vision, définir ses objectifs et bâtir un plan d’action, à évaluer périodiquement. Cela signifie que le chrétien n’agit pas au hasard, ni n’importe comment, car il a une mission à réaliser. Toutes ses actions doivent entrer dans un plan et suivre un processus. Il doit savoir chercher et saisir les opportunités, user de toutes ses potentialités et capacités, compter avec les relations possibles, faire appel à toutes les connaissances utiles et nécessaires, au point à dire un jour, tout est accompli, comme Jésus Christ sur la croix, au moment de passer du monde visible à celui invisible.
Tout comme Jésus Christ, le chrétien doit être un leader, celui qui sait entrainer les autres, qui sait les motiver, qui sait les organiser, les orienter et converger les différentes énergies vers la réalisation d’un but bien précis. C’est ce travail que Jésus a fait avec les disciples qu’il avait choisis. A un moment donné il a dit à ses disciples, je ne vous appelle plus serviteurs, … plutôt amis (Jn. 15,15) et il les a envoyé continuer sa mission : allez donc…..(Mt. 28,19). Le chrétien doit avoir le souci de la continuité dans tout ce qu’il entreprend. D’où cet esprit de visionnaire qu’il doit cultiver et d’initiative pour faire face au contexte de vie.
g.Vivre sans crainte
Jésus Christ, par sa mort sur la croix, a payé le prix pour sauver le genre humain. Sauver ici, signifie, que l’homme soit libéré de tout ce qui pouvait l’empêcher de vivre une vie d’enfant de Dieu. Ainsi, Jésus Christ a payé extrêmement très cher, afin que le chrétien ait une vie exceptionnelle, une vie de qualité, de paix, de joie, de bonheur, d’honneur, de gloire, etc. Il fait désormais partie de l’équipe des gagnants, des dominants, des élus, des privilégiés, etc. Voilà pourquoi Jésus recommande, sans cesse, de ne pas avoir peur : soyez sans crainte (cf. Mt. 28,10 ; Jn. 16, 33). La crainte ici, crée des émotions d’angoisse, d’anxiété, de peur. Elle peut paralyser toute initiative et toute action. Jésus promet-il à ses disciples de les assister dans leur mission jusqu’à la fin du monde (cf. Mt. 28,20). Il s’agit d’une manière de les rassurer pour les permettre d’assurer la mission qu’il leur a confiée.
Le chrétien, pour vivre en fils de Dieu et pouvoir assurer sa mission, doit se libérer des inquiétudes et maintenir son calme face aux évènements de sa vie. Il peut avoir un sentiment de peur, mais cette peur ne le trouble pas au point de le détourner de ses objectifs de vie, car il a foi que Dieu est fidèles et il est toujours avec lui. Il a foi qu’il est sous la protection permanente de Dieu, le plus fort, le puissant. Il peut même faire le malin tellement qu’il est précieux aux yeux de Dieu : et mèmes les cheveux de votre tête sont tous comptés (Lc. 12,7). Sous l’ombre de cette protection, le chrétien est totalement confiant et peut défier tout ce qui veut lui faire du mal.
h. Pardonner
Le pardon est un élément essentiel de la nouvelle naissance pour le chrétien. Né de nouveau, le chrétien devient fils de Dieu. Ainsi, le modèle de miséricorde a imité ici, c’est Dieu Père (cf. Lc. 6,14ss). C’est une condition pour être appelé vrai enfant de Dieu (cf. Mt. 5,43ss). Le chrétien est invité à adopter certaines attitudes de Dieu dans son rapport avec son frère ou sa sœur, entre autres, la bonté et la patience de Dieu. Dieu est tellement bon qu’il pardonne en toute circonstance, il ne prend pas plaisir à la mort du méchant, il fait tomber la pluie en même temps que pour les bons que les méchants ; il ne calcul pas (cf. Mt. 5,45). Jésus dira-t-il à Pierre, soixante-dix-sept fois, sept fois, lorsque celui-ci lui avait demandé s’il fallait pardonner jusqu’à sept fois à son frère qui lui aurait fait du tort (cf. Mt. 18,21-22). Le chiffre sept, ici, exprime la totalité, le toujours. Il s’agit, pour Jésus Christ, de contrecarrer tout esprit
de vengeance, de rancœur. Il ne s’agit même plus de pardonner de façon répéter, mais entrer dans une autre vision du frère et de la sœur. L’objectif ici, c’est le bien, le bonheur de toute personne, c’est ce qui doit être la finalité de l’agir du chrétien. C’est pourquoi, en plus de ne pas calculer, il doit imiter la patience de Dieu. Dieu est patient envers ses enfants, il donne du temps à chacun, respecte le rythme de chacun et accueille avec joie chacun de ses fils qui se retourne vers lui (cf. Lc. 15,11-32).
Pour le chrétien, il y a un lien entre le pardon envers le frère ou la sœur et le pardon demandé à Dieu. Déjà, dans l’Ancient Testament le livre de Ben Sirac le Sage et le livre de la Sagesse méditent sur ce lien. Jésus, dans son enseignement, précise que Dieu ne peut pardonner à celui qui refuse de pardonner à son frère ou à sa sœur. La parabole du débiteur impitoyable (cf. Mt. 18,23-35) décrit cette vérité. Et dans la prière qu’il a enseigné à ses disciples, communément appelé la prière du Notre Père, par les chrétiens, il mentionne expressément : pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé. Cette prière est fréquemment récitée par les chrétiens, une manière de les aider à ne pas oublier ce lien entre pardon à accorder et pardon à demander à Dieu. Le premier est la mesure du second. Se sachant pas toujours parfait en tout et pour tout devant Dieu, qui voit même dans les pensées, le chrétien a toujours un pardon à demander à Dieu.
Le pardon est d’abord un bien que le chrétien se fait à lui-même, car en pardonnant il se libère d’un poids et d’un mal qui peut perturber son plein épanouissement. Aujourd’hui il est démontré que le refus de pardonner peut entrainer un dysfonctionnement au niveau de l’organisme, car dans certains cas, les battements cardiaques sont perturbés. Par rapport au frère ou à la sœur, le pardon permet à celui-ci de se libérer, de ne pas nourrir ses pensées de mauvaises choses, donc de donner vie aux relations pour le bonheur de tous et de toute la société.
i. Donner sens à sa vie
Pour le chrétien, le hasard n’existe pas, tout doit avoir un sens et être une opportunité. Ainsi, le fait d’exister et être maintenu en vie doit avoir un sens. En effet, pour le chrétien Jésus Christ l’a sauvé pour une mission particulière. C’est à lui de découvrir cette mission, de découvrir le projet de Dieu sur sa vie, de découvrir ce que Dieu veut qu’il fasse pour lui-même, pour les autres, pour sa nation et pour l’humanité. En plus d’être instrument et signe du royaume de Dieu sur la terre, comme déjà mentionné, le chrétien doit trouver sa raison d’être et porter à l’accomplissement sa mission particulière. Comme Dieu, il doit, au soir de sa vie sur terre, avoir laissé des traces, et comme Jésus Christ sur la croix, il doit pouvoir dire : tout est accompli, c’est-à-dire, ce qu’il avait à faire est fait. C’est ce qui doit orienter l’agir de chaque chrétien. Cette mission confiée au chrétien est en fonction du contexte, des circonstances et du temps.
Comme certains personnages dans la Bible, cette mission peut même porter le chrétien à quitter son milieu de vie, comme Abraham qui a accepté d’aller dans une destination inconnue. Le chrétien peut être amené à élargir sa zone de confort ou même quitter sa zone de confort, pour un plus grand bien, car, au nom de ce bien, il peut consentir au sacrifice, voir même au martyr.
Le chrétien ne doit pas vivre au hasard, ni tourner en rond ou encore vivre le jour au jour, comme quelqu’un qui suit tout simplement le cours des évènements. Ce serait rater sa mission particulière que Dieu lui a confié dans cette dimension visible de sa vie.
j. Prier sans cesse
La prière étant un dialogue avec Dieu, est un devoir pour le chrétien. En dialoguant permanemment avec Dieu, le chrétien découvre qui il est, découvre la volonté de Dieu pour le genre humain, aura les forces et les capacités nécessaires pour vivre en enfant de Dieu, plein de vitalité et de bonheur. Voilà pourquoi Jésus recommande à ses disciples de prier sans cesse (cf. 1Th. 5,17), lui-même observait toujours un temps de prière avant toute grande action (cf. Lc.6,12).
Pour le chrétien, c’est par la prière qu’il manifeste toute sa gratitude à Dieu, offre à Dieu ses intentions profondes et reçoit la force pour conformer sa vie à la volonté de Dieu. C’est aussi par la prière qu’il s’arme pour déjouer les pièges du mal. En priant le chrétien ne force pas la main de Dieu à ses seuls intérêts égoïstes, il obéit à l’amour de Dieu, car il a foi que Dieu connait mieux ce qui est mieux pour lui et intervient au moment opportun. C’est l’esprit qui se dégage dans la prière de Jésus, juste avant son arrestation : Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne (Lc. 22,429).
Dans le cadre du coaching intégral, dans ce devoir de prier sans cesse, on peut y voir aussi, programmer sans cesse, une manière de garder toujours à l’esprit ce qu’il veut. À la suite de cette recommandation de prier sans cesse, Jésus ajoute, de le faire avec foi, c’est-à-dire, croire que ce qui est demandé se réalisera ou est même déjà réalisé, car Dieu est tellement bon et fidèle, Il ne refuse pas à ses enfants ce qui leur permet de vivre dans le bonheur : si méchants que vous l’êtes, vous savez donné de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent (Mt. 7,11). On pourrait se dire pourquoi toutes les prières du chrétien ne sont pas exaucées. En plus de l’obéissance du chrétien à la volonté de Dieu dans la prière, il y a cette question de foi, qui a à que voir avec le mental (l’inconscient). J’aurai l’occasion de toucher cet aspect dans la suite de cette réflexion.
h. Soyez généreux
Le fait de partager un peu de son savoir, de ses connaissances, de ses avoirs, etc., doit faire partie de l’être même du chrétien dans son imitation de Dieu. Dieu est généreux envers tous ses enfants, le chrétien, ayant Dieu comme modèle, doit être généreux. Il doit donner pour attendre de recevoir en retour, car il peut même rappeler Dieu de se souvenir de ses actes de générosités posés. Et comme Dieu est fidèle, il peut espérer recevoir de Dieu.
Tout comme le paysan sème d’abord avant de récolter, le chrétien doit semer, en donnant un peu de lui-même, en renonçant à une partie de ses avoirs pour
ensuite récolter abondamment. C’est aussi une manière, pour lui, de préparer une demeure au ciel, de faire un trésor auprès de Dieu. C’est également une manière de continuer à recevoir davantage de Dieu. Si Dieu le donne et il refuse de lui donner sa part, pourquoi doit-il continuer à lui donner. Jésus dit: à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (Lc. 20,25). Le chrétien ne doit pas garder la part de Dieu pour lui-même. Plus il donne la part de Dieu, plus Dieu lui donnera davantage pour non seulement glorifier son nom, mais aussi pour pouvoir faire bénéficier d’autres personnes, car Dieu veut que tous ses enfants puissent bénéficier des bénédictions qu’il accorde à un de ses enfants. En tant que fils de Dieu, les biens de Dieu appartiennent à tous et sont destinés à tous ; ils doivent être à la disposition de tous pour le bonheur voulu par Dieu pour tous.
Dans l’église catholique, les chrétiens sont invités à faire la dîme (le dixième de leurs avoirs) et des offrandes, pour répondre aux besoins de la mission et pour venir en aide aux frères et sœurs nécessiteux, et pour répondre à certains aléas qui surviennent dans la vie d’autres personnes.
Partager est une conséquence de l’amour envers le frère et la sœur auquel le chrétien se fait prochain. L’amour du prochain se manifeste concrètement par l’aide à porter au frère et à la sœur qui se trouve dans le besoin. Dans l’Eglise catholique il existe des organisations caritatives, dans le monde il existe assez d’organisation humanitaire ; le chrétien doit être le premier à participer, car partout où il s’agit de la promotion et du bien de l’être humain, il doit être là. En plus de participer, le chrétien doit les créer et les entretenir, car il sait qu’ensemble il est possible de trouver solution aux nombreux problèmes et défis de l’humanité.
Le partage ne concerne pas seulement le matériel, il s’agit de tout ce qui peut aider à la promotion et au bonheur de tout le genre humain. Il s’agit du sourire à offrir à l’autre, la présence auprès de l’autre, le temps à donner à l’autre, des connaissances à mettre à la disposition des autres, le leadership, le fait d’appartenir à un mouvement en vue du bien de l’ensemble, de s’engager pour une cause noble, etc.
Ce sont là quelques implications qui sont liées à la vie de la nouvelle identité du chrétien. Leur mise en pratique devra déterminer la réussite de vie pour le chrétien.
II. RÉUSSIR SA VIE EN TANT QUE CHRÉTIEN
Je vais d’abord identifier quelques modèles de succès et de réussite de vie dans la Bible pour mieux déterminer les aspects sur lesquels le chrétien peut fonder sa réussite de vie.
A. Réussite dans l’Ancien Testament
le peuple Israël. La Bible affirme que Dieu, créateur de tous les hommes, a choisi un peuple, celui d’Israël (cf. Dt. 7,6). Dieu a fait ce peuple son bien propre (Ex. 19,5), son héritage (Dt. 9,26), son troupeau (Ps. 80,2), son fils (Ex. 4,22). Dieu a établi ce peuple pour être témoins du Dieu Unique auprès des autres nations (Is. 44,8), et qu’à travers ce peuple tous les autres aient part aux bénédictions de Dieu (Gn. 12,3) et rendent gloire à Dieu (Is. 45,14ss). Les éléments de la réussite de ce peuple sont, entre autres :
- Être constitué peuple (Dt. 7,7), avec son histoire, sa culture, ses croyances (le Dieu unique), ses juges, ses rois, ses prêtres, etc. Ainsi, il fallait qu’il soit libéré de l’esclavage en Egypte (Ex. 13,17-22).
- La victoire de ce peuple sur les autres peuples (cf. Ex.17,8-19) durant sa marche vers Canaan, la terre promise.
- L’entrée de Canaan (cf. Js. 8), la terre promise, où ruissellent le lait et le miel. Il s’agit d’une terre fertile, facile à vivre, heureuse.
Tous les évènements qui entourent la libération du peuple d’Israël, leur séjour durant les 40 ans au désert, la possession de la terre promise, constituent la grandeur et la puissance du Dieu Unique. C’est là, la réussite collective du peuple d’Israël.
B. Réussite comme succès dans une mission
Il s’agit de la réalisation d’une mission de la part de Dieu. Ces modèles sont nombreux et diversifiés dans la Bible :
- Moïse : il avait reçu la mission de faire sortir le peuple Israël d’Egypte (cf. Ex. 3,7,9-12). La réussite de cette mission constitue pour lui une réussite de vie.
- Josué et Caleb : après la mort de Moïse, Josué devrait conduire le peuple Israël pour entrer dans la terre promisse (cf. Nb. 11,25 ; 27,18- 19ss ; 34,9ss).
- Les juges d’Israël. Ils avaient mission de guider le peuple Israël, en le mettant sur le droit chemin et en le protégeant contre l’ennemi (cf. Jg. 3-16)
- Les rois d’Israël. Ils devaient diriger le peuple Israël, l’orienter et le protéger contre l’ennemi (cf. 1 et 2 R).
- Les prophètes. Ils étaient des porte-paroles de Dieu au milieu du peuple Israël. Ils avaient mission d’avertir le peuple de son infidélité à l’alliance, dénoncer les injustices et annoncer certaines sanctions de Dieu (cf. Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Osée, Amos, etc.)
- Les prêtres d’Israël. Ils se chargeaient de présenter les sacrifices du peuple à Dieu, pour l’expiation de leurs péchés et pour eux-mêmes (cf. livre des Lévitiques).
La réalisation de ces différentes fonctions, constitue pour ces personnes, leur succès et leur réussite et de vie.
C. La réussite comme prospérité matérielle
Comme modèle de prospérité financière dans la Bible, je mentionne juste deux personnages : Abraham et Job. La Bible dit qu’Abraham était très riche en troupeaux, en argent et en or (cf. Gn. 13,2). Même si les biens ne sont pas évolués en nombres et quantifiés en chiffre, en utilisant le superlatif très, cela signifie que ces biens étaient remarquables, c’est-à dire dépassant la moyenne. La Bible dit que, ces biens ont été à l’origine de la séparation d’Abraham avec Lot, qui lui-aussi, possédait beaucoup de brebis (cf. Gn.13, 5).
Quant à Job, la Bible dit qu’il possédait 7 000 brebis, 3 000 chameaux, 5 paires de bœufs (soit 1 000 bœufs), 500 ânesses, beaucoup de serviteurs (Jb.1, 3). En essayant d’estimer ces biens, on peut trouver les chiffres suivants :
N° | Désignation | Prix unitaire | Total |
01 | 7 000 brebis | 45 000 | 315 000 000 |
02 | 3 000 chameaux | 400 000 | 1 200 000 000 |
03 | 1 000 bœufs | 350 000 | 350 000 000 |
04 | 500 ânesses | 60 000 | 30 000 000 |
Total | 1 895 000 000 |
Si le calcul est juste cela donne : un milliard huit-cent-quatre-vingtquinze million franc cfa : 1 895 000 000 FCFA, soit € 2 888 908,87. Je pense qu’en tenant compte de leur époque cette richesse n’est pas minime.
D. Réussite comme fécondité
La Bible dit qu’Abraham a eu 8 fils (Gn. 21, 1-7 ; 16,15-16 ; 25,1-2). Sa réussite se mesure, non pas d’abord par le nombre de ses fils, plutôt par le fait que lui et sa femme avaient perdu toute espérance, à cause de leur âge, qui était avancé. Malgré cela Dieu a réalisé sa promesse en leur donnant, Isaac, le fils de la promesse, Ismaël et six autres.
Quant à Jacob, la Bible dit qu’il avait 12 fils (1Chr. 2,2). Job eut 7 fils et 3 filles (Jb. 42,2)
E. Réussite comme longévité
Il y a beaucoup de récits de longévité dans la Bible :
- Abraham : 175 ans (cf. Gn. 25,7)
- Isaac : 180 ans (cf. Gn. 35,28)
- Jacob : 147 ans (cf. Gn. 49,33)
- Job : 140 ans (Jb. 42,17)
La Bible dit que tous ces personnages ont eu une vieillesse heureuse, sont rassasiés de jours paisibles et sont allés rejoindre leurs siens dans le séjour des morts. Ce sont là des signes d’une vie réussie.
F. RÉUSSITE DE VIE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
Jésus Christ est le personnage central dans le Nouveau Testament. La Bible dit qu’il a enseigné, fait des miracles, entre autres : guérison d’une femme atteinte d’une perte de sang (Mc. 5, 25-34) ; guérison d’un aveugle de naissance (Jn. 9,1-11) ; 5 000 hommes nourris dans le désert (Mt. 14,15-21) ; tempête calmer sur la mer de Galilée (Lc. 8,22-26). Il est allé finir sur une croix (Mt.27,50), comme un malfaiteur, environ trente-trois ans de vie. Un tel homme peut-il être un modèle de réussite, ou du moins, comment Jésus Christ aborde la question de la réussite de vie.
Jésus parle de royaume de Dieu (cherchez d’abord le royaume de Dieu et la justice de Dieu et le tout le reste vous sera donné : Mt.6,33), de bonheur éternel (heureux êtes-vous…Mt.5, 3-12) ; de salut (car le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu : Lc.19,10) ; de porter beaucoup de fruits pour la gloire de Dieu (Jn. 15,8). Il se présente lui-même comme le chemin, la vérité et la vie (Jn. 14,6). Jésus, en parlant de réussite, ne parle pas, d’abord de réussir/succès dans la vie, plutôt, réussir sa vie. Il ne s’agit pas d’abord de succès aux yeux du monde, plutôt gagner sa vie, c’est-à-dire, l’essentiel de l’être humain : à quoi sert-il à l’homme de gagner le monde entier s’il perd son âme (Mc. 8,36). Et pour gagner sa vie, Jésus lui-même se présente comme le chemin, la vérité et la vie.
Jésus établit tous les hommes frères et sœurs : il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a esclave ni libre, il n’y a homme ni femme, car tous vous êtes un en Jésus (Ga. 3,28). La réussite n’est plus seulement individuelle, plutôt collective. Désormais, il s’agit de réussir avec le frère et la sœur.
Jésus révèle l’homme à lui-même : vous êtes des dieux, vous êtes des fils du Très Haut (Ps.82,6). Être fils du Très Haut, signifie hériter tous ce que celui-ci
possède : la prospérité, la joie, le bonheur, la longévité, etc. La réussite de vie implique toutes ces réalités dans la vie de l’homme. Aussi, en tant fils du Très Haut, le model à imiter, c’est la perfection de Dieu : soyez parfait comme votre Père céleste est parfait (Mt. 5,48). Ainsi, la réussite de vie signifie aussi perfection dans tout ce que l’homme entreprend.
Aussi, Jésus révèle que tout homme est créé pour une mission particulière, lui-même ayant le model : l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugle le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur (Lc.4,18-19). Jésus a réalisé cette mission au prix de sa vie, afin que l’homme soit vraiment libre et vive une vie de bonheur, de plénitude et gloire. Ainsi, Jésus pouvait dire sur la croix : tout est accompli, avant de rendre l’âme (Jn. 19,30). La réussite de vie consiste ici, à réaliser sa mission particulière, celle de sa raison d’être, qui constitue le sens de toute son existence. C’est ici, qu’on peut classer la vie de Marie, mère de Jésus et les apôtres que Jésus avait choisis et envoyés en mission.
Également, Jésus révèle que Dieu est amour, que tout homme est appelé à une vie de communion avec Dieu, c’est-à-dire une vie de joie et de bonheur sans fin. Ainsi, par sa mort et sa résurrection, il a délivré l’homme de tout ce qui pouvait l’empêcher de vivre cette vie de bonheur. La réussite de vie consiste ici, à vivre dans ce que nous appelons, parfois, le royaume de Dieu (cf. Jn.18, 36). Il n’est plus seulement une question d’observance des commandements de Dieu, plutôt vivre pour amasser un trésor dans le ciel (cf. Mt. 6,20). Cela nécessite de porter beaucoup de fruits (cf. Jn.15, 16) qui sont : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la maîtrise de soi (Ga. 5,22-23).
Ces quelques exemples montrent que dans le Nouveau Testament la réussite de vie a une dimension individuelle et collective ; une dimension terrestre, temporelle et céleste, continuelle.
Réussir sa vie constitue, fondamentalement pour le chrétien, vivre pleinement sa vie terrestre et vivre dans la joie et le dans le bonheur éternel auprès de Dieu. Il s’agit pour le chrétien de vivre son statut/identité liée à sa nouvelle créature :
- Né de nouveau, il n’est plus soumis aux pressions du vieil homme. Cela signifie que le chrétien a une vie de liberté.
- En tant que prêtre, tous les domaines de sa vie sont sanctifiés et ils deviennent sources de joie et de bonheur.
- En tant que prophète, il est visionnaire et modèle pour les autres.
- En tant que roi, il est juste et œuvre pour la justice et est au service des autres.
- En tant que fils de Dieu, sa vie reflète la grandeur, la puissance et la gloire de Dieu
- De ses droits en tant fils, il a une vie de domination, droit de demander et d’obtenir ce qu’il veut pour lui-même et pour les autres.
- De ses devoirs en tant que fils, il a le devoir de décider ce qui lui fait du bien ; d’aimer Dieu et son prochain, ce qui est source de joie et de bonheur pour lui. Il a le devoir d’être signe et instrument du royaume de Dieu, d’être parfait dont Dieu est le model, ce qui exige un engagement et une détermination. Il a le devoir d’être ambassadeur de Jésus Christ, ce qui lui exige d’avoir une vie exceptionnelle. Il a le devoir de vivre sans crainte, ce qui lui permet de mener une vie tranquille, paisible et facilite sa réussite dans ce qu’il entreprend. Il a le devoir de pardonner, ce qui lui permet de se libérer et aide au bon fonctionnement de son organisme ; une source de bien-être physique pour lui. Il a le devoir de donner sens à sa vie, cela lui exige de découvrir la mission de Dieu sur sa vie, de ne pas vivre pour lui seul, plutôt pour les autres. Il a le devoir de prier sans cesse, cela lui permet de conformer sa vie à la volonté de Dieu et d’avoir de l’énergie pour réussir dans ce qu’il entreprend. Il a le devoir d’être généreux, cela lui permet de partager avec les autres et de ne pas vivre une vie égoïste.
En synthèse, réussir sa vie en tant que chrétien, c’est vivre dans la joie, dans la paix, dans l’assurance, dans la liberté, d’autonomie, dans la domination ; vivre une vie de confiance, de certitude, de calme, de gloire, de succès, de prospérité, de santé, d’élévation, de plénitude, bref, une vie exceptionnelle. C’est aussi découvrir sa mission particulière venant de
Dieu et de la réaliser au point à dire tout comme Jésus : tout est accompli.
Enfin, la réussite de vie en tant chrétien, c’est vivre dans la joie et dans le bonheur sans fin auprès de Dieu (paradis).
III. FACTEURS DE CAUSES DE LA NON-RÉUSSITE DE VIE DES CHRÉTIENS D’AUJOURD’HUI
La question qui se dégage, à la suite des aspects de réussite de vie mentionnés pour le chrétien, est celle de savoir si tous ceux qui se réclament de Jésus Christ laissent percevoir ces aspects de réussite dans leur vie, en commençant par les catholiques ? Est-ce qu’on peut affirmer que les familles chrétiennes témoignent plus de joie, d’harmonie que les autres non chrétiennes ? Est-ce qu’on peut dire que les communautés ou villages ou quartiers ou même pays où il y a une majorité chrétienne, témoignent de plus de paix et de solidarité que les autres à minorité chrétienne ? Est-ce qu’on peut dire les chrétiens qui s’engagent dans les différents domaines de leur vie, témoignent plus de succès et de prospérité que les autres non chrétiens
? Est-ce qu’on affirmer que les bwa qui sont devenus chrétiens, témoignent plus de qualité de vie par rapport aux autres bwa non chrétiens ?
A l’état actuel des choses, rien ne me permet de répondre par l’affirmatif. J’entends, parfois, certaines personnes disent qu’un chrétien ne devrait pas agir de telle manière. Traduit-il l’attente de ces personnes vis-à-vis des chrétiens ? Ou s’agit-il d’une comparaison par rapport à d’autres, d’un observateur externe ? Considérant les aspects qui sont liés à sa nouvelle identité, le chrétien peut-il vivre comme les autres ? En observant de près, autour de moi, j’ai l’impression que les bwa qui sont devenus chrétiens vivent les mêmes situations que les autres. Les facteurs de causes sont multiples et variés. Je vais juste mentionner quelques-uns.
- Ignorance de qui ils sont
Qui tu es ou qui tu veux devenir fait toute la différence. Beaucoup de chrétiens ignorent complètement qui ils sont. Ils ignorent les aspects qui sont liés à leur nouvelle identité, de né de nouveau pour briller, pour manifester la grandeur, la puissance, la bonté, la beauté de Dieu. Ils ignorent le projet de Dieu sur leur vie. Ils ignorent que Jésus Christ a payé très cher sur la croix, afin qu’ils aient une vie de qualité, exceptionnelle, digne, de prince et de princesse. Ils ignorent qu’ils doivent impacter leur environnement, leur société, qu’ils doivent être lumière pour les autres, qu’ils doivent transformer le monde. Beaucoup ignorent pourquoi ils sont devenus chrétiens.
Pour assez de chrétiens, le fait d’être chrétien n’a rien à voir avec leur vie de tous les jours, ils ne voient que le paradis, et oublient qu’ils doivent réussir leur vie terrestre, qui est d’ailleurs la conséquence de ce paradis dont ils rêvent tant. Ils ignorent qu’ils ont d’abord une mission particulière à réaliser dans leur vie terrestre. Et ils ignorent que Dieu, dans son amour infini, a mis tout dans leur disposition pour réussir.
Les conséquences de cette ignorance sont multiples et variées dans la vie des chrétiens d’aujourd’hui : mener une vie de médiocrité, de frustration, d’angoisse, de tribulations, de pauvreté. Beaucoup de chrétiens sont nés de nouveau, il y a plus de 30 ans, voir 40 ans, mais ils sont encore enfant par rapport à tout ce qui est lié à leur nouvelle identité. Ils demeurent toujours enfants, vont parfois d’église en église ; ils remplissent les assemblées de prière ; courent d’après des bénédictions, mais rien ne change dans leur vie, car personne ne veut confier des choses précieuses à un enfant.
Nés de nouveau, beaucoup trainent toujours leur vieil homme derrière eux, c’est-à-dire leur passé avec ses conditionnements, ses croyances limitantes, leurs connaissances inutiles. Et pourtant Jésus Christ leur a demandé de laisser ce vieil homme au pied de la croix, à Golgotha.
- Le ritualisme
Dans chaque religion, il y a des rites, pour célébrer les différents passages indiquant certains moments importants dans la vie du croyant. C’est aussi une manière d’affermir la foi du croyant et d’aider le croyant à vivre les aspects fondamentaux liés à sa religion. Seulement certains frères et sœurs chrétiens limitent leur pratique religieuse à ces seuls rites. Pour le cas de l’Eglise catholique par exemple, il n’est pas rare d’entendre des frères et sœurs dirent, qu’ils ont reçu tous les sacrements qu’il faut, qu’ils vont à l’église chaque dimanche, qu’ils donnent leurs offrandes, qu’ils ne volent pas, ne mentent pas, etc. et pourtant leur vie ne reflète pas les aspects liés à leur nouvelle identité en Christ. Leur pratique religieuse se limite à la célébration des rites, sans aucune transformation individuelle et une vie d’impact réelle sur leur environnement. Au lieu de prendre leur rôle dans le corps du Christ qui est leur communauté ou église, ils se contentent d’être des figurants et vivent leur pratique religieuse pour soi seul. A quoi bon d’être sauvé si c’est pour vivre pour soi seul ou pour sa petite famille.
- Le dogmatisme
Dans l’Eglise catholique, ils existent des dogmes. Ce sont des vérités que l’Eglise, dans son histoire, a défini comme vérités de foi à accepter et à vivre par les fidèles chrétiens. Ainsi, le dogme a une fonction d’orientation, de guide et de protection. Ce qui permet, quelque part d’aller de l’avant et de ne pas toujours revenir sur les mêmes choses.
Seulement certains frères et sœurs chrétiens limitent leurs pratiques religieuses à ces dogmes, sans comprendre le contexte de leur définition et ce qui doit être réellement leur signification dans la démarche du croyant. Ainsi, ils sont restés borner à leur mauvaise compréhension et sont prêts à rejeter toute autre affirmation ne rentrant pas dans leur schéma de compréhension. Ce qui est parfois source de conflits religieux. Sinon, comment comprendre que des frères et sœurs chrétiens se font la guerre par le fait d’appartenir à une telle église évangélique ou de témoins Jéhovah, etc.
- Le spiritualisme
Pour certains frères et sœurs chrétiens, la pratique religieuse est vécue de façon abstraite, c’est-à-dire, sans un lien avec la vie concrète. Le tout se limite au langage sans conformité avec leur agir quotidien. Ainsi, ces chrétiens récitent « je crois en Dieu, en Jésus Christ, en Eglise, en la fraternité universelle, etc. », sans comprendre ni accepter toutes leurs implications dans leur vie quotidienne. Souvent, j’ai l’impression que certains frères et sœurs croient en tout sauf en eux-mêmes ; que lorsqu’ils parlent de frères et sœurs, qu’il s’agit d’une réalité à vivre qu’après la mort.
Comment comprendre que des frères et sœurs de l’Eglise catholique célèbrent l’Eucharistie tous les jours et vivent des situations de misère ? Comment comprendre que des frères et sœurs chantent à tout moment que le Christ les a sauvé et continuent à vivre des situations d’esclavage et d’oppression de tout genre ? Comment comprendre que des personnes que les chrétiens qualifient de fils des ténèbres, se réunissent pour voir comment contrôler le monde, le dominer et orienter l’avenir des peuples entiers, pendant qu’eux chrétiens restent en observateur, se lamentent et procrastinent ?
IV. CONNAISSANCES ET RÉUSSITE DE VIE POUR LE CHRÉTIEN
Après avoir présenté quelques éléments pour une réussite de vie pour le chrétien, il s’agit, maintenant, d’identifier leur lien avec la connaissance.
Connaissances et réussite de vie dans la Bible
Y a -t-il un lien entre connaissances et réussite de vie dans la Bible ?
Le premier passage biblique plus connu, c’est celui de Osée 4,6 : mon peuple périt faute de connaissance. Dans d’autres versions bibliques, il est écrit : mon peuple est détruit par manque de connaissance. Que ça soit par faute ou par manque, le facteur déterminant pour la destruction ou la souffrance du peuple de Dieu, c’est la connaissance, car le texte ne mentionne pas, un
manque de prières ni de jeûne ni d’aumône, ni de la présence de Dieu ni sa puissance. Un lien est établi entre connaissance et destruction du peuple. Ce qui montre l’importance de la connaissance pour le peuple de Dieu pour prendre conscience de qui il est, de comprendre les lois de son Dieu, de connaitre et d’identifier les stratégies, pour se conduire et pour prospérer.
Une autre expression traduisant l’importance de la connaissance dans la Bible, c’est l’expression sagesse. L’expression est utilisée 167 fois dans l’Ancien Testament et 54 fois dans le Nouveau Testament. La sagesse provient de Dieu (Pr.2,6) et l’homme qui la possède est estimé heureux (Pr. 3,7), car elle lui permet de se conduire avec prudence, habileté, de discerner le bien et le mal dans toute situation, et donc de réussir dans la vie. Elle est plus précieuse que l’or (Pr. 16,16). Ici, la sagesse est considérée comme source de vie (Pr. 16,22), gage de réussite pour celui qui la possède. Parmi les rois d’Israël, Salomon est dit roi sage et son succès à gouverner le peuple a été à cause de la sagesse qu’il possédait. La sagesse de Job lui a permis de bien vivre les épreuves de sa vie et par finir d’avoir de la prospérité, d’avoir une vieillesse paisible et de mourir rassasier de jours.
Un autre passage biblique soulignant l’importance de la connaissance, c’est celui de Jean 8, 32 : vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira. A la place de affranchira, on trouve parfois libre, ce qui devient : vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libre. La vérité ici s’oppose à l’apparence des choses, à l’erreur, au mensonge et au faux. Quant à la liberté, elle se situe à différents niveaux : liberté par rapport au péché ; liberté l’égard de Dieu ; liberté à l’égard de la loi ; liberté civile ou politique. Le lien entre vérité et liberté, c’est le fait de connaitre. Ce qui souligne l’importance de la connaissance pour celui qui veut être libre, affranchi. L’échec de ceux qui se croyaient sages et savants a été de ne pas s’ouvrir à la vérité qu’a apporté Jésus. Ils sont restés bornés sur leurs seules connaissances et par conséquent, ils se sont eux-mêmes fermés aux vérités qui pouvaient les affranchir. En revanche, ceux qu’eux considéraient comme petits se sont ouverts à ces vérités et se sont affranchis.
Connaissance et réussite de vie pour le chrétien
Comment le chrétien peut réaliser les aspects qui sont liés à sa nouvelle identité sans d’abord les connaitre et les comprendre ? Comment être qui il est, sans connaitre et prendre conscience de qui il est ? En Osée 4,6 il est écrit
: mon peuple périt par manque de connaissance. Au-delà de ce que le peuple Israël a vécu dans son histoire propre, je vois toutes les situations et évènements que le chrétien d’aujourd’hui vit et qui ne sont pas conformes à sa nouvelle identité. Ce sont toutes des situations qui ne laissent pas voir la puissance de Dieu, la grandeur de Dieu, la bonté, la beauté et la gloire de Dieu. D’où la nécessité pour le chrétien d’acquérir la connaissance, non seulement pour ne pas périr dans les différents domaines de sa vie, mais aussi pour être des canaux de bénédictions divines pour les autres et pour manifester la gloire de Dieu au monde, afin d’attirer tous les hommes vers Dieu.
L’acquisition des connaissances présentent assez d’avantages pour le chrétien, entre autres :
- La désillusion : la connaissance permet au chrétien de savoir que Dieu est fidèle à sa parole, qu’il a mis à la disposition de l’homme des lois et des principes qu’il faut respecter pour obtenir ce qu’il veut de bien pour lui-même et pour les autres.
- La maladie : la connaissance permet au chrétien de savoir que Dieu en lui ne peut pas tomber malade et que sa propre parole peut le rendre malade. C’est toute la force de la parole exprimée dans les premières pages de la genèse dans la Bible. Et aussi, pour ne pas tomber malade il faut obéir à certains principes qui sont disponibles.
- La souffrance physique : la connaissance permet au chrétien de ne pas normaliser la souffrance dans sa vie, que Dieu en tant qu’amour ne peut pas prendre plaisir de le faire souffrir. Ce qui lui permet de prendre ses responsabilités, de prendre sa destinée entre ses mains.
- Victime d’escroquerie : l’escroquerie devient une manière, pour certaines personnes, de gagner leur vie. Même au niveau religieux, on retrouve des formes d’escroqueries. Par exemple, maintenir les
fidèles dans l’ignorance pour mieux servir ses propres intérêts. La connaissance permet au chrétien de bien calculer, d’analyser avant de se lancer dans certaines entreprises et après dire que c’est la volonté de Dieu. Proverbes 14,15 dit : l’homme simple croit tout ce qu’on dit, mais l’homme prudent est attentif à ses pas.
- La crainte/peur : la connaissance permet au chrétien de ne pas paralyser ses actions par la crainte, et donc de libérer son génie créateur qui se cache en lui-même. Jésus di : n’ayez pas peur, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps. La connaissance lui permet de ne pas vivre en permanence avec des soucis et d’être rassuré, confiant, de ne pas paniquer, car Jésus dit : mêmes les cheveux de vos têtes sont comptés.
- Une perte de temps : la connaissance permet au chrétien de ne pas réinventer la roue, comme on aime le dire ; c’est-à-dire d’utiliser les connaissances qui sont disponibles, de ne pas reprendre les mêmes erreurs du passé et donc de gagner du temps.
- Une perte d’argent : la connaissance permet au chrétien d’avoir des informations nécessaires sur l’entreprenariat avant d’investir son argent et entrainer d’autres personnes avec. Ce qui lui fait minimiser les risques de perte d’argent.
- La dépendance : la connaissance de certaines techniques permet aux chrétiens de ne pas vivre une certaine dépendance vis-à-vis d’autres nations par exemple.
- La pauvreté : la connaissance permet au chrétien de mieux comprendre la déclinaison de certains passages bibliques et de ne pas attribuer sa situation de pauvreté à la volonté de Dieu. A ce niveau, je conseille la thèse du pasteur Athanase, sur : Le chrétien, la richesse et réussite de vie, de l’université virtuelle du coaching intégral. En substance, pour ce qui concerne la pauvreté, cette thèse démontre qu’elle est un accident dans la Bible. Et quant à l’argent, le chrétien doit le chercher pour accomplir convenablement l’œuvre de Dieu.
- Les croyances limitantes : la connaissance permet au chrétien de ne pas être sous le poids de certaines croyances populaires venant du milieu familial, culturel ou liées au genre. Par conséquent d’être libre et de réussir dans certains domaines de la vie.
Ce sont là quelques exemples pour montrer ce qui peut être quelques avantages de la connaissance pour le chrétien et d’ailleurs pour tout homme, comme dit Proverbes 19,2 : le manque de science n’est bon pour personne, et celui qui précipite ses pas tombe dans le péché.
Je ne peux pas dire que les chrétiens ne possèdent pas de connaissances, mais leur vie témoigne-t-elle de réussite de vie ? La question qui se dégage, c’est de savoir quelle connaissance ont-ils vraiment besoin pour manifester une réussite dans leur vie ?
CHAPITRE 3 : CONNAISSANCE ET RÉUSSITE DE VIE DANS LA VISION DU COACHING INTÉGRAL
Dans le premier chapitre de cette partie, nous avons vu que chez les bwa du Mali, la connaissance est le moyen qui permet à la personne d’entreprendre le chemin de réalisation et d’accomplissement de soi, c’est- à-dire, à ne pas perdre la vie reçue de Dieu et des ancêtres.
L’accent est plus mis sur cet aspect et non sur le succès dans les différents domaines de la vie. Malgré cela, le constat est que tous les bwa qui sont restés fidèles aux religions endogènes ne démontrent pas une réussite de vie dans leur être et dans leur agir.
Dans la vision chrétienne, au deuxième chapitre, nous avons vu que la connaissance permet à l’homme de découvrir qui il est réellement et d’assurer sa vocation et sa mission de chrétien. Mais seulement, tous les chrétiens, bwa surtout, ne démontrent pas une réussite de vie tel que décrite, malgré toutes les dispositions prises par l’Eglise catholique.
Des deux cas il y a un lien entre connaissance et réussite de vie. Cependant les causes de la non-réussite de vie des bwa et des chrétiens restent à approfondir en terme même de connaissance et de réussite de vie, pour permettre, non seulement à ces deux entités d’exercer leur libre arbitre par rapport à la réussite de vie, mais aussi à toute personne qui désir réussir sa vie.
Dans le cadre de la collecte des données, nous avons parcouru fondamentalement deux documents, Le coaching l’incontournable école de la vie, UVCDI et L’homme accompli, ATQM SA, 2020, tous du Professeur Emérite Coach Patrick Armand Pognon, et nous avons retenus une notion de
connaissance et de la réussite de vie, le lien possible entre les deux et quelques facteurs de cause de la non-réussite de vie.
Comment le coaching intégral conçoit la connaissance ? Quels sont les domaines d’acquisition de la connaissance ? Quel processus d’acquisition de la connaissance ? Ce sont des questions auxquelles je vais essayer d’apporter des éléments de réponses.
Selon le Professeur Emérite Coach Patrick Armand Pognon, la connaissance est un ingrédient sans lequel la personne n’a rien. Il faut des ingrédients, c’est-à-dire, connaissances dans le domaine de la santé pour être en bonne santé, il faut des ingrédients, connaissances pour être heureux en amour, pour réussir l’éducation de ses enfants, pour ne plus être au chômage, etc. Dans le cadre de la mathématique, les ingrédients sont comme des variables qu’il faut changer ou modifier pour équilibrer l’équation, c’est-à- dire pour être en bonne santé. Les connaissances sont donc un savoir utile, qui permet à une personne d’avoir de l’équilibre dans sa vie et d’être épanoui et heureux.
Et en parlant de savoir utile, il y a une nuance entre connaissance d’une chose et connaissance selon Dieu. Par exemple, il y a des connaissances dans le domaine de la santé, c’est-à-dire, ce qui est découvert, présumé et formalisé au niveau de la santé. Il s’agit là des connaissances d’une chose. Quant aux connaissances selon Dieu, celles-ci vont au-delà des principes et hypothèses établis par les hommes. Ces connaissances permettent de tout réussir dans la vie, car Dieu étant le détenteur de tout pouvoir et de toute connaissance, celui qui a Dieu a tout, pour être équilibré dans sa vie et pour réussir tout dans sa vie. La parole de Dieu dit, si Dieu est pour nous qui peut être contre nous (Rm. 8,31). Ou encore, l’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien (Ps.23, 1). Ainsi, en plus des connaissances d’une chose, il faut être attentif à son être intérieur, être attentif aux personnes qui nous entourent et aux évènements qui interviennent dans notre vie, pour découvrir la voix de Dieu qui nous révèle ce qui est à faire. La parole de Dieu dit, car le Saint Esprit vous enseignera à l’heure même ce qu’il faudra dire (Lc.12, 12).
Comme décrit dan la première partie de notre travail, beaucoup de personnes détiennent de gros diplômes de l’école conventionnelle, il leur revient de se demander s’il s’agit des savoirs utiles ou des connaissances d’une chose, en vue d’entreprendre le chemin des ingrédients qui permettent de réussir leur vie.
I. DOMAINES D’ACQUISITION DE LA CONNAISSANCE
Dans la conception de la connaissance, selon le coaching intégral, je viens de mentionner que la finalité de la connaissance, c’est de permettre à l’homme de réussir sa vie et d’être épanoui. Pour arriver à cet état de vie, le coaching intégral a identifié neuf domaines dans la vie de l’homme, dans lesquels il devra réussir, c’est-à-dire avoir un équilibre. Ces neuf domaines constituent, pour moi, les domaines d’acquisition de la connaissance. Je vais, juste les présenter brièvement.
1er domaine : le développement personnel. Comme son nom l’indique, il s’agit du développement de la personne, le développement ce qu’elle est en réalité. Le développement personnel permet à la personne d’entreprendre un voyage vers son intérieur pour découvrir Dieu en elle. La parole de Dieu dit que toute personne est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn. 1,27). Cela signifie que toute personne porte Dieu en elle.
Plus la personne prend conscience que Dieu est en elle, elle va mener une vie tranquille, paisible, agréable et réussie, car Dieu en elle ne peut pas, par exemple tomber malade, ne peut pas souffrir, ne peut pas être triste, ne peut pas être pauvre, ne peut pas avoir peur (inquiet), etc. Ce qui va changer sa perception sur elle-même. Elle utilisera désormais le chemin du mental pour résoudre les problèmes de la vie qui se posent à elle. Par exemple, lorsqu’on parlera d’envoutement, la personne se rendra compte que Dieu en elle ne peut pas être envoûté. Il s’agit tout comme la pauvreté, elle se rendra compte que Dieu en elle ne peut pas être miséreux. Donc, un changement de sa perception face à ces situations. Le problème devient ici, la perception de la personne, qui au fait, est la conséquence de son ignorance de qui elle est réellement.
2ème domaine : la santé. Dans la vision du coaching intégral, la santé de la personne dépend d’abord de son être intérieur. Il s’agit d’une prise de conscience de qui elle est, d’une prise de conscience de la force intérieure en elle, qui une fois activée peut lui permettre d’être en parfaite santé. En effet, comme rapporter par le professeur Emérite Coach Patrick Armand Pognon, dans le coaching l’incontournable école de la vie, « dans les travaux du chercheur et médecin américain PINTAGRAF, président de la société américaine de lutte contre le cancer, il révèle qu’à l’intérieur de l’être humain, une force existe qui, si elle est activée peut venir à bout de toute maladie ».
Ici, le coaching intégral aide la personne à prendre conscience de cette force intérieure en elle-même et des stratégies pour la maîtriser. Une des stratégies, c’est d’aider la personne à avoir une bonne perception d’elle-même; à avoir des ambitions pour son futur ; à se sentir responsable au lieu de se plaindre tout le temps ou de s’apitoyer sur elle-même tout le temps ; à avoir de l’amour pour elle-même, de l’amour pour les autres et à pardonner à tout temps. Ce sont des éléments qui influencent la santé de la personne, d’après les travaux du docteur Carl O Simonton. Donc, en plus des connaissances conventionnelles qu’offre la médecine, le coaching intégral permet d’avoir accès à d’autres connaissances pour vivre toujours en pleine santé.
3ème domaine : l’argent. Dans notre société d’aujourd’hui la place de l’argent devient toujours plus grande, car pour obtenir beaucoup de services et satisfaire assez de besoins il faut de l’argent. C’est vrai que l’argent ne fait pas le bonheur, mais il contribue énormément à une certaine tranquillité. Imaginez l’état d’âme un père de famille qui n’arrive pas à payer le loyer à la fin du mois, ou qui n’arrive pas à amener son enfant pour des soins de santé, ou encore qui n’arrive jamais à contribuer dans son église, dans des différentes associations auxquelles il adhère, tout simplement par manque d’argent.
Les causes du manque d’argent sont certes, multiples et diverses. Une des causes peut être un manque d’éducation financière, c’est-à-dire des connaissances dans le domaine des finances. Ici, le coaching aide la personne à comprendre et à appliquer une discipline financière, c’est-àdire une
discipline d’épargne et d’investissement, des bonnes habitudes financières et les règles financières. Sinon, il y a beaucoup de personnes qui gagnent assez d’argent, mais éprouvent d’énormes difficultés à joindre les deux bouts du mois, comme on le dit en langage ordinaire.
Dans la vision du coaching intégral, quatre règles principales sont indiquées dans le domaine de l’argent. La première règle, c’est le plaisir de gaspiller une partie de son argent, pour ressentir la joie et le plaisir d’avoir de l’argent (une manière de lancer une commande d’argent à l’univers) et en avoir toujours plus d’argent. Ce qui va augmenter l’estime de soi et la valeur de soi. La deuxième règle, c’est le plaisir de donner une partie de son argent, une manière de faire du crédit à l’univers, car il faut donner pour recevoir. La troisième règle, c’est d’épargner une partie de l’argent que la personne gagne, c’est la loi de l’épargne pour saisir les opportunités d’investissement, en vue d’avoir plus d’argent. La quatrième, c’est le plaisir de dépenser dans les limites du reste, une manière de contenir ses dépenses à 40% de ses revenus, pour devenir plus riche.
4ème domaine : les relations de couple. De plus en plus nous entendons parler de violences conjugales sur les réseaux sociaux, des séparations et des divorces dans le cadre formel et informel. Ce sont là quelques signes extrêmes qui montrent que, ce que les personnes ont estimé gagner dans le mariage n’est plus là, autrement j’estime que les personnes ne se marient pas en vue de se séparer le lendemain ou quelque temps après.
Dans la vision du coaching intégral, vivre heureux dans un mariage s’apprend. En effet, pour être heureux avec l’autre il faut d’abord être heureux avec soi, pour être heureux en amour. Cela s’apprend. Et de son rapport avec l’autre (époux/épouse), il faut connaitre la notice de chacun : la femme est dialogue et compassion ; l’homme est action et compétition. Chacun, pour vivre heureux avec l’autre, devra tenir compte de ses aspects dans le quotidien de sa vie. Par exemple pour la femme, l’homme pourrait chaque jour lui dire qu’il l’aime, qu’il aime les différentes parties de son corps ; lui trouver une journée totalement consacrée à elle, pour faire de lui ce qu’elle veut. Cela peut faire
éloigner certaines crises de lamentation, d’humeur et de jalousie chez la femme.
Quant à l’homme qui est action et compétition, il a besoin, par exemple, d’être félicité, d’être célébré, reconnu, valorisé et apprécié. Le critiquer, le rabaisser, ou le diminuer serait une grave erreur de la part de sa femme. En plus de cela, le regard de l’homme est érotisé. En tenir compte permettra à la femme d’attirer l’homme vers elle pour un bon rapport sexuel qui, d’ailleurs aussi s’apprend avec des étapes précises avec certaines caractéristiques.
5ème domaine : les relations parents-enfants. Une chose est de mettre au monde un enfant, une autre est de créer un cadre familial et de maintenir une relation lui permettant d’évoluer normalement et épanoui. A propos, il y a un adage qu’on retrouve chez les bwa du Mali : zaa tenu bè to do a ba varinu : mettre des enfants au monde n’est pas difficile, plutôt de les prendre en charge qui comprend toute l’éducation dont l’enfant a besoin. Juste pour mentionner combien de fois les bwa retiennent très important, en même temps complexe, l’éducation d’un enfant.
De nos jours combien de parents souffrent à cause de leurs enfants. Combien de parents peinent à ne pas savoir quel comportement il faut tenir pour aider leurs enfants à réussir et à être leur fierté. Certains parents dépensent même énormément assez d’argent sans résultats satisfaisants.
Alors le coaching intégral nous apprend que pour réussir l’éducation d’un enfant, cela s’apprend. Quelques aspects de cet apprentissage sont entre autres :
- Voir toujours en enfant une réussite. Le regard peut traduire notre état intérieur, nos pensées, nos émotions, nos convictions.
L’enfant peut percevoir tout cela dans le regard des parents. Au lieu de se lamenter sur la manière d’être des enfants, de les critiquer, il faut plutôt les regarder avec assurance, confiance et fierté pour les faire une réussite.
- Aimer les enfants. C’est vrai, chaque parent aime ses enfants, ce qui est bien normal et même sensé. Cependant traduire cet amour dans la vie quotidienne envers l’enfant n’est pas toujours évident. Une des façons pour traduire cet amour peut être par exemple, dire chaque jour à vos enfants que vous les aimez énormément, que vous avez confiance en eux, que vous êtes fiers d’eux, que vous croyez en eux, qu’ils sont la prunelle de vos yeux. Une autre stratégie, c’est de les embrasser pour leur faire sentir votre affection.
- Accepter leurs échecs. Certains parents sont prêts à sauter sur leurs enfants pour un quelconque échec. Face à un échec, c’est l’occasion de renouveler votre confiance en eux et de les faire comprendre que l’échec fait partie de la vie.
- Dialoguer avec les enfants. Certains agissent comme des dictateurs envers leurs enfants. C’est bien de fixer des règles et des principes pour les enfants, mais aussi créer un climat de dialogue avec eux permet de mieux les comprendre, afin de mieux les aider.
Je pourrais continuer la liste, mais juste pour montrer que la réussite de l’éducation d’un enfant s’apprend.
6ème domaine : l’emploi. Depuis mon école primaire, j’entendais certains parents nous disaient : les enfants, travaillez bien à l’école et avoir un diplôme pour avoir un emploi et subvenir aux besoins de la famille ! Encore, aujourd’hui l’objectif premier et final de certains parents pour leurs enfants, c’est le diplôme. Si le fait d’avoir un diplôme a suffi, à un moment donné, d’avoir un emploi, de plus en plus on se rend compte que le seul fait d’avoir un papier appelé diplôme ne garantit plus l’emploi, du moins pour le cas du Mali.
En plus du diplôme, le coaching intégral enseigne que pour avoir un emploi décent et y demeurer s’apprend. Ces connaissances sont basées sur le caractère, car, le Professeur Emérite Coach Patrick Armand Pognon, rapporte dans, le coaching l’incontournable école de la vie, que plusieurs études en France ont démontré que l’école de Jules Ferry remplit les têtes des apprenants et ne forme pas leur caractère, alors que les entreprises ont,
de plus en plus, besoin des personnes de caractère et non des têtes inutilement remplies.
Ainsi, en plus du diplôme, il faut avoir des compétences personnelles qui exigent de bien travailler son développement personnel ; des compétences humaines sur l’intégrité, le professionnalisme, la capacité d’être et de travailler en équipe, une facilité à communiquer avec les autres ; des compétences relationnelles, c’est-à-dire une capacité à développer avec les autres, des relations orientées solutions. Tout cela s’apprend progressivement et il est possible d’acquérir ces compétences, minimum soient elles. Autrement, avec la fluctuation des employés sur le marché du travail, on peut avoir un emploi et le perdre après, parce que je pense qu’aucun employeur n’a le plaisir de vivre tous les jours avec un employé toxique, non intègre, non professionnel et impossible à vivre avec les autres employés.
7ème domaine : le leadership. Dans notre vie, nous sommes appelés à exercer le leadership à différents niveaux, soit en famille (dans le rapport entre époux et épouse, avec les enfants, avec les employés de la maison), dans des associations et groupements (rapport avec les membres), dans les services (rapport avec le personnel), dans des communautés (rapport des chefs avec les membres du groupe), dans les églises (rapport des responsables avec les autres), etc. Comment réussir son leadership dans tous ces domaines ? Dans la vision du coaching intégral, cela s’apprend. On peut trouver plusieurs documents traitant le sujet ou plusieurs personnes enseignants sur le sujet, mais le coaching intégral fonde son enseignement sur trois choses, à savoir, moi, les autres et les relations pour un leadership conscient et efficace.
Le moi, ici, indique l’identité du leader, son rôle et sa responsabilité de leader. Il lui faudra donc prendre conscience de qui il est, corriger ses perturbations si nécessaires, pour pouvoir exercer son leadership sur les autres. Quant aux autres, il s’agit de la reconnaissance, de la considération, de l’importance et de la valeur à accorder à ceux sur lesquels le leader veut exercer son leadership. Donc, il faut une prise de conscience du leader de ces aspects,
autrement il peut exercer une autorité sur les autres et non un leadership conscient et efficace.
Lorsque Jésus recommande à ses disciples de ne pas faire comme les chefs des nations, qui commandent en maître et font sentir leur pouvoir, ne s’agit-il pas d’un leadership conscient et efficace qu’il leur recommande ? S’agissant des relations, il s’agit de privilégier l’atteinte de l’objectif de la relation. Ce qui permet de dépasser une simple connaissance des personnes et aussi de perdre de temps sur des futilités.
Ces trois conditions permettent au leader d’exercer son leadership pour influencer les autres. En effet, lorsque le leader accorde de la reconnaissance, de l’importance, de la considération, de l’appréciation et de la confiance aux autres, ceux-ci accordent en retour un pouvoir au leader qui peut, alors les influencer. C’est une manière de se mettre au service des autres sincèrement et avec amour. Lorsque Jésus demande à ses disciples que personne ne s’octroie le titre maître, plutôt serviteur, on peut comprendre qu’en réalité le titre de maître viendra des autres, de leur approbation de la manière de celui qui veut être maître vis-à-vis d’eux. Le coaching intégral identifie 13 qualités que le leader doit cultiver et décliner, en fonction de son niveau et espace de leadership :
- Avoir une vision clairement définie que les autres peuvent lire en rentrant, par exemple chez lui au bureau,
- Une mission explicitement définie,
- Des valeurs précises non négociables, portant sur le respect de soi, des autres, l’honnêteté, la sincérité, etc.,
- Une délégation du travail, encourageant la prise de risque et le droit à l’erreur,
- Dialoguer avec les autres pour trouver les meilleures idées pour les meilleures solutions,
- Formation permanente et continue personnelle et des employés,
- Décider après consultation et écoute,
- Présence et recueille d’informations pour une ouverture au monde,
- Capacité du sens critique, des remises en cause, des contradictions, sans perdre de vue la vision et la mission,
- Ecouter les clients, le marché, la concurrence, s’inspire et oser,
- Investir sur le moyen et à long terme,
- Défendre le résultat, l’engagement et savoir partager les fruits du travail, sans recherche d’honneur.
8ème niveau : la stratégie. La vie nous présente parfois des situations conflictuelles à résoudre, comment alors faire, quelle stratégie utilisée ? Quelle stratégie utilisée pour atteindre nos objectifs ? Le coaching intégral nous présent deux stratégies : celle Machiavel et de celle de Sun Tzu. Sans entrer dans les détails, la première consiste à détruire l’autre, à lui faire du mal, à l’effacer, etc. Tandis que la deuxième, est l’art de gagner sans combattre. En situation de guerre, elle consiste à amener l’ennemi à abandonner la bataille sans combattre. L’avantage de cette théorie, c’est de pouvoir mettre fin à une situation d’inimité ; pendant que la première, celle Machiavel peut la perpétrer, car comme on aime le dire, celui qui sème le vent doit s’attendre à la tempête. Ou encore, celui qui règne avec l’épée périra par l’épée. Je peux comprendre ici, pourquoi
Jésus Christ avait dit à Pierre de ne pas utiliser son épée pour le défendre.
Chez les bwa du Mali, on fait parfois recours à cette expression : sunbaro ci ta’o, a uwe nyan talo, to mi wuré a sunbala bianyun : si un âne te donne un coup de patte et si toi aussi, tu lui donnes un coup de pied, alors vous êtes tous deux des ânes. Une manière de dire de ne pas utiliser la même stratégie de l’ennemi en face, au risque de perpétrer la situation, plutôt utiliser une stratégie qui permettra à l’autre de prendre conscience de l’incohérence de son agir par rapport au vivre ensemble.
9ème domaine : l’entreprenariat et les affaires. De plus en plus j’entends parler d’entreprenariat et des affaires, surtout pour les jeunes. Mais qu’en est-il réellement ? Pourquoi entreprendre ? Pourquoi faire des affaires et qu’est-ce
que cela signifie exactement ? Comment si prendre ? Comment faire ? Ce sont là des détails qu’il faut avoir pour se lancer dans l’entreprenariat et dans les affaires, pour espérer réussir. Sans entrer dans les détails, il s’agit de chercher à résoudre des problèmes des gens, c’est à-dire, trouver des solutions à leurs différents problèmes. Il faut alors se dire, quels sont les problèmes que les gens rencontrent ? Quelles sont les solutions possibles ? Ces solutions constitueront le marché, les affaires et le busines.
Nous sommes nombreux à être victimes, soit directement ou indirectement, de la faillite des soi-disant affaires d’un parent ou d’un proche, tout simplement par ignorance dans le domaine.
II. PROCESSUS D’ACQUISITION DE LA CONNAISSANCE
Le processus ici, est la manière ou la méthodologie pour acquérir la connaissance. Je vais juste me limiter à trois.
1. Le non-savoir
Selon le Coach Patrick Armand POGNON, « le non-savoir est un système d’apprentissage dans lequel une personne consciente de ne pas tout savoir reste ouvert et disponible pour acquérir de nouvelles connaissances ». C’est une manière d’ouvrir ses connaissances déjà acquises à de nouvelles connaissances, d’ouvrir sa perception à d’autres manières de percevoir la même réalité, d’ouvrir son champ de vision à un autre horizon, d’ouvrir sa manière de concevoir pour voir d’autres manières de concevoir, bref, c’est une manière de ne pas s’enfermer dans la certitude du déjà connu. Ce qui permet à la personne de progresser, d’évoluer et ouvre ses chances de réussite. En effet, les connaissances d’hier nous ont permis d’être là où nous sommes aujourd’hui ; pour passer de là à un autre niveau, il nous faut de nouvelles connaissances. Autrement, il y a un risque de stagnation, et comme une des lois de la nature, c’est le mouvement, tout ce qui ne bouge pas ou qui n’évolue pas ou encore qui ne croit pas, finit par s’atrophier et mourir. Le non- savoir est donc une condition sine quoi non d’apprentissage et d’avancement dans la vie. Il s’oppose à la certitude, qui est comme une maladie mortelle.
La certitude, qui consiste à jouer au « je connais tout », fonctionne avec un paradigme. Bob Proctor dans son livre, Change ton paradigme, change ta vie, définit le paradigme comme « une multitude d’idées imprimées dans l’inconscient ». Ces idées créent des habitudes dans l’inconscient et s’expriment sans la pensée consciente. En effet, ces idées fixes des règles pour filtrer toute information qui parvienne à la personne, et délimitent les frontières à l’intérieur desquelles la personne admet ce qui est possible. Ainsi, est vrai, pour la personne, que ce qui est conforme aux règles fixées, et est possible que ce qui est à l’intérieur des limites tracées.
Si la personne admet le non-savoir comme un paradigme parmi tant d’autres, il sera profitable pour elle. Par exemple, dans les rapports entre époux et épouse, le non-savoir peut leur permettre de ne pas se limiter aux connaissances qu’ils ont déjà l’un de l’autre, plutôt d’être toujours ouverts et attentifs l’un à l’autre, pour détecter des changements qui surviennent dans leur vie, pour apprendre une manière d’être avec l’autre, et par conséquent, aider à un meilleur vivre ensemble.
Au niveau des services, le non-savoir permet d’éviter, de façon négative, les expressions comme, « je connais mon patron », « je connais mes employés ». Prononcer de cette manière, il y a un risque de voir l’autre toujours avec les mêmes lunettes et de le juger comme tel. Ce qui, non seulement ne permet plus de percevoir ses efforts de changement, inhibe toute confiance de grandir pour l’autre, et finalement l’emprisonne. Ce qui ne rend pas les relations interpersonnelles dynamiques et ferme toute opportunité pour certaines personnes à donner le meilleur d’elles-mêmes.
Combien de services évoluent lentement, et parfois même pas, parce que tout seulement les gens sont dans la certitude de connaitre les uns les autres, ou parce que certains se croient tout connaitre et n’ont plus rien à apprendre des autres. Ils continuent à répéter les mêmes choses et s’étonnent, pourtant, que rien ne marche. C’est l’idée de l’insensé dans la Bible ou de la folie, car le fou/folle est celui qui continue éternellement à faire les mêmes choses et espère des résultats autres. Or, j’ai appris qu’en physique, que les mêmes causes produisent les mêmes effets, dans les mêmes conditions
normales de température et de pression. Combien de relations interpersonnelles sont devenues fades ou pourrissent parce que les personnes sont dans la certitude de se connaitre et de tout connaitre.
Au niveau religieux, le non-savoir peut permettre aux adeptes d’une religion de ne pas rester accrocher à leurs seules connaissances personnelles, ou de ne pas se contenter aux seuls enseignements donnés par certains chefs religieux, ou encore de ne pas limiter leurs réflexions aux seules vérités de leurs appartenances religieuses. Ce qui aiderait certains adeptes à grandir dans leur vie de foi au lieu de rester toujours bébés dans la pratique de leurs convictions religieuses. Aussi, à ne pas vivre certains mensonges de certains chefs religieux et à réduire certains conflits interconfessionnels.
Aux bwa qui sont restés fidèles à leurs traditions, le non-savoir peut leur permettre d’apprendre du contexte actuel de leur vie et du contexte global de l’humanité. Ce qui permettrait de décliner leurs connaissances d’hier et de mieux profiter des opportunités qu’offre leur contexte de vie actuel.
L’Eglise catholique recommande aux chrétiens, d’être attentifs aux signes des temps et d’être ouverts aux appels de l’Esprit Saint. Les signes des temps, ce sont des situations et des évènements qui peuvent traverser la vie individuelle et collective du chrétien et des chrétiens, à travers lesquels le chrétien peut tirer des leçons pour mieux se conduire et aussi à travers lesquels il peut percevoir l’appel de Dieu à faire le bien et à éviter le mal.
Quant à l’ouverture au Saint Esprit, il s’agit pour le chrétien d’être attentif à cette petite voix qui rayonne au plus profond de lui-même et qui l’appelle à œuvrer pour son vrai bien et pour celui des autres. C’est une invitation du chrétien à vivre le non-savoir et à profiter des immenses connaissances que Dieu met à la disposition de tous, à travers la vie elle-même, l’essence de chacun, les situations et les évènements de la vie individuelle et collective, etc. Mais j’ai l’impression que les chrétiens ne vivent pas suffisamment cette réalité du non-savoir.
Par exemple, au mois de mai passé, en entendant des multiples plaintes de beaucoup d’enseignants d’une école privée catholique par rapport à la vie
chère au pays, j’avais voulu partager avec eux les quelques informations que je possédais sur la gestion du revenu financier. J’avais donc estimé que les bases d’une éducation financière pourraient les aider à mieux situer leurs plaintes. Ainsi, j’avais organisé une formation que j’avais dénommée : prospérité financière. Le contenu était, fondamentalement, les aspects métaphysiques et physiques de l’argent. La formation était totalement gratuite et accessible. Seulement les 1/3 étaient présents. Plusieurs raisons pouvaient expliquer leur absence, telle que le fait que notre système scolaire nous a, quelques fois, rempli la tête avec des connaissances inutiles. Cependant, pourquoi ne pas sacrifier trente minutes pour aller écouter quelqu’un qui vous promet de vous aider par rapport à vos plaintes ? Quelques parts, n’est-ce pas le fait qu’ils pensent tout connaitre ? Et pourtant ce sont eux qui crient tout le temps, qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts du mois par leur salaire.
Pour se contenter eux-mêmes, parfois, certains parmi eux prônent que leur métier est le plus noble de tous les autres, que même celui qui est aujourd’hui ministre ou président d’une république, c’est un enseignant qui les a enseigné. Ce qui est bien juste, mais certains oublient que ce ne sont pas peut être des enseignants qui se plaignent tout le temps et refusent d’acquérir toute autre connaissance comme eux. Aussi, je ne m’oppose pas que l’enseignement soit un métier noble, mais pourquoi se plaindre tout le temps et ne veut rien savoir autre ? Et à quoi sert d’exercer un métier dit noble durant 40 ans et vivre tout ce temps une existence déséquilibrée, parfois même dépourvue d’un minimum de bien-être. Ici, ce sont des chrétiens avec des diplômes et qui sont sensés comprendre vite selon moi.
Ceux qui détiennent de gros diplômes et qui ne sont pas satisfaits de leur vie, le non-savoir peut leur permettre d’ouvrir les connaissances liées à leurs diplômes à d’autres connaissances pour une vie équilibrée et épanouie. Ou encore ceux qui ont des diplômes et qui cherchent un emploi, le non-savoir peut leur permettre d’acquérir d’autres connaissances qui leur ouvriront des opportunités d’emplois.
Au niveau économique, le non-savoir peut permettre d’acquérir d’autres connaissances qui donneront des chances d’affaires et de busines. Un jour, j’ai fait un constat qui m’a moi-même surpris. Pendant que j’étais convaincu qu’il suffisait d’avoir un diplôme scolaire pour réussir financièrement, je m’étais rendu compte que la personne qui avait plus réussi dans les finances dans mon village, n’avait jamais fait, même une journée, sur les bancs d’une école. J’ai voulu ensuite partager ce constat avec un de mes jeunes frères, en vue de l’aider à revoir sa vie financière. Mais, sans aller rester auprès de cette personne pour apprendre un peu d’elle, comme je lui avais suggéré, ne serait- ce une heure de temps, il m’a juste répondu que cette dernière a la chance et il était convaincu de cela. Combien sommes-nous à se retrouver dans cette situation, à être bloquer et ne pas pouvoir profiter des opportunités de la vie
? C’est vrai, il peut avoir un facteur de croyances comme cause, raison de plus de la nécessité du non-savoir.
Au niveau de la santé, le non-savoir permet d’être flexible et d’accepter des soins proposés par un personnel sanitaire. Les travaux du docteur Simonton montrent qu’il est impossible de guérir quelqu’un qui n’est pas dans le non- savoir. Si la personne n’est pas prête à modifier sa perception sur elle-même, sur sa maladie, comment alors lui porter secours ?
L’attitude du non-savoir est une meilleure attitude pour acquérir de nouvelles connaissances, pour être toujours et avoir le meilleur, donc pour réussir dans la vie.
2. La formation
En synthèse, je viens de dire que, le non-savoir est une disposition indispensable pour accueillir toute nouvelle connaissance. Le pas suivant, c’est la formation. Il s’agit d’apprendre, c’est-à-dire, acquérir et découvrir de nouvelles connaissances, ou actualiser les connaissances déjà acquises. La finalité de la formation, c’est devenir une nouvelle personne, en ayant une autre manière d’être et d’agir. Pour y arriver il faut se façonner pour cette nouvelle manière d’être et d’agir. Cela nécessite d’identifier là où nous nous trouvons et là où nous voulons aller, et travailler pour y arriver, c’est-à-dire, se
doter des connaissances et des moyens pour changer notre manière d’être et d’agir.
Le coaching intégral utilise expressément l’expression, déménagement mental, une manière d’impacter notre inconscient qui influence notre vie de 96% à 98% et de remplir notre conscient qui influence notre vie à 4%. Pour réussir ce processus, il faut se former continuellement et de façon permanente. Chacun peut le faire de plusieurs manières : la lecture, l’écoute, les fréquentations, les voyages, le partage d’expériences, le suivi des séminaires, le suivi des enseignements sur des thématiques, le suivi des cours structurés, etc.
Dans la Bible, on raconte que le peuple Israël a fait 40 ans au désert avant d’entrer dans la terre que Dieu leur avait promise. Je vois là un temps de formation, une manière de les aider à ne pas reproduire les mêmes attitudes qu’ils avaient avant, au risque de créer des situations d’esclavage entre eux, même étant libérés de l’esclavage en Egypte.
Dans l’histoire du même du peuple, la Bible décrit que Moïse, un des leaders de ce peuple, avait fait 40 jours sur le mont Sinaï, à la fin desquels il est redescendu avec la table des lois. Je vois aussi là, un temps de formation pour aider Moïse lui-même à comprendre l’esprit de ces lois, à les vivre à les transmettre à tout le peuple. Dans la Bible, il est aussi écrit que Jésus Christ, après son baptême a fait 40 jours et 40 nuits au désert. Également là, je vois un temps de formation pour façonner sa manière d’être et d’agir par rapport à sa mission.
La formation concerne tous les domaines de la vie de l’homme. Le coaching intégral a identifié 9 domaines dans la vie de l’homme. Ils constituent des domaines de formation, en fonction des besoins réels. Par exemple, se former dans le domaine du développement personnel, c’est apprendre qui nous sommes, des forces qui sont en nous. Ce qui peut nous aider à changer notre perception sur nous-mêmes, et à augmenter notre confiance et notre estime en nous-mêmes. Nous pouvons ainsi chasser progressivement nos
perturbations et par conséquent nous pouvons développer une source de bien-être et de succès dans la vie.
Au besoin, chacun doit se former dans tous les domaines. Celui qui veut être heureux en amour, il devra se former sur le vivre à deux ; celui qui veut la paix, il devra de former sur pourquoi et comment construire la paix avec soi et avec les autres ; celui veut prospérer dans les finances, il devra se former dans les affaires, etc. Pour réussir dans les domaines de formation, le coaching intégral exige la discipline, c’est-à-dire, mettre en pratique le contenu des formations, car on peut avoir reçu toutes les formations du monde, mais sans les appliquer aucune transformation ne se fera.
Quant à l’âge pour se former, il n’y a pas un âge déterminé, à tout moment, nous sommes appelés à se former pour être mieux et pour être le meilleur.
S’agissant des outils, en plus des formations académiques professionnelles multiples et variées que nous pouvons avoir dans différents pays, l’association FIAD – monde met à la disposition de tous ses membres, plusieurs outils de formations : des tonus matinaux, des formations hebdomadaires à travers des cliniques de la santé du bien-être et des gens heureux, des formations hebdomadaires, des séminaires, des formations professionnelles, plusieurs documents, etc. Tout cela pour aider à façonner une manière d’être et d’agir.
3. La programmation
Je viens de mentionner que la finalité de la formation, comme processus d’acquisition des connaissances, c’est façonner notre manière d’être et d’agir. Aussi, j’ai mentionné que notre inconscient influence notre vie de 96% à 98%. Ainsi, pour façonner notre manière d’être et d’agir le coaching intégral nous propose la programmation et la reprogrammation.
Dans la première partie de cette réflexion, il est mentionné que chaque personne est programmée depuis la naissance, à travers l’éducation, les formations, la vie en société, l’expérience personnelle de la personne et de tout ce qu’elle apprend. Certaines informations ou manière de penser et de
faire, à travers le processus de connexions neuronales, créent des automatismes et vont fonctionner sans la pensée consciente de la personne. Ainsi, pour façonner une nouvelle manière d’être et d’agir, il faut impacter l’inconscient, à travers les différents mécanismes décrits plus haut. Parmi ces mécanismes, il y a la répétition.
Programmer, c’est donc de répéter ce que la personne désire voir se réaliser dans sa vie ou dans la vie des autres, jusqu’à atteindre l’inconscient. C’est une manière de donner des directives à réaliser pour l’inconscient. Une fois l’idée acceptée par l’inconscient, celui-ci va commencer par le mettre en pratique dans la vie de la personne. C’est à ce niveau que s’exprime le pouvoir de l’inconscient, largement étudié par plusieurs auteurs, tel que Joseph Murphy.
L’inconscient est réceptif. Il ne réagit pas, il ne fait pas de nuance, il n’analyse pas, il ne connait pas la négation, il ne raisonne pas, il ne fait pas de différence entre les différentes suggestions, il accepte tout en bloc. Il est comme un téléphone qui ne fait pas une différence entre un bonne et mauvaise parole, il reçoit toute parole. A ce niveau les travaux de John Grinder et de Richard Bandler, sur la programmation neurolinguistique sont très édifiants. Neuro, parce que ce que la personne communique à son inconscient repose, en fait, sur le fonctionnement de son système nerveux. A travers ses cinq sens, les informations lui parviennent par le mécanisme du fonctionnement des neurones. Linguistique, parce que c’est le langage qui structure et reflète la manière de penser, véhicule l’expérience, la perception et les représentations du monde de la personne. Ainsi, en reprenant l’exemple du téléphone, ce que l’inconscient a accepté de bon ou de mauvais pour la personne, il va le réaliser dans la vie concrète de cette personne.
Le petit truc, c’est que tout ce que l’inconscient d’une personne a accepté depuis sa tendre enfance ne facilite pas toujours son épanouissement et son bien-être. Certaines choses que la personne a appris, perçu, cru et pensé constituent des perturbations, c’est-à-dire des choses qui peuvent déséquilibrer la vie de la personne. La bonne nouvelle, est qu’l n’y a pas une perturbation qui ne peut pas être corrigée, à travers la reprogrammation. La personne peut donc reprogrammer une information, une idée ou une perception ou encore une représentation du monde déjà acceptée par l’inconscient par des phrases conscientes, au procédé de l’autosuggestion. Par exemple, la maladie, la pauvreté, le chômage, la chance, la joie, etc., tout cela est d’abord dans le cerveau de la personne. En cas de perturbation la personne a besoin de reprogrammer le cerveau en vue d’avoir, par exemple plus de santé, de prospérité financière, de joie, de paix, bref, un certain équilibre dans sa vie et d’être meilleur et avoir le meilleur.
Juste ces quelques lignes, pour expliquer pourquoi la programmation ou la reprogrammation est indiquée parmi des méthodes d’acquisition de la connaissance pour la personne.
III. NOTION DE RÉUSSITE DE VIE
Aujourd’hui, lorsqu’on aborde le thème de réussite de vie, les avis sont divisés et parfois controversés. Tantôt la réussite de vie est abordée seulement dans le cadre du succès dans les finances, tantôt par le fait de vivre ce que la personne aime, vivre sa vie comme on aime parfois à le dire ; dans le domaine philosophique, il constitue parfois un sujet à débat avec des positions différentes.
Dans les traditions des bwa du Mali, comme mentionné plus haut, la réussite de vie comporte deux dimensions : une dimension visible et invisible. Celle visible, c’est l’être et l’avoir de la personne dans le monde des humains visibles. Et celle invisible est une vie paisible et tranquille avec les parents qui sont morts et qui vivent dans le monde invisible. Cette dimension est la conséquence de la première.
Dans la vision chrétienne la réussite de vie repose aussi sur deux dimensions: terrestre et transcendantale. Celle terrestre concerne l’existence de l’être humain dans l’espace et dans le temps, où il doit assumer sa mission et sa vocation d’homme et de chrétien. Celle transcendantale se réalise après la mort, elle est d’une vie de paix, de joie et de bonheur éternel avec Dieu.
Le coaching intégral a identifié 9 domaines qui sont fondamentales dans la vie d’une personne. L’équilibre dans ces domaines permet à la personne d’être épanouie et donc de réussir sa vie. En un mot, une réussite de vie constitue, dans la vision du coaching intégral, un équilibre dans ces 9 domaines : avoir une perception juste de soi, de ses capacités, potentialités et compétences ; avoir un fonctionnement harmonieux de son organisme ; avoir de l’argent pour satisfaire, au moins, des besoins vitaux ; être heureux en amour ; faire des enfants une réussite certaine ; mener une activité qui respecte sa propre personne avec un revenu minimum conséquent ; mener à bien ses différentes responsabilités ; réussir ses objectifs et gérer les différents dans le respect de l’autre ; aider à résoudre les différents problèmes qui se posent aux gens. L’idée ici, n’est pas de sacrifier un domaine au profit d’un autre. Par exemple, faire beaucoup d’argent en sacrifiant sa santé ou en sacrifiant les autres ; ou encore avoir beaucoup d’argent en sacrifiant ses responsabilités familiales. Je sais que chercher un équilibre dans ces domaines n’est pas facile, mais je préfère cet idéal, car il donne accès, sans l’affirmer ouvertement, à la deuxième dimension de vie réussie chez les bwa du Mali et d’une vie de bonheur éternel avec Dieu dans la vision chrétienne d’une vie réussie.
En synthèse, je viens de mentionner que, dans la vision du coaching intégral, la réussite de vie est conçue comme un équilibre dans les 9 domaines dans la vie de l’homme. Pour avoir cet équilibre, il faut se façonner pour une nouvelle manière d’être et d’agir. Or, la finalité des connaissances, telle qu’évoquée, c’est de permettre à la personne de devenir une nouvelle personne, en ayant une manière d’être e d’agir. La connaissance constitue, ici, un facteur indispensable pour une réussite de vie. Par exemple, pour réussir en affaire, il faut avoir des connaissances dans les finances, en entreprenariat, qu’elles soient formelles ou informelles. Aussi, pour être heureux en amour, il faut avoir des connaissances, minimum soient-elles, en bonheur conjugal. On y trouve des thématiques comme, connaitre la notice de l’homme et de la femme ; connaitre et vivre les trois étapes de la vie d’un couple ; qu’est-ce que l’homme et qu’est-ce que veut la femme, etc.
Je crois que tout homme veut vivre dans la joie, dans la paix, bref heureux et réussir sa vie, sauf en cas d’anomalie. Et pourquoi tous n’y arrivent pas ? Pourquoi, malgré certaines opportunités mises à la disposition de certaines personnes, celles-ci n’y arrivent pas toujours ? N’ont-elles pas perçu dans ces opportunités le chemin qui mène à leur joie, à leur paix, à leur réussite et leur bonheur ? Une personne peut-elle percevoir son bien et choisir autrement ? Voici autant de questions qui me poussent à faire cas de quelques facteurs, qui pour moi, peuvent empêcher une personne d’avoir un équilibre dans sa vie. Cet équilibre se fonde sur les 9 domaines identifiés par le coaching intégral.
1. L’ignorance
Le dictionnaire Robert définit l’ignorance, par le fait de méconnaitre, de manquer de connaissances en éducation, d’incompétence particulière à un sujet. Je retiens, dans cette définition, trois déclinaisons. La première c’est le mot méconnaitre : j’y déduis le fait de ne pas être au courant de quelque chose ; le fait de ne pas avoir ou détenir une/des informations sur ou par rapport à ; le fait de ne pas percevoir ; le fait de ne pas découvrir ; le fait de ne pas comprendre ; le fait de ne pas être conscient de. Par exemple le fait qu’une personne n’a pas conscience de qui elle est et des pouvoirs qui sont en elle et de ses compétences inestimables. Pour le chrétien par exemple, le fait de ne pas prendre conscience que par son baptême qu’il est fils de Dieu, qu’il a Dieu en lui ; le fait de ne pas comprendre qu’avec sa nouvelle identité liée à son baptême, qu’il a une mission particulière, qu’il doit avoir une vie exceptionnelle, de qualité, de dignité, de bonheur, de prospérité dans les domaines de sa vie.
La deuxième déclinaison, c’est le manque de connaissances en éducation : j’y vois là, le fait de ne pas connaitre des moyens, des stratégies ou des outils pour assurer sa formation et son développement humain. Par exemple, une personne qui ne connait pas les outils pour son développement personnel pour vivre heureux en amour ou des outils pour faire de ses enfants une réussite.
Quant à la troisième déclinaison, elle est l’incompétence particulière par rapport à un sujet : je vois là, le manque de connaissances théoriques et professionnelles spécifiques par rapport aux différents domaines de la vie. Par exemple, une personne qui n’a pas de connaissances et des compétences requises pour l’entreprenariat, ou pour la profession du coaching intégral.
En synthèse, l’ignorance concerne, l’information, les connaissances, la compréhension, le savoir et le savoir être et faire, la conscience. Voilà pourquoi, je considère l’ignorance comme facteur de cause pour l’équilibre d’une personne dans les 9 domaines identifiés par le coaching intégral.
2. Des perturbations
Ce sont des perceptions, des conceptions, des convictions, des compréhensions, la conscience de, et la manière d’être de la personne, qui peuvent empêcher son fonctionnement normal, c’est-à-dire, influencer de façon négative sa manière d’être et d’agir. Le coaching intégral a identifié 8 niveaux de perturbations possible, qui pour moi, englobent tout dans la vie d’une personne. Tout comme les pannes d’une voiture qu’il faut identifier et réparer pour permettre son bon fonctionnement, les perturbations sont des pannes dans la vie de la personne qu’il faut identifier et réparer pour permettre à la personne de réussir sa vie.
1er niveau de perturbation possible : notre perception de notre corps. La question ici n’est pas de savoir ce qui est vrai ou ne l’est pas de façon objective, mais ce que la personne prend comme vrai pour elle-même, car il n’est pas trop de le redire que, ce qui est imprimé dans l’inconscient de la personne va se réaliser dans la vie concrète de la personne. Ainsi, par exemple, si la personne perçoit son corps comme siège de toutes les maladies du monde, elle risque de le vivre dans sa vie. En revanche, si elle perçoit son corps comme le temple de Dieu, le temple du Saint Esprit comme dise la parole de Dieu, elle écartera certaines maladies dans sa vie. Le postulat de base est : tel tu perçois ton corps, tel il te répond.
2ème niveau de perturbation possible : notre identité. Le plus souvent les personnes se focalisent sur leurs avoirs : pays, argent, profession, époux/épouse, enfants, maison, voiture, etc. Tous ces éléments traduisent du déjà là, mais ne définissent pas ce qu’est réellement la personne ou ce qu’elle ose être.
Très souvent les personnes se réduisent à leurs avoirs. Par exemple, une personne qui est actuellement pauvre financièrement risque de se définir déjà comme pauvre. Ou encore une personne qui vit certaines difficultés risque de se définir par rapport à ces difficultés. En revanche, si la personne se dit que, qui elle est ne peut être pauvre, alors tout change dans sa manière d’être et d’agir. Ou encore, si la personne se dit qui elle est ne peut vivre ces difficultés présentes, le changement intervient progressivement. De même, si la personne se dit qui elle est ne peut vivre cette maladie, un changement peut se produire. Par exemple, si un chrétien se dit qu’en tant fils de Dieu il ne peut être ceci ou cela, ou encore s’il se dit que Dieu en lui ne peut être sujet de cette situation dans sa vie, sa manière d’être et d’agir change. Le postulat de base est : qui tu es fait toute la différence.
3ème niveau de perturbation possible : nos croyances ou convictions. Il s’agit ici, des vérités et certitudes qu’une personne conçoit pour elle-même avec l’aide de l’environnement où elle évolue. Ces vérités et certitudes ont, parfois, une grande influence négative sur la vie de la personne. En effet, depuis la naissance les parents, à travers l’éducation, inculquent, sans le savoir, des croyances dans la tête des enfants. L’environnement où évolue l’enfant fait aussi de même. Ainsi, on peut avoir des croyances populaires (sans auteur e sans vérification), qui malheureusement, peuvent façonner la manière d’être et d’agir des personnes. Par exemple, à l’enfance on nous faisait croire que certains sont nés chanceux et d’autres non ; que tout ce qui arrive à l’homme est la volonté de l’univers. Une des conséquences peut être que, la personne qui vit un manque matériel y voit une question de chance, sans se questionner sur sa propre responsabilité. Il en est de même pour certaines situations douloureuses que vivent certaines personnes ; le risque c’est de voir une fatalité sans également regarder du côté de leur responsabilité.
A l’école fondamentale certains enseignements nous faisaient répéter des phrases comme : l’argent ne fait pas le bonheur ; l’argent est le nœud de tous les problèmes ou de la guerre. Conséquence, pour ne pas avoir des problèmes on préfère ne pas posséder de l’argent. Le rapport à l’argent est alors biaisé, c’est-à-dire mal perçu et on peut avoir dans l’imaginaire que l’argent est mauvais. Ce qui peut constituer un blocage mental pour toute tentative d’avoir de l’argent et porter facilement à justifier sa situation de manque.
A ma première année au lycée, on disait que les filles ne pouvaient pas réussir dans les séries scientifiques. Conséquence, nous nous sommes retrouvés à l’époque avec 4 salles de classe sans aucune fille, car toutes avaient fait le transfert pour aller dans les séries littéraires. Alors, qu’en réalité c’est faux, mais l’idée faisait son effet puisque beaucoup le croyaient. Toujours à l’école, le fait que l’enseignant dise toujours à un élève, qu’il ne vaut rien accompagné d’un regard d’échec, peut produire un effet négatif, car si cet enfant le conçoit comme vrai, son échec scolaire est consommé.
Encore aujourd’hui sur certains réseaux sociaux, certaines présentations laissent croire qu’on ne peut avoir beaucoup d’argent sans lier alliance avec le diable en faisant des pratiques occultes, comme sacrifier son âme ou celle d’un parent. Conséquence, certains développent une peur inconsciente envers l’argent. On ne cherchera même plus à savoir comment ceux qui ont beaucoup ont fait pour arriver à ce niveau à plus raison de s’en rendre compte que la richesse obéit à des lois qui sont accessibles à tous.
Une mauvaise déclinaison de l’histoire du pauvre Lazare et le riche dans la Bible (cf. Lc. 16,19-31) fait que certains chrétiens voient la richesse d’un mauvais œil. Conséquence, pour ne pas être mal vu et surtout se garantir une place au paradis, ces chrétiens préfèrent de se contenter du minimum. Il en est de même du passage dans la Bible où Jésus Christ dit : Heureux les pauvres de cœur…(cf. Mt.5,3). Conséquence, certains chrétiens admettent leur situation de misère comme conforme à leur pratique religieuse. Or, c’est tout le contraire des implications qui sont liées à la nouvelle identité du chrétien.
Je pourrais continuer la liste des exemples des croyances qui peuvent influencer négativement la vie des personnes, car une fois conçues comme vérités elles vont façonner la manière d’être et d’agir de ces personnes. La bonne nouvelle est que personne n’est obligée de maintenir une croyance qui la limite ou qui ne l’arrange pas. Le postulat de base ici est : les croyances ne seront jamais ni vraies ni fausses, mais elles feront toujours notre réalité.
4ème niveau de perturbation possible : notre comportement. Il s’agit de notre état d’être et d’agir, dans nos rapports avec les autres. La tendance de certaines personnes, c’est de se plaindre tout le temps des autres, de leurs comportements vis-à-vis d’elles, de les critiquer, sans faire aucun retour sur elles-mêmes. Combien de femmes se plaignent de leurs maris ? Combien d’hommes se plaignent de leurs femmes ? Combien de parents se plaignent de leurs enfants ? Combien de patrons se plaignent de leurs employés ? Combien d’employés se plaignent de leurs patrons ? Combien de personnes se plaignent de leurs voisins, de leurs clients, de leurs pasteurs, de leurs conducteurs, du gouvernement, des associations, etc. Combien de personnes se plaignent de leur situation de pauvreté et pourtant continuent à répéter les mêmes choses ; ou se plaignent de leurs emplois sans se mouvoir un tout petit peu. On se plaint tout temps, parfois contre tout et tous. Finalement, nous créons autour de nous, une situation de mal-être au lieu de profiter des opportunités que nos rapports avec les autres pourraient nous apportés.
La question fondamentale à se poser serait : comment te comportes-tu vis- à-vis de l’autre ? Quelle image de toi-même donnes-tu à l’autre ? A quel prix te vends-tu à l’autre ? Le postulat de base du 2ème niveau de perturbation possible dit ceci : qui tu es fait toute la différence. Le plus souvent, nous exigeons d’une situation qu’elle change ou de l’autre qu’il change son comportement envers nous sans que nous-mêmes nous ne modifions le nôtre. Le problème est toujours de la situation en question ou chez l’autre et les excuses deviennent nombreuses pour justifier le non-changement de notre propre comportement. Ce qui peut conduire à cette maladie que David
J. Schwartz qualifie d’exclusiviste, dans son ouvrage, la magie de voir grand.
Il s’agit du comportement d’une personne à toujours chercher des excuses pour justifier sa manière d’être et d’agir, dans le sens négatif. Une telle personne ne veut rien modifier de sa manière d’être et d’agir, et pourtant se plaint à tout moment. Le postulat de base ici est : la vie nous traitera selon l’image que nous donnons de nous.
5ème niveau de perturbation possible : nos compétences. Il s’agit de ce à quoi nous sommes capables. De principes chaque personne est capable de beaucoup de bonnes choses, il suffit de le croire et de décider avec une ferme volonté, accompagnée de discipline et d’apprentissage. Malheureusement, nous sommes parfois éduqués à ne pas croire à nous-mêmes et à nos capacités. Certains parents, éducateurs, collaborateurs, responsables, supérieurs, etc. ont parfois traité certaines personnes de vaut rien, d’incapables, les ont dénigré, rabaissé tout le temps et par finir, certaines de ces personnes se sont doutées d’elles-mêmes et de leurs propres capacités. Conséquences, elles se croient incapables et peur d’assurer certaines responsabilités. Et pourtant la parole de Dieu dit : je puis tout par Dieu qui me fortifie (cf. Phl. 4,13).
Je suis parfois étonné des compétences de certains enfants. Voici un enfant qui fait une demande à son papa ou à sa maman, première réaction, le parent oppose un refus catégorique. Au bout du fil, voilà le parent entrain d’exécuté la requête de l’enfant. Quel stratège ? Et pourtant l’enfant n’a jamais suivi des cours de stratégie. Parfois l’école conventionnelle n’aide pas à développer les multiples compétences des personnes, plutôt les réduit à une question de diplôme ou attestation. Conséquence, on se sent incompétent dans plusieurs domaines ou limités à un seul petit aspect dans la vie.
Si ce que les autres disent et pensent de nos capacités ne nous arrange pas, c’est à nous de décider d’être capables, compétents et doués. Le postulat de base ici est : on ne devient pas compétent, on en prend conscience.
6ème niveau de perturbation possible : notre environnement. Il s’agit ici, de nos fréquentations : les personnes que nous fréquentons ou celles qui nous fréquentent. Que ce soit l’un ou l’autre, ce que les autres disent et font ont un
impact sur nous, à travers le processus de la connexion neuronale et de la modélisation. Nous disons, parfois que chacun de nous est la moitié des personnes qu’il fréquente. Suivant cette logique, si nous fréquentons des personnes, dites bonnes, nous serons par la suite bonnes, en revanche, si nous fréquentons des personnes qui sont qualifiées mauvaises, nous serons aussi par la suite qualifiées de mauvaises personnes. Si nous fréquentons que des personnes qui se plaignent tout le temps, qui passent tout le temps à dénigrer les autres, qui ne voient que des problèmes dans la vie, par finir nous risquons d’adopter les mêmes attitudes. Par contre, si nous fréquentons des personnes qui voient la vie comme des opportunités à saisir, qui n’ont que des propos positives, rassurantes et valorisantes, par finir nous pouvons aussi adopter ces attitudes.
Par ailleurs celui qui veut réussir dans les affaires il lui faut fréquenter ceux qui sont dans les affaires. Cela me rappelle l’histoire de l’auteur du livre, Père riche Père pauvre, Robert Kyosaky. Celui-ci, depuis sa tendre enfance aurait demandé un jour à père, qui était un excellent professeur, de lui apprendre à être riche, mais celui-ci lui avait orienté vers le père d’un de ses propres amis qui était dans les affaires. Le père de Kyosaky lui avait dit qu’il ne s’occupait pas des finances, il percevait et dépensait. Par contre le père de son ami savait ce qu’est l’argent. Kyosaky a donc constaté que son père avait de gros diplômes académiques mais il était pauvre par rapport au père de son ami qui n’avait pas de gros diplômes et pourtant très riche. Kyosaky a fait son chemin est aujourd’hui il est très riche. Il considère donc, qu’il a eu deux pères : un (biologique) pauvre et l’autre riche (celui de son ami).
La Bible dit qu’un aveugle ne peut pas guider un autre aveugle (Lc. 6,39). Comment un pauvre de fait peut-il conduire quelqu’un à la richesse ? Parfois nous commettons l’erreur de fréquenter que des pauvres en espérant être riche ou en allant consulter une personne assise à peine dans des taudis sur un avenir radieux. Ou encore de prêter une grande attention à une personne qui se promène avec des livres sur lesquels il est écrit : comment devenir riche et pourtant cette même personne n’a même pas un bon pair de chaussure dans les pieds. Si c’est un processus pour cette personne vers la
richesse cela pourrait se comprendre, mais il est difficile pour une telle personne de pouvoir conduire quelqu’un à la richesse par ses seules paroles.
C’est vrai que Jésus recommande d’aimer les uns les autres, mais je pense qu’il n’oblige pas à fréquenter toute personne, lui-même avait choisi ses fréquentations à un moment donné de sa vie, quelques fois il a même fuit. Le postulat de base ici est : nos fréquentations nous font.
7ème niveau de perturbation possible : l’effet pygmalion ou le regard des autres. Il s’agit de l’influence que le regard d’une personne peut avoir sur une autre. En prenant par exemple, les résultats des travaux du psychologue Robert Rosenthal, si un enseignant voit un élève comme une réussite, inconsciemment son comportement change envers cet élève. L’élève de son tour, se sentira en confiance, il sera plus motivé à travailler plus pour réussir.
La même expérience est observée en médecine lorsqu’on veut tester la réaction d’un nouveau produit. Pour ne pas influencer le résultat on fait un test aveugle double, c’est-à-dire ni le médecin ni le patient ne connait pas le vrai produit, parce que la connaissance du médecin du vrai produit peut modifier, de façon inconsciente, son regard envers le patient qui, aussi à son tour à travers sa perception peut modifier son état d’être.
La réussite de certains enfants est bafouée parce qu’ils sont regardés comme un échec. Certaines personnes sont devenues autres parce qu’elles sont regardées avec pleins de préjugés. Au niveau de certains couples, certains partenaires sont devenus presque rien parce que l’autre partenaire l’a toujours regardé comme rien. On peut rencontrer la même chose au niveau des services. L’employé peut finalement être incompétent parce qu’il est toujours regardé comme un ne vaut rien, comme un incompétent.
Le postulat de base ici est : regarder quelqu’un comme un échec fera certainement de lui un échec.
8ème niveau de perturbation possible : notre relation avec Dieu. Il s’agit ici, de notre rapport avec Dieu, qui va avec notre compréhension et perception de Dieu. Comment Dieu nous est parfois présenté ? Quelle image avons-nous ou
faisons-nous de Dieu ? Il y a ce qui est présenté et ce qui est perçu comme vrai. Les deux ne se coïncident pas toujours et en cas de conflit l’imaginaire prend le dessus.
Si nous faisions un petit test nous verrions une différence entre ce que disent les gens de Dieu et ce qu’ils perçoivent comme vrai de lui. Dieu est parfois perçu comme un juge qui frappe les méchants et les pécheurs, qui fait souffrir, qui met les gens dans le feu éternel de l’enfer ; il est quelques fois absent à la vie des hommes, souvent pas trop juste et qui laisse faire, etc. Ce qui peut porter à douter de ce que Dieu est en lui-même et en chacun de nous.
Il est écrit dans la Bible que Dieu est amour, qu’il ne fait pas de différence entre ses créatures, qu’il est fidèle à ses promesses envers tous ses fils. En entendant certains chrétiens parlés du péché et du diable, on a l’impression que Jésus Christ lui-même n’a pas dit qu’il a vaincu le mal, que le mal n’a plus aucun pouvoir. Ces chrétiens oublient aussi que Dieu en eux ne peut pas cohabiter avec ce soi-disant diable, que Dieu les protège contre tout et contre tous, que leur corps qui est le temple du Saint Esprit ne peut pas être le siège du péché ; que Jésus a promis de les assister jusqu’à la fin des temps.
Le postulat de base ici est : douter de la fidélité de Dieu, c’est ouvrir la porte à la maladie, à la pauvreté ou à la souffrance.
3. Des engrammes
Ce sont des mauvais enregistrements dans le mental réactif. Pourquoi mauvais enregistrements et pourquoi je les cite ici, comme facteur de cause d’une réussite de vie.
En effet, le mental de l’être humain se divise en deux parties : le mental analytique et le mental réactif. Le mental analytique est la partie consciente de la personne, il lui permet d’analyser, de réfléchir, de calculer les pours et les contres. Ce qui est enregistré (souvenirs/image mental) est accessible à la personne avec précision.
Le mental réactif est la partie inconsciente. Il enregistre des souvenirs ou des informations liées aux chocs émotionnels de la personne et aux chocs physiques douloureux entrainant un état d’inconscient total ou partielle de la personne. Ces informations ou souvenirs peuvent être réactivés par le mental de la personne à son insu, lui entrainant une manière d’être et d’agir non voulu. La personne peut brusquement se sentir mal à l’aise et prononcer des paroles qui paraissent un peu déplacées par rapport au contexte, ou adopter un comportement qui n’est pas décent.
Par exemple, une relation amoureuse très mal vécue émotionnellement peut porter la personne à fuir d’autres relations du genre. Ou encore, quelqu’un qui a eu un accident peut enregistrer tous les détails autour de cet accident : le lieu, le contexte, des paroles, des voix, des odeurs, des couleurs, etc. Le seul fait que la personne soit en contact avec une de ces informations enregistrées, peut réactiver/restimuler un engramme et mettre la personne dans un état autre, qui peut perturber son équilibre qui, à son tour, peut affecter sa joie et sa paix intérieure.
Cette manière de fonctionner du mental réactif a été, pour les êtres vivants, une façon d’assurer leur survie. A cette époque très reculée (l’état sauvage), lorsqu’une situation douloureuse se produisait, pour éviter de revivre la même situation, l’organisme enregistrait toutes les informations qui y sont liées, une manière d’alerter le sujet à ne plus revivre la même situation similaire dans les mêmes conditions. Seulement avec l’évolution, ce mode de fonctionnement du mental réactif devient un facteur qui inhibe l’épanouissement de l’être humain. Ainsi, plus la personne a vécu des chocs dans sa vie, plus elle est susceptible d’avoir des engrammes. Par leurs mécanismes de fonctionnement, c’est-à-dire, s’activer à l’insu de la personne, ces engrammes peuvent être la source de peur, d’angoisse, de stresse, et par finir d’échec pour la personne.
Voilà pourquoi je les mentionne comme facteur de cause à l’équilibre de la personne dans les 9 domaines identifiés, et donc de sa réussite de vie. La bonne nouvelle est que ces engrammes peuvent être effacés. Une des méthodes, c’est de faire des discussions en lien avec les différents
engrammes et amener la personne à les ramener au niveau du mental analytique et ainsi il s’en libère. Une autre stratégie, c’est de raconter sa propre histoire à soi-même dans les détails et de répéter certaines phrases bien choisies.
CONCLUSION
Cette thèse portant sur le thème « Le chrétien, la connaissance et réussite de vie » avait pour ambition de remettre en cause l’hypothèse nulle selon laquelle
« la connaissance n’est pas nécessaire pour réussir dans la vie », pour vérifier l’hypothèse selon laquelle, « aucune réussite de vie n’est possible sans les connaissances appropriées ».
Dans le déroulement de notre travail, nous avons cherché d’abord à définir la notion de connaissance en général et la notion de connaissance chez les bwa du Mali et dans la vision chrétienne. Ce travail nous a permis de restituer les travaux antérieurs et pertinents sur la notion de connaissance.
A la suite de ce premier travail nous avons, ensuite, étudié le lien qui peut exister entre connaissance et réussite de vie en partant toujours des deux entités, chez les bwa du Mali et dans la vision chrétienne. L’étude a révélé que chez les bwa du Mali, la réussite de vie consiste, fondamentalement, à ne pas perdre la vie reçue de Dieu et des ancêtres, c’est-à-dire, à pouvoir vivre avec les parents qui sont morts et qui résident dans le monde des humains invisibles. L’accent est beaucoup mis sur cet aspect que sur la réussite dans les différents domaines de la vie de l’homme. La connaissance est perçue comme le moyen indispensable pour ne pas perdre cette vie.
Dans la vision chrétienne, la réussite de vie consiste, principalement, à vivre une vie paisible et un bonheur éternel avec Dieu après la mort. Cet état de vie est une conséquence d’une vie terrestre où l’homme est appelé à assumer sa vocation d’homme et sa mission de chrétien. La connaissance est vue comme un moyen qui permet à l’homme de savoir qui il est réellement, et d’assumer sa vocation d’homme et sa mission de chrétien.
Ainsi, l’étude a permis d’établir un lien entre connaissance et réussite de vie chez les bwa du Mali et dans la vision chrétienne. Seulement il s’avère que, la grande majorité de ceux qui se réclament de ces deux entités ne démontrent
pas, dans leur vie quotidienne, une réussite de vie telle que conçue. Et pourtant certains par eux détiennent de gros diplômes scolaires. Cela nous a amené à identifier quelques facteurs de causes, parmi lesquels, la question d’identité, c’est-à-dire, « qui suis-je ?», nous est paru centrale.
En dehors de ces deux entités, l’étude a révélé qu’il n’y a pas une unanimité sur la conception de la notion de réussite de vie. Ce qui rend difficile la conception de la notion de connaissance. Une issue a été trouvée dans la vision du coaching intégral. A ce niveau la réussite de vie est perçue comme un équilibre de vie dans les neufs domaines de vie de l’homme. Pour avoir cet équilibre, il faut des connaissances – ingrédients, c’est-à-dire, savoirs utiles appropriés à chaque domaine.
Au terme de notre travail et nous basant sur le fait que chez les bwa du Mali, que dans la vision chrétienne et du coaching intégral, la connaissance, qu’elle soit formalisée ou pas, apparait indispensable pour toute réussite de vie, nous avons conclu que la connaissance est nécessaire pour réussir dans la vie, et qu’aucune réussite de vie n’est possible sans les connaissances appropriées.
Il serait utile de poursuivre ce travail en mettant l’accent sur la question de l’identité, c’est-à-dire, qui suis-je, la conscience de soi, qui porterait à approfondir la question des perturbations possibles et des engrammes. Cela limiterait, non seulement toute conception sectaire ou individualiste de l’être humain et de la réussite de vie, mais aussi se poserait comme devoir à la conscience de tous à chercher la vraie réussite de vie, celle de l’équilibre dans les différents domaines de la vie, qui cadre aussi bien avec la vision des religions et qui obligerait, en conscience, à prendre des moyens qu’il faut.
Notre étude étant hors terrain, c’est-à-dire, basé essentiellement sur des sources documentaires, il nous parait important de relativiser nos conclusions et d’encourager une étude plus approfondie, liant ce présent travail à un travail sur le terrain.
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PRESIDENT DU JURY
Coach Patrick Armand POGNON
Professeur émérite en coaching intégral, Président-Recteur de l’UCI, Président FIAD-Monde
MEMBRES DU JURY
Coach TOHINLO Yécy Peggy
Docteur en agronomie, 1ère Vice-présidente du comité scientifique de l’UCI
Coach DASSOUNDO Jonas
Docteur en agronomie et en coaching, 2ème Vice-président du comité scientifique de l’UCI
Coach GOMINA S. Nanfissatou
Docteur en coaching, Administratrice déléguée de l’UCI